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École malienne : Il faut sauver notre système éducatif !

Par ces temps d’incertitude et de tourmente, l’éducation se révèle comme un facteur stratégique de tout premier ordre pour le développement d’un pays et dans la lutte d’une nation pour se tailler une place respectable et dynamique sur l’échiquier mondial.

 

Le développement et la qualification des hommes sont la clé, le préalable à la réalisation de toute ambition collective nationale économique sociale politique culturelle et la toute première condition de la qualification des hommes. Le Président Modibo Keïta, disait qu’ « une option ne vaut que par la qualité des hommes qui l’appliquent ». Or, la première condition de cette qualification, c’est l’instruction, c’est la formation, c’est l’éducation qui permettent de s’ouvrir au monde, d’accéder aux connaissances, de développer sa capacité d’imagination et de rêve, de croire en soi en se confrontant aux autres, de prendre en main son propre destin et de construire en toute autonomie son propre avenir. C’est en ce sens que Nelson Mandela proclame : « Une nation qui lit, s’instruit, s’éduque, est une nation qui gagne ». Autrement dit, sans éducation une nation n’a pas d’avenir propre à lui. Elle sera seulement à la remorque des évènements et sous la domination des nations instruites, éduquées et plus éclairées sur la marche du monde c’est-à-dire le passé, le présent et les perspectives d’avenir.

Une condition encore plus essentielle pour assurer l’avenir d’une nation, c’est la maitrise par elle sur les choix et options stratégiques, les objectifs à court-moyen et long terme, sur les bien-fondés et la finalité de son système éducatif. Sous le régime de l’Union Soudanaise RDA, notre enseignement était un enseignement de masse et de qualité. C’était un système éducatif nouveau qui avait ses propres critères et qui était ouvert sur les connaissances universelles. Les diplômes étaient reconnus sur le plan mondial.

Parce que sans une souveraineté sur sa politique éducationnelle et sa stratégie de développement, un pays ne peut pas mener une politique d’indépendance et de libération véritable. Un pays ne peut avoir un épanouissement intellectuel, culturel, politique, économique et social si c’est d’autres pays étrangers qui lui imposent des politiques d’éducation et les change selon ses besoins, humeurs ou caprices du moment. C’est pourquoi l’USRDA a tenu à articuler d’une façon cohérente et harmonieuse la planification de son développement économique avec le fonctionnement du système éducatif -grâce à la reforme de 1962- en faisant correspondre le processus de formation avec les besoins d’utilisation dans la production et les autres activités professionnelles pour le développement du pays.

Notre pays doit sortir de la dépendance à la fois politique, institutionnelle, culturelle, idéologique dans laquelle il se trouve pour construire son identité collective nationale propre, affirmer de façon autonome sa présence au monde en tant que nation acteur à part entière. Et ce chemin passe inévitablement par l’éducation et une politique souveraine en la matière. Ce sont des principes cardinaux dont il faut nécessairement partir si nous voulons bâtir un système d’éducation digne de ce nom, utile et efficace pour le pays et ses citoyens.

Malheureusement au constat, c’est un fiasco sur tous les plans:

– Du point de vue du financement de notre système éducatif alors que le potentiel est là ;

– du point de vue du contenu de cette éducation qui est totalement dénaturé par rapport à nos besoins de modernisation, du point de vue pédagogique et stratégique.

L’horizon est obstrué. Et fait paradoxal : alors que l’Afrique a décidé de mettre en place son propre système universitaire panafricain au cours d’une rencontre des intellectuels et universitaires africains tenue à Addis-Abeba les 13 et 14 décembre 2012, le Mali était aux abonnés absents à ce rendez-vous historique. Et c’est au même moment que nos autorités universitaires ont préféré se rendre en France pour faire allégeance au système universitaire français et rechercher auprès d’elle un partenariat illusoire et inutile par rapport à l’ambition de notre pays en matière d’éducation !

Au lieu de s’inscrire dans une logique de rupture avec ce système néocolonial, seul gage d’un avenir sûr pour notre pays, nos dirigeants ont fait le choix de le perpétuer. C’est le choix de la rupture qu’il nous ! C’est par là que plusieurs pays ont passé. Et les résultats qu’ils ont engrangés sont connus du monde entier.

Avec la situation tragique dans laquelle elle a été plongée avec ces politiques funestes qui se poursuivent, la nation malienne doit réaliser le sursaut collectif. Il sera inspiré par ceux qui ont conscience de cette tragédie.

Oui, il faut sauver notre système éducatif ! Un système éducatif au service de la nation, orienté vers la satisfaction de ses besoins propres, conçu et conduit par ses propres fils, ses propres citoyens et citoyennes, selon ses propres curricula, son propre processus d’accréditation et ses propres critères d’équivalence et de certification.

Nouhoum KEITA, Journaliste

Inter De Bamako

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