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Ecole malienne : Des raisons de ne pas en vouloir aux enseignants grévistes

« Si dans deux semaines les enseignants ne retournent pas en classe, nous allons procéder à un recrutement exceptionnel pour les suppléer sur la base des 15.000 enseignants chômeurs déjà formés par nos IFM », a affirmé le Premier ministre Boubou CISSÉ ce dimanche 19 janvier 2019, lors de l’atelier de validation des grandes orientations politiques sur la mise en œuvre des résolutions et recommandations du DNI. Et la promesse que vous leur avez faite l’année dernière ? Application de l’article 30, les autres travailleurs valent-ils mieux que les enseignants ?

La République du Mali est le pays de la sous-région francophone où les salaires des fonctionnaires sont restés parmi les plus bas. Nos fonctionnaires ont accepté ce niveau de salaire pendant plusieurs décennies au nom du nécessaire sacrifice à consentir pour la construction nationale tant les défis étaient énormes et le sentiment nationaliste était très aiguë.

En effet, l’option socialiste des premières années de notre indépendance, les dévaluations successives du franc CFA qui sont intervenues par la suite et l’imposition des programmes d’ajustement structurels par les institutions de la Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) exigeaient de la part de chacun un énorme sacrifice pour le Mali. Ce sacrifice se comprenait, tant que l’exemple venait d’en haut. Malheureusement, en cette période de guerre, le train de vie du chef de l’État, de sa famille et de ses gouvernements successifs a amené les fonctionnaires de ce pays à réaliser qu’ils ne doivent plus sursoir à leurs revendications corporatistes face à des dirigeants qui n’ont d’autres soucis que leur propre confort et leur propre sécurité.

Ces immeubles et autres voitures de luxe qui circulent à Bamako ont aiguisé leurs appétits. Pourquoi faudrait-il continuer à se sacrifier pour le pays quand ceux qui auraient dû donner l’exemple ne se privent de rien ? Les syndicats des différentes corporations en arrivent à la conclusion que les caisses de l’État ne sont pas vides mais qu’ils sont tout simplement victimes de la mauvaise gestion et de la mauvaise répartition des revenus entre les fils d’un même pays. Ainsi, chacune des corporations de l’administration publique, en fonction de la clairvoyance et de la détermination des leaders syndicalistes, s’est mise à réclamer des augmentations de salaire et d’amélioration de conditions de travail les unes à la suite des autres.

En partie, voilà ce qui explique la multiplication et la longue durée des grèves dans l’administration publique (magistrats, enseignants, médecins, etc.). Pour que la donne puisse changer, il faut que l’exemple vienne d’en haut. Tant que des scandales financiers continueront à défrayer les chroniques dans ce pays, les revendications corporatistes iront crescendo. Il n’y a pas deux types de maliens comme le stipule notre devise: Un Peuple – Un But – Une Foi…

La Rédaction

Le Démocrate

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