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Du vent et du sable

 

adam thiam journaliste editorialiste journal republicainEn juillet dernier, il n’y avait pas beaucoup de Maliens qui osaient douter de la capacité de l’Algérie à imposer une paix rapide. Le pays de Boutef est en effet la puissance de la région.  Avec 512.000 militaires de carrière et 400.000 réservistes,  975 tanks, 448 avions et un budget annuel de défense plus de 10 milliards de dollars. Excusez du peu : au classement de l’armement, l’Algérie est 27è mondial et 2è en Afrique après l’Egypte et avant l’Afrique du Sud ? Ces données dures impressionnent. Sans compter que le Nord malien est toujours considéré comme la lointaine banlieue de Tamanrasset. Est-ce parce qu’il était fort de ces certitudes que le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra avait promis la signature d’un accord  à Bamako pour octobre dernier entre le gouvernement malien et les groupes armés, peu avant l’exécution de Hervé Gourdel ? Est-ce parce qu’il était fort de ces certitudes, qu’il  avait dit, avec un brin d’autosatisfaction, que l’Algérie était exportatrice de sécurité et de stabilité ?  En tout ca, le diplomate au phrasé séduisant est sur le point de devenir d’être la principale victime collatérale de la crise malienne. Non pas parce qu’il n’est pas compétent. Mais parce que tout le monde pousse vers un accord coûte que coûte et parce que l’accord est devenu l’indicateur de la normalité retrouvée au Mali, donc du succès de l’intervention de la communauté internationale. Or non seulement, l’accord peut prendre du temps. Mais il ne signifie ni paix ni stabilité. La kalach des mouvements armés est portée certes contre l’Etat malien, une forme d’Etat à revisiter incontestablement. Mais elle est aussi et surtout portée contre l’establishement local. Ceux qui se battent connaissent à peine l’Adrar, ont peu de respect pour l’Amenokal et peuvent zigouiller  n’importe quel chef de fraction. Ils sont en rébellion contre tout et contre tous. Y compris Alger. C’est la garantie, la preuve d’un avenir différent qu’il leur faut. Pour ce qui est du gouvernement malien, on ne pourra assez souligner les dangers d’une argumentation fondée sur les référents historiques. Car si l’Azawad n’en est pas un, on ne peut pas dire autant du Macina. Or c’est justement le retour de la théocratie macinienne que revendique le dernier chef de guerre, Hamadoun Kouffa !  Sacré Nord : il subit la vérité des  jihadistes, il subit   la vérité de la coke. Il n’y a que cette autre vérité qui lui reste à subir pour son bien et le bien du Mali : comprendre la problématique, mieux connaître les acteurs, négocier avec ceux qu’on peut réformer et isoler l’allumette salafiste de la poudre des griefs de gouvernance qui sont légion dans nos pays. Le pays de Lamamra l’a fait. Et nul doute qu’il peut exporter cette formidable pédagogie.

Adam Thiam

source : Républicain
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