Déclenchée depuis quelques mois, la crise que traverse l’ école malienne a connu ces dernières semaines une montée d’adrénaline avec des manifestations de rues des acteurs du secteur. Un mouvement de protestation que soutiennent plusieurs couches sociales, dont la communauté islamique.
École malienne paralysée depuis quelques temps
Depuis décembre 2018, la synergie des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016, qui réclament entre autres des primes, observent régulièrement des grèves qui perturbent le rythme normal des cours dans les établissements publics et privés au Mali.
Lundi, ces mêmes syndicats d’enseignants, ont entamé une nouvelle “grève de 20 jours, jusqu’au 15 avril inclus, pour réclamer la prise en compte de leurs revendications”. Un mot d’ordre qui fait suite à un arrêt de travail de 15 jours, une marche nationale, ayant mobilisé plus de 1.500 enseignants à Bamako et un échec des négociations vendredi 8 mars avec le gouvernement.
Les enseignants réclament des primes de logement, de documentation, l’amélioration des conditions de vie du personnel, des allocations d’indemnité au personnel chargé des examens et concours professionnels et l’accès des enseignants des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.
Jeudi, à l’initiative des jeunes blogueurs, des dizaines de personnes ont tenu un sit-in devant le ministère de l’Education nationale, à Bamako appelant à sauver l’année scolaire.
Selon le manifestant Aboubacar Harouna, vice président d’un mouvement de la société civile, “le sit-in devant le ministère a eu pour objectif d’interpeller les autorités par rapport à la situation actuelle”, expliquant que les deux parties prenantes dans la crise doivent trouver une solution rapide pour que les cours reprennent”.
Le même jour, les élèves et les parents d’élèves ont à leur tour battu le pavé, en manifestant à Kati (15 Km de Bamako), pour également exiger la réouverture des salles de classe.
Vendredi, le Collectif des associations musulmanes du Mali (CAMM), qui dit avoir observé “les grèves répétées des enseignants, paralysant le système éducatif”, a annoncé qu’il “organisera une grande marche de protestation” le 22 mars à Bamako contre (cette) crise de l’école malienne.
“L’objectif de cette marche est “d’interpeller les pouvoirs publics et les syndicats des enseignants de leur responsabilité de la dévalorisation de l’enseignement au Mali”, a également indiqué le président du CAMM Mohamed Kimbiri, un autre mouvement de la société civile, précisant que “les seuls perdants sont les élèves et les parents d’élèves”.
Les enseignants “demandent 150.000 FCFA par mois pour la catégorie A comme primes de documentation, 125.000 FCFA pour la catégorie B et pour la catégorie C (100.000 FCFA) “. Concernant les primes de logement, ils “exigent 100.000 FCFA par mois pour la catégorie A, 75.000 FCFA pour la catégorie B et pour la catégorie C (50.000 FCFA) “, avait expliqué le ministre malien de l’éducation nationale Abinou Teme, à l’issue des négociations avec les syndicats de l’éducation.
Selon le porte-parole de la synergie des syndicats d’enseignants Adama Fomba, “le gouvernement refuse de se prononcer sur (leurs) trois points de discorde dont deux ont des incidences financières, à savoir la prime de logement et la prime de documentation, prétextant que “l’Etat n’a pas d’argent et qu’il y a plusieurs travailleurs et donc si on accordait cela aux enseignants, les autres corps vont aussi l’exiger”.
Quand au gouvernement, au dire du ministre de l’éducation, “les enseignants bénéficient déjà de la prime de logement, car dit-il, le président Ibrahim Boubacar Keita(IBK) a accordé en 2014 des primes de logement à tous les travailleurs du Mali, allant de 2.500 FCFA à 55.000”. Il a également fait savoir qu’en ce qui concerne les primes de documentation, “les enseignants du primaire et du secondaire n’ont pas droit à cela”, soutenant qu’elles sont “versées à ceux du supérieur qui font la recherche”.
Source: afrique-sur7.