A l’heure où le président américain Barack Obama achève son second mandat, les opérations controversées des frappes de drones, feront clairement partie de son héritage.
L’armée américaine a expliqué avoir lancé une attaque de drones le 21 mai ayant tué le chef taliban Akhtar Mohammad Mansour dans une province ouest du Pakistan, près de la frontière avec l’Afghanistan. Mais le gouvernement pakistanais n’a pas été informé au préalable de cette attaque par plusieurs drones US sur son territoire.
Les autorités américaines ont préféré utiliser des euphémismes pour décrire ces actions telles que des meurtres ciblés, plutôt que des assassinats. Tout comme les mots «interrogatoires renforcés» au lieu de «tortures» en ce qui concerne les détenus de la prison de Guantanamo détenus sans procès.
Barack Obama a clamé haut et fort que les USA avaient été le «porte-étendard dans la conduite de la guerre», devant les critiques des frappes de ces avions sans pilote et la perte de vies civiles, décrites par la Maison Blanche comme des «dommages collatéraux».
Dans une telle situation, le président américain, juriste de formation, a lui seul pris la décision et décidé qui devrait être sur la liste des victimes. Cela contraste fortement avec la période, où jeune sénateur de l’Illinois, il critiquait une telle approche de lutte contre le terrorisme par le président d’alors George W. Bush.
Le dernier livre, The Assassination Complex: Inside the Government’s Secret Drone Warfare Program, écrit par Jeremy Scahill, le personnel de l’Intercept et publié par Simon & Schuster au début du mois, raconte une histoire tout à fait différente de celle livrée par Obama et d’autres responsables du gouvernement des Etats-Unis .
L’ouvrage est basé sur des documents de drones publiés par L’Intercept en octobre dernier avec de nombreux documents secrets par des dénonciateurs détaillant le fonctionnement interne du programme d’assassinat par l’armée américaine en Afghanistan, au Yémen et en Somalie.
Loin des revendications de Barack Obama affirmant que les interventions militaires avaient été menées avec «quasi certitude», le livre montre au contraire que 90% des personnes décimées dans ces attaques ne faisaient pas partie des objectifs visés.
Il est peut-être vrai qu’avec l’émergence d’armes meurtrières commandées à distance, les Etats-Unis ont peut-être sauvé des vies américaines, n’ayant pas eu à intervenir directement sur le terrain. Mais il faut souligner que le nombre de civils tués dans les pays d’Asie du Sud, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a augmenté de façon spectaculaire.
Le livre et plusieurs documents révèlent que des attaques personnellement ordonnées par le président américain seraient souvent basées sur un système d’intelligence avec de nombreuses lacunes, et que des inconnus et civils tués par les drones devenaient des «ennemis tués au combat».
Les publications indiquent également que les normes de la Maison Blanche sur les frappes de drones sont sources de confusion. Par exemple, il est stipulé que la force meurtrière sera utilisée seulement contre des cibles qui représentent une «menace continue, ou imminente pour le pays». Cependant, cela ne correspond pas à la situation au Yémen et en Somalie, avec une faible présence des Etats-Unis pour justifier une telle action.
The documentary National Bird, publié le mois dernier, raconte aussi l’histoire de l’horrible programme du point de vue de vétérans américains qui ont participé à la guerre des drones. Ces hommes hantés par la culpabilité d’avoir tuer des gens sur un sol étranger, sans avoir vu leurs visages. L’horreur psychologique prolongé subi par les survivants civils de ces attaques est également abordé dans ce documentaire.
La Maison Blanche avait annoncé en mars dernier la publication prochaine du nombre de victimes des combattants et civils, concernant les attaques d’avions sans pilote. Il est clair que le monde entier est attentif à cet héritage d’Obama, alors que la technologie des drones continue à proliférer rapidement un peu partout.
On se souvient de la panique causée aux USA, par le crash d’un drone amateur sur la pelouse devant la Maison Blanche en octobre 2015.
(L’auteur de l’article est le rédacteur en chef adjoint du China Daily USA)
Source : peopledaily