Le Recteur de l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (UJSPB), le Pr. Moussa Djiré, entouré de son vice-recteur Pr.BoureimaKansaye, et de Pr. Miguel Angel Martin Lopez de l’Université de Séville, membre de l’observatoire espagnol pour le droit à l’alimentation, a ouvert, mardi 9 novembre 2021, dans la salle de réunion de l’USJPB, les travaux de la journée de réflexion sur le droit à l’alimentation en Afrique de l’Ouest : expériences et enseignements.
Elle (la journée) est co-organisée par l’USJPB et l’Université de Séville (en Espagne). Ont pris part, les enseignants chercheurs du Mali, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, de la FAO, par visioconférence. «La question alimentaire a pendant longtemps été au cœur des disciplines techniques, notamment, agronomiques, biologiques, sanitaires. De nos jours, de plus en plus, elle suscite un intérêt croissant des sciences sociales, en l’occurrence les sciences juridiques et politiques. C’est dans cette perspective que l’USJPB et l’université de Séville organisent, avec la participation d’experts d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, une journée de réflexion et de partage d’expériences à Bamako sur : « le droit à l’alimentation en Afrique de l’ouest : expériences et regards croisés des acteurs » », a fait savoir Pr. Moussa Djiré.
D’entrée, le Pr. Moussa Djiré a souligné que l’objectif général de ce colloque est de mettre en place un cadre d’échange et de partage entre acteurs de divers horizons sur les expériences et les enseignements en matière de sécurité alimentaire et de mise en œuvre du droit à l’alimentation, dans la perspective de la création d’un observatoire universitaire sur le sujet. Selon le Pr. Djiré Moussa, il s’agissait de capitaliser les expériences en mettant en exergue les liens entre droit, politique et sécurité alimentaire et les dynamiques autour de ce triptyque, d’une part et d’autre part, de réfléchir ensemble sur les orientations nouvelles pour une politique et une gouvernance multisectorielle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’Ouest. Plus spécifiquement, poursuit le pr Djiré, il s’agissait d’analyser les origines et les causes structurelles de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité des populations (pauvreté, changements climatiques, démographie, impacts de flux commerciaux, système de production, migration des populations) ; analyser les réponses apportées aux crises alimentaires et nutritionnelles antérieures et notamment celles des deux décennies passées ; capitaliser les expériences, et tirer les leçons des mécanismes de prévention et de gestion des crises, des systèmes d’information et de suivi évaluation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Autres objectifs spécifiques que vise la journée, dit le Pr. Moussa Djiré: faire une analyse approfondie des politiques publiques en matière de sécurité alimentaire, déceler les insuffisances et consolider les acquis ; dégager les rôles et responsabilités des acteurs pour une plus grande effectivité du droit alimentaire ; approfondir la réflexion sur l’apport des universitaires pour un droit à l’alimentation plus effectif et explorer les pistes pour la création d’un observatoire ouest-africain du droit à l’alimentation.
L’organisation de cette journée d’échange, indique le Pr. Moussa Djiré, est partie du triste constat relevé par la FAO que 2 milliards de personnes dans le monde sont touchées par une insécurité alimentaire (n’avaient pas régulièrement accès à une alimentation sûre, nutritive et suffisante en 2019) ; près de 690 millions de personnes dans le monde ont faim ; soit 8, 9 % de la population. Le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire grave, souligne le diagnostic, montre également une tendance en hausse. En 2019, dit-il, près de 750 millions de personnes, soit près d’une personne sur dix dans le monde, étaient exposées à l’insécurité. Sur le continent africain, dit le Pr. Moussa Djiré, il ressort toujours des données de la FAO que plus de 200 millions de personnes vivent dans la faim extrême. L’Afrique subsaharienne compte plus de 186 millions d’habitants, soit 34% de la population totale de la région souffrant constamment des formes de détresse alimentaire les plus aiguës au monde. En Afrique septentrionale maghrébine, dit le Pr. Moussa Djiré, 12% de la population demeurent sous alimentés.
Plusieurs sous thèmes ont été animés par les experts. L’on note le panel sur « Droit à l’alimentation, dynamiques sociales et politiques publiques » ; « Droit à l’alimentation en Afrique de l’ouest : les avancées et les contraintes» ; « Droit à l’alimentation à l’épreuve de l’extrémisme violent dans les régions de Ségou et de Mopti» ; «Le droit à l’alimentation à l’épreuve de la mondialisation économique en Afrique de l’Ouest : entre illusion et désillusion » ; « L’effet des OGM sur le droit à l’alimentation : le rôle de la biosécurité » ; « L’expérience nigérienne en matière de droit à l’alimentation et de la sécurité alimentaire » ; «Politique publique agricoles et droit à l’alimentation adéquate au Mali » ; « La FAO en matière de la consolidation du droit à l’alimentation adéquate au Mali » ; « La FAO en matière de la consolidation du droit à l’alimentation en Amérique Latine » ; « L’œuvre de la FAO en matière de consolidation du droit à l’alimentation en Afrique » ; « Souveraineté alimentaire et expériences d’observatoires » ; « L’expérience latino-américaine dans la mise en place des observatoires pour le droit à l’alimentation » ; « L’observatoire national de la gouvernance foncière au Sénégal » ; « L’architecture du futur observatoire ouest africain pour le droit à l’alimentation » ; « La souveraineté alimentaire en Afrique : concepts et réalités » ; « Les sources de la protection du droit à une alimentation saine pour tous les vivants ».
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain