Le Mali connaît en 2018 une année électorale dans un contexte sécuritaire et politique tendu. Pendant cette période électorale, les personnes atteintes d’albinisme deviennent de plus en plus vulnérables en raison de croyances, de mythes erronés et de superstition qui favorisent leur agression, leur marginalisation, leur exclusion sociale, leurs stigmatisations et leurs discriminations. Ayant pris conscience de cet état de fait, la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali ( Minusma), en collaboration avec SOS Albinos, la Fondation Salif Keita, les organisations de défense des droits de l’homme, a organisé les 28 et 29 juin 2018 à l’hôtel ONOMO de Bamako, une table ronde sur les droits des personnes atteintes d’albinisme dans un contexte électoral.
La cérémonie d’ouverture de cette table ronde était présidée par le représentant du ministre des Droits de l’homme, Abraham Bengaly, en présence du représentant spécial adjoint de la MINUSMA, Koen Davidse; du directeur de la division droit de l’homme de la Minusma, Guillaume NGefa ; du président de SOS Albinos, Aboubacar Alhassane Doumbia ; des membres du Réseau média et droit de l’homme (RMDH), dirigé par le journaliste Boukary Daou et d’autres personnalités.
Cette table ronde vise à véhiculer des informations utiles sur l’albinisme, les droits des personnes atteintes d’albinisme, la promotion et la protection de leurs droits y compris en période électorale à travers la formation, la sensibilisation et le partage d’expérience des organisations de la société civile, des autorités nationales, des responsables des partis politiques et de tous les acteurs impliqués dans le processus électoral ou sa surveillance.
Elle permettra également de contribuer à garantir l’application des droits des personnes atteintes d’albinisme et à lutter contre les agressions et la stigmatisation des personnes atteintes d’albinisme dans un contexte électoral et de promouvoir l’engagement des médias, des acteurs étatiques et des organisations de la société civile ainsi que des leaders religieux et communautaires des régions du sud et du centre qui sont les plus exposées aux risques de violations graves des droits des personnes atteintes d’albinisme.
Selon le représentant spécial adjoint de la MINUSMA, Koen Davidse, cette rencontre, qui rassemble l’association SOS Albinos, la fondation Salif Keïta, les organisations de défense des droits de l’homme ainsi que les clubs droits de l’homme des lycées vise à recueillir, partager des expériences ; dégager des pistes de réflexion et esquisser des solutions pour lutter contre la discrimination et les violences dont sont victimes les personnes atteintes d’albinisme.
A ses dires, la MINUSMA à travers sa Division des droits de l’homme, s’engage quotidiennement à la promotion et la protection des droits humains au Mali. « A ce titre, la mission porte une attention toute particulière à la situation des personnes atteintes d’albinisme. Et je souhaite réaffirmer ici, avec force, que toute discrimination, toute violence commise à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme est inacceptable, intolérable. L’assassinat récent de Ramata Diarra, cette fillette atteinte d’albinisme et âgée à peine de cinq ans, constitue un cas emblématique. Cette tragédie nous rappelle cruellement l’ampleur des défis qui restent à surmonter », a souligné Koen Davidse.
Pour sa part, le représentant du ministre des Droits de l’Homme, Abraham Bengaly, a fait savoir que le gouvernement encourage vivement les efforts consentis par les organisations internationales et nationales de défense des droits de l’Homme pour promouvoir et protéger les droits des personnes atteintes d’albinisme, afin de les délivrer de la peur et leur permettre de participer pleinement à la vie publique et à mener leur vie privée à l’abri de toute forme de discrimination. « Nous sommes conscients que c’est à travers une approche intégrée et transversale réunissant les acteurs étatiques et non étatiques sur toutes les questions concernant les femmes, les enfants et la discrimination basée sur la couleur de la peau que nous parviendrons, ensemble, à une meilleure protection des droits des personnes atteintes d’albinisme. Aussi, voudrais-je réaffirmer, ici, l’engagement du département en charge des droits de l’homme, à soutenir les initiatives visant à faire connaître les droits des personnes atteintes d’albinisme, et à lutter contre les stéréotypes, les préjugés et les pratiques traditionnelles et croyances préjudiciables qui empêchent ces personnes d’exercer leurs droits fondamentaux et de prendre part à la société dans des conditions d’égalité avec les autres », a conclu Abraham Bengaly.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain