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Edito : L’école, de nouveau

Dans notre précédente livraison, nous écrivions : « Et voici que le ministère de l’Education Nationale organise du 27 au 29 novembre 2017 les Assises de la Table Ronde sur l’Education avec la promesse d’une école performante résolument tournée vers l’excellence. D’avance, nous osons affirmer que ce sera, de nouveau, le cautère sur la jambe de bois. Nous reviendrons là-dessus la semaine prochaine in challah.»

Nous revenons là-dessus, comme annoncé. D’abord, pour rectifier une erreur : les assises étaient organisées, non par le ministère de l’Education nationale, mais par la Primature. Pour le reste, nous maintenons ce que nous avions prédit : la tenue de cette Table Ronde sera, à l’instar des rencontres de ce genre, le cautère sur la jambe de bois.

Cependant, si nous restons sceptiques quant à son organisation, aux résultats qui en sont attendus, nous souscrivons à l’idée qui a prévalu à sa convocation : trouver la solution à une quête récurrente, celle d’une « école performante et résolument tournée vers l’excellence. » L’idée a un fondement. Il se trouve dans la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre et le souci est de mettre fin à deux années d’immobilisme (janvier 2015-avril 2017) dans la conduite des affaires gouvernementales, les autorités compétentes étant restées passives, voire indifférentes,  face à plus d’un mouvement social.

« Apaiser le climat social » a été retenu par Idrissa Maïga comme la deuxième priorité de l’action qu’il entend mener avec le gouvernement nouvellement constitué. Elle part d’un rappel : «…ces derniers mois ont été caractérisés par des tensions sociales, marquées par une succession de grèves dans les secteurs de la justice, de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, du sport et des affaires étrangères ».

Le rappel conduit à une prise de décision destinée à se démarquer de la conduite adoptée par son prédécesseur face aux mouvements sociaux : « Les différentes grèves (…) dénotent d’un certain malaise dans notre société, nécessitant une approche nouvelle pour aller de l’avant. » Et l’approche nouvelle sera l’organisation du Dialogue Social conçu comme « le fil conducteur de toutes les actions que les différents ministères auront à mener dans le cadre de l’apaisement du climat social. »

L’on peut souscrire à l’idée de Dialogue Social en tirant les leçons des expériences précédentes. Nous nous rappelons qu’en 1994, totalement dépassé par les nouvelles dimensions prises par la rébellion au Nord (affrontements entre différentes groupes armés, affrontements interethniques avec la constitution des milices d’autodéfense peul et sonrhaï, banditisme…),  le premier président démocratiquement élu du Mali avait organisé les Concertations Régionales suivies d’une Table Ronde pour en faire la Synthèse.

Elles furent sans impact sur les événements. Le salut est venu, non du gouvernement, mais des initiatives locales dénommées « rencontres intercommunautaires », des hommes, différents de teint mais unis par plus d’un lien multiséculaire ayant choisi de se rencontrer, de dialoguer et d’aboutir à un « accord conciliant ». Cela a pu être possible parce que le consensus est le fondement de la démocratie négro-africaine traditionnelle, démocratique qui a bien existé malgré que certains en aient.

Sous la Troisième République, avec la démocratie d’inspiration étrangère, les gouvernants veulent d’une chose et de son contraire : le multipartisme et le consensus. C’est encore le même président qui s’explique sur les raisons de son échec dans la gestion de l’école : « J’ai fait de l’éducation une priorité et j’ai d’abord voulu créer un consensus autour de l’école. Mais je dois avouer que, pendant ces dix années, il y eu des hauts et des bas. Finalement, je n’ai jamais réussi à réaliser ce consensus tel que je le souhaitais… » (Un Africain du Mali, page 79).

Le consensus suppose que les autres partis mettent en veilleuse leur propre politique pour se ranger sur celle du parti au pouvoir ne serait-ce qu’un moment. Inadmissible dans un contexte multi partisan sauf dans un seul cas : que la Patrie se trouve en péril comme cela fut en 2012. Mais, en cette année, au lieu de le réaliser, les partis politiques ont continué leur guéguerre, se précipitant à Ouagadougou pour exhiber, de manière grotesque,  leurs différents, autorisant ainsi l’Etranger à s’approprier du dossier de la rébellion.

La solution de la crise que connaît l’Ecole malienne passe par un acte politique fort avec un gouvernement possédant un programme de restructuration du système car celui que nous nous échinons à maintenir en vie est devenu inopérant, totalement caduc. Cette solution nécessite une claire définition des rôles incombant à l’Etat, aux départements chargés de l’éducation et de la formation professionnelle, au secteur privé et aux collectivités.

Aujourd’hui, quatre actions sont attendues de l’Etat : 1. la reconquête de l’indépendance nationale et la sécurisation des personnes et de leurs biens ; 2. la restauration de l’autorité pour plus de rigueur et de discipline dans la gestion des affaires, 3. la pratique de la vertu à tous les échelons pour fonder une démocratie véritable ; 4. la restitution du pouvoir de gestion au peuple à travers une décentralisation  qui en soit vraiment une.

Ces préalables remplis, il nous incombera de « penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes » afin de déterminer un système éducatif adapté à nos réalités, d’amener les populations à s’approprier ce système, d’inciter le secteur privé à participer à son financement. L’entreprise est ardue. Pourtant, sa réalisation ne saurait être différée plus longtemps sous peine de faire perdurer la décadence.

LA REDACTION

Le Sursaut

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