La Bourse du travail a servi de cadre, ce lundi 27 juin 2022, à une Assemblée générale d’information des travailleurs compressés du Mali. L’ordre du jour a porté sur la situation de paiement de leurs droits sociaux. De cette rencontre, il ressort que malgré l’autorité de la chose jugée, le Gouvernement de transition a tenté de se rebiffer pour le paiement des 18 milliards qu’il doit aux victimes qui ont gagné le procès en appel depuis 2020.
Cette rencontre était co-présidée par le président de l’Union nationale des travailleurs compressés du Mali (UNTCM), Amadou KEITA, et son homologue président de l’Association nationale des travailleurs compressés du Mali (ATCM), Ousmane BERTHE. C’était également en présence de plusieurs centaines de victimes.
Selon Cheick Oumar SISSOKO, SG de l’Union, cela fait 7 ans que les travailleurs compressés courent derrière l’exécution de cette décision de justice, sans succès.
Après plusieurs rencontres, a-t-il rappelé, les deux parties se sont retrouvées le 26 février 2022 dans les locaux du ministère de la Fonction publique. Lors de cette rencontre, l’avocat du contentieux a informé qu’il a fait pourvoi en cassation de la décision.
Face à ce nouveau rebondissement, l’affaire a été portée devant la Primature pour arbitrage.
«A ce moment du processus, nous ne pouvons plus accepter l’idée d’un pourvoi pour une affaire jugée en 2016», a estimé M. SISSOKO.
Face à la persistance du blocage, les deux organisations défenseurs des droits des compressés ont saisi le Premier ministre actuel sur la question pour lui exprimer leur incompréhension.
«En 2020, le régime d’IBK était prêt à nous payer sans opposition, mais on ne peut pas comprendre que c’est sous le Mali Kura que nos droits sont piétinés de cette manière», a-t-il dénoncé.
« Dans un État sérieux, on ne doit pas trimballer ces vieilles personnes de cette manière pour leur droit », s’est insurgé le conférencier.
De son propos, il ressort que tous les ministères concernés ont été saisis de la question, en plus de la Primature.
«Nos dossiers ont été traités en même temps que ceux des compressés de l’UNTM ; mais comme nous sommes des retraités, on ne peut pas grever, ils nous trainent», a-t-il déploré, avant d’ajouter que les compressés sont prêts à se battre jusqu’à la mort pour leurs droits.
A la suite de son secrétaire général, le président de l’Union, Amadou KEITA, à inviter les militants au calme et à la retenue.
«Il faut éviter les écarts de langages en abordant ce sujet sur les différents médias en attendant la réponse des correspondances adressées aux différentes autorités. Il faut s’armer de patience», a-t-il conseillé.
De même, il conseille au Président de la transition de faire attention car, dit-il, certains collaborateurs sont en train de jeter des peaux de banane sur le chemin.
«Des mécontents veulent se servir de cette affaire pour créer d’autres problèmes», a-t-il prévenu.
De son côté, Ousmane BERTHE trouve que bien que le verdict du tribunal qui lui condamné à payer 18 milliards de F CFA aux 52 000 compressés, en 2022, l’Etat dans sa tentative de diversion a fait un pourvoi d’une décision de la Cour d’Appel datant de 6 ans.
Or, selon les procédures, le pourvoi doit se faire dans les deux mois qui suivent la décision du tribunal.
Et c’est donc logiquement que la Cour d’appel a rejeté cette requête de l’Etat.
M. BERTHE a fait savoir que cette requête a été introduite en catimini alors que les deux parties étaient en pleine discussion sur les modalités de paiement de ces 18 milliards que l’Etat doit aux travailleurs.
«Nous sommes sur la même liste que les compressés de l’UNTM qu’on a commencé à payer. On doit être payé en même temps que ceux-ci», a-t-il fait savoir.
A la différence des compressés de l’UNTM, ces travailleurs, selon leur porte-parole, doivent être payés chez le notaire en raison du fait que c’est l’exécution d’une décision de justice.
«Nous voulons être chez le notaire pendant que eux (l’Etat) disent qu’ils veulent nous payer de façon individuelle. Nous sommes 52 000 travailleurs, on ne peut pas être payé de façon individuelle», a-t-il déploré.
Au passage, Ousmane BERTHE a fait savoir que ces travailleurs ont été compressés au niveau de 32 sociétés de la place dont la SOMIEX, Air Mali, SOGEMORC, SONAREM, etc.
L’audience d’Appel a eu lieu le 26 février 2016 à la Cour d’Appel de Bamako. Mais, c’est le 22 mai 2022 que le gouvernement de transition a tenté de remettre en cause cette décision de justice.
Nous sommes dans la dynamique que cette somme sera payée avant la fête de tabaski.
Il ressort de son intervention que plusieurs travailleurs ont déjà perdu la vie au bout de 13 ans de combat.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin