Pour ce dernier numéro de l’année 2015, nous vous proposons, dans nos colonnes consacrées à l’économie du pays, une étude des perspectives de l’économie malienne pour l’année 2016. Il ressort de nos recherches que les perspectives macroéconomiques seront bonnes en 2016, avec une croissance économique attendue de 6% contre 5,1% en 2015. Et cette avancée sera rendue possible grâce au rétablissement progressif de la sécurité. Les efforts entrepris par le Gouvernement dans le secteur agricole devraient porter ses fruits dans un environnement économique international plus favorable en 2016 qu’en 2015. Par contre, l’inflation devrait atteindre les 2,3% contre 1,7% en 2015.
Selon nos sources, les objectifs de la politique budgétaire sont tributaires des engagements pris dans le cadre du programme économique et financier avec le FMI et les organisations régionales d’intégration économique comme l’UEMOA et la CEDEAO. Ainsi, dans le cadre du programme triennal au titre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) avec le FMI, le Gouvernement s’est engagé à : mettre en œuvre une politique budgétaire visant à maintenir le solde budgétaire de base proche de l’équilibre et le solde budgétaire global à un niveau compatible avec la viabilité de la dette publique.
Pour le Pacte de Convergence et de Surveillance Multilatérale de l’UEMOA et de la CEDEAO, les objectifs de la politique budgétaire ne doivent pas s’écarter des normes définies par les critères de convergence. Au niveau de l’UEMOA, il s’agit du ratio du déficit budgétaire global (les dons y compris) dont la norme est de 3% du PIB, le nouveau critère-clef de convergence. Pour la CEDEAO, l’indicateur de suivi est le ratio du déficit budgétaire global hors dons rapporté au PIB, qui doit être inférieur ou égal à 4,0%.
Compte tenu de ces engagements et contraintes, la politique budgétaire visera un objectif de déficit de base de 0,9% du PIB en 2016 contre 0,7% en 2015 et un objectif de déficit budgétaire global dons inclus de 4,1% en 2016 contre 5,0% en 2015.
Les objectifs d’allocation budgétaire 2016 s’inscriront dans la mise en œuvre du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP) 2012-2017 et de celle du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) dont les axes prioritaires sont relatifs entre à la sécurité des personnes et à la protection de leurs biens dans un environnement de paix, à l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations et à la promotion de la justice et de l’équité.
Améliorer l’efficacité des dépenses
Pour la mise en œuvre de ces orientations, il est envisagé d’améliorer l’efficacité des dépenses. A cet effet, le budget 2016 met l’accent sur les dépenses visant la consolidation et l’augmentation de la croissance économique. Il s’agit d’une part, des dépenses visant à endiguer les menaces sur la croissance économique, notamment, l’insécurité, la dégradation avancée de certaines infrastructures de base, comme les ponts, les routes, des barrages hydro électrique, des aléas climatique avec le renforcement du programme de pluie provoquée et de l’accès aux intrants agricoles.
D’autre part, des dépenses visant à soutenir et à relancer la croissance économique comme la consolidation des acquis sociaux, le renforcement de la recherche minière, l’appui aux filières et à la mécanisation agricole, la relance de la construction des infrastructures routières et l’appui au secteur privé avec renforcement du fonds de garantie au secteur privé.
Les projections macroéconomiques 2016-2018
Selon le document de cadrage budgétaire à moyen terme 2016-2018, les hypothèses du cadrage macroéconomique sur lequel est bâti le cadrage budgétaire 2016-2018 repose sur les hypothèses de l’évolution de l’environnement économique international ainsi que celles des secteurs porteurs de l’économie malienne.
Quant à l’environnement économique international, il porte sur l’évolution des cours du coton, de l’or et du pétrole. Ainsi, pour le coton, les perspectives d’évolutions du cours sont bonnes passant de 1 641, 28 dollars /tonne en 2015 à 1747,05 $/tonne en 2018. S’agissant de l’or, il serait noté une stagnation de son cours qui se situerait entre 1187 dollars l’once en 2016 et 1206 dollars l’once en 2018. Pour le pétrole, son cours subirait une tendance à la hausse par rapport à son niveau de 2015 prévu à 58 dollars le baril. Ainsi, il situerait entre 66 dollars le baril en 2016 et 72 dollars le baril en 2018.
La croissance moyenne annuelle du PIB attendue serait de 5,6% sur la période 2016-2018. Elle s’établirait ainsi à 5,7% en 2018, après 6% en 2016 et 5,6% en 2017.
Le secteur primaire enregistrerait une croissance régulière de 4,6% sur la période 2016-2018. Cette amélioration serait due, selon nos sources, à l’augmentation de la production de l’agriculture industrielle hors coton ainsi que la hausse de la branche consolidée du coton.
S’agissant du secteur secondaire, sa croissance s’établirait à 5,8% en 2018 contre 4,9% en 2016. La croissance moyenne annuelle du secteur serait de 5,2% sur la période. Cette croissance serait soutenue par la production de l’électricité-eau, les activités des BTP, les industries manufacturières comme l’agroalimentaire et les textiles et établissements extractifs. Quant au secteur tertiaire, sa croissance serait régulière et se situerait à 6,6% par an sur la période du cadrage. Cette amélioration constante de la croissance serait en rapport avec le renforcement des activités des services marchands non financiers, du commerce, des services financiers, des transports et télécommunications. Le déflateur du PIB ressortirait en moyenne à 2,2% sur la période 2016-2018.
La politique budgétaire vise à maintenir le solde budgétaire de base proche de l’équilibre et à maintenir le solde budgétaire global à un niveau compatible avec la viabilité de la dette publique telle qu’indiqué par l’analyse de viabilité de la dette. Sur la période 2016-2018, le solde budgétaire de base se situera en moyenne à -0,8% du PIB contre – 0,7% en 2015. Quant au solde budgétaire global, il ressortira en moyenne à -3,9% contre -5,0% en 2015.
Du rapport de présentation du budget, il ressort que les perspectives macroéconomiques du Mali s’annoncent favorables en raison du rétablissement progressif de la sécurité et des efforts entrepris par le Gouvernement notamment, dans le secteur agricole et des bonnes perspectives de l’environnement économique international.
Les prévisions budgétaires de 2016 sont établies sur la base d’une prévision de croissance économique de 6,0% en 2016 contre 5,1% en 2015. Quant à l’inflation elle serait de 2,3% contre 1,7% en 2015.
Le budget 2016 atteint le cap de 2000 milliards de FCFA avec un déficit prévisionnel de 174,767 milliards de FCFA
Retenons par ailleurs qu’en termes de dépenses, le budget d’Etat 2016 se chiffre à 2 002,873 milliards de FCFA. En effet, il marque le point de départ où le budget du Mali a atteint le niveau significatif de deux mille milliards de FCFA depuis l’indépendance. Ces dépenses prennent en compte l’incidence financière de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour lequel il est prévu une provision de 11 milliards de FCFA et une dotation pour l’opérationnalisation des Agences de Développement Régional (ADR) qui ont été mises en place dans le cadre dudit Accord. A ces efforts, s’ajoutent le renforcement du budget de l’Agence de Développement du Nord du Mali et la réhabilitation des équipements et infrastructures dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Aussi, lesdites dépenses prennent en compte l’incidence de l’Accord signé avec l’UNTM, ce qui se traduit par une augmentation de la masse salariale de l’ordre de 9% et partant des revenus des travailleurs.
En termes de ressources, le budget met l’accent sur la mobilisation des ressources intérieures. Ainsi, il est prévu une augmentation du taux de pression fiscale de 1% du PIB du fait des efforts des administrations fiscales et douanières en matière de lutte contre la fraude et de l’élargissement de l’assiette fiscales.
Au total, les ressources comprenant le financement extérieur, passent de 1 757,296 milliards de FCFA en 2015 à 1 828,106 milliards de FCFA en 2016 et le déficit prévisionnel s’élève à 174,767 milliards de FCFA.
Indiquons enfin que les finances publiques ont été marquées en 2015 par la modification de la loi de Finances initiale pour la même année en vue de prendre essentiellement les incidences financières de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire. Il y a aussi l’accord avec l’UNTM notamment l’incidence des augmentations salariales, comme entre autres la majoration du taux des allocations familiales et de la valeur indiciaire, des avancements statutaires du personnel civil et militaire et des mesures d’urgence de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Vivement une bonne année 2016 pour l’économie malienne, qui permettra d’améliorer, surtout le panier de la ménagère.
Dieudonné Tembely
Source: InfoSept