Vendredi 19 mai 2017, la ville de Gao a réussi la visite du tout nouveau Président de la République française, Emmanuel Macron. Accompagné par ses ministres des Affaires Etrangères et de l’Armée, Macron, par cet acte, venait honorer un engagement pris depuis les moments des campagnes présidentielles. Il est venu rendre visite à ses frères et sœurs militaires engagés au Mali, il y a 4 ans, pour la lutte contre le terrorisme.
Cette première visite de Macron hors Europe est un signal fort pour la politique française en Afrique. En ce lieu, dans un discours qui laisse place à plusieurs interprétations, Macron affirme que la France sera présente au nord du Mali jusqu’à la fin du terrorisme. A quand cette fin ? Un délai indéterminé. La phrase fait sombrer tout un peuple dans le désespoir. Un peuple malien, en partie, qui espérait voir, dans un bref délai, dès l’entrée de Macron en fonction, la libération totale du nord du Mali, le retour de l’administration malienne et les forces armées et de sécurité dans la région de Kidal et enfin le retour de la stabilité.
Dans les démarches, le Président de la République malienne, Ibrahim Boubacar Keïta, a fait l’objet de critiques. En un premier temps, son peuple n’a pas du tout apprécié sa présence auprès de Macron à Gao. C’est un acte de bassesse qui prouve à suffisance que le Mali est toujours dépendant sur tous les plans de la France.
Macron n’est pas passé par Bamako, la capitale malienne, toute la colère vient de là. Il a aussi montré que sa présence au Mali, c’est juste rendre visite aux français engagés au Mali pour la lutte contre le terrorisme.
Au-delà du langage diplomatique, tous les faits prouvent que Macron n’est pas venu pour le Mali. La France est dans un processus dont le vrai contenu n’est pas connu de tous. C’est elle qui a déclenché la guerre en Libye et le Mali subit aujourd’hui les conséquences. C’est elle qui s’est toujours montrée favorable aux rebelles, des hommes qui ont quitté la Libye pour le Mali, dans le nord du Mali. C’est elle qui, face à la menace des terroristes et djihadistes qui allaient faire échouer sa stratégie, s’est engagée à intervenir lorsque d’autres forces hors de son contrôle étaient sur le point de prendre le Mali en otage. C’est elle qui a repoussé ces mêmes forces du mal jusqu’à Kidal et ensuite refusé l’accès de cette ville aux militaires maliens. Pendant quatre ans, elle nous maintient dans le chaos total pour des desseins obscurs.
Le Président de la République, IBK, est conscient du jeu trouble de la France dans la crise malienne. Elle n’est pas sincère et IBK lui-même a profité de certaines occasions pour taper du poing sur la table. Cela il y a deux ans et c’était à l’occasion de la signature de l’accord pour la sortie de crise. IBK avait dit tout haut ce que les Maliens pensent de la France et la communauté internationale sur la figure de Ladsous. Mais son courage s’est limité là. Plus rien après à par les mots et gestes afin de convaincre la sensibilité de son peuple.
A Gao, le peuple malien n’a pas aimé le déplacement d’IBK. Il semble le forcer sinon dans le programme des Français, IBK ne représentait absolument rien car Macron est venu pour les français et non le Mali.
Cette démarche d’IBK, un seul acte pouvait la rendre victorieuse. Rencontrer Macron à Gao et profiter de l’occasion pour dire ses quatre vérités. Prendre le monde entier à témoin quant à la politique loin d’être sincère de la France au Mali et exigé à Macron de dire à quand la fin de cette crise.
Sa présence au côté de Macron fut encore plus catastrophique car IBK place toujours sa confiance en la France. Il pense que la France est la puissance qui détient la clé pour résoudre le problème malien.
IBK le sait mais il est bon de le rappeler. La France est la première source de nos malheurs. Et la clé pour y remédier, elle est entre les mains des dirigeants maliens. Tant que nos dirigeants ne se montrent pas intransigeants, le Mali s’éternisera dans la crise. Il n’y aura pas de stabilité car la France tire sa stabilité économique des crises qu’elle soulève et ravive à travers le monde surtout en Afrique francophone.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays