On en trouve à tous les carrefours, et ils sont sans nul doute parmi les produits les plus vendus au Mali. Les sachets d’eau de 250 ou 500 ml ont pris leur place dans les habitudes alimentaires. Mais sont-ils vraiment bons pour la santé ?
Quand les premiers sachets sont apparus, il y a cinq ou six ans, on pouvait y lire, « eau minérale », une appellation qui a rapidement cédé la place à celle d’« eau potable traitée », plus proche de la réalité.
C’est en effet, dans la grande majorité des cas, de l’eau du robinet, voire de forage ou de puits, qui est collectée, traitée et ensachée. Rien qu’à Bamako, on dénombre, selon une enquête de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), 39 entreprises de production d’eau en sachet, dont 17 dans la seule Commune VI. À l’intérieur du pays, on en retrouve dans des villes comme Ségou.
Poche à microbes Chauffeur de taxi, Amadou B. Coulibaly rompt le jeûne avec des clients à bord. « Je me contente de quinquéliba bien chaud et d’un « tan-tan dji » glacé, achetés au bord de la route », explique-t-il. De ce dernier produit, il ne se méfie guère. « C’est plus propre que les sachets attachés ». Plus propre ? Pas sûr, si l’on en croit le laboratoire national des eaux, qui y a décelé des éléments bactériologiques en quantité surélevée.
En clair, des microbes pouvant mettre en danger la santé du consommateur. Le docteur Touré de la polyclinique Pasteur, met en garde contre les risques de consommation de cette eau. « Il faut savoir comment sont faits les emballages, le conditionnement et le filtrage de l’eau », indique-t-il. Les consommateurs peuvent attraper des infections intestinales ou diarrhéiques, l’eau étant un milieu favorable au développement de tous les microbes.
L’autre aspect non négligeable est le circuit de l’entrepôt au consommateur final. Il n’est pas rare de retrouver dans les alimentations ou entre les mains (souvent pas très propres) des petits revendeurs, des sachets d’eau ayant passé des mois au soleil, posés à même le sol, avec un goût caractéristique de moisi. « Il faut un contrôle sérieux et informer la population », réagit notre chauffeur de taxi. « Sinon, les gens pensant acheter de l’eau saine, vont acheter leur maladie ».
Source: Journaldumali