Environ 8, 4 millions de Maliens étaient appelés à se prononcer sur le projet de nouvelle constitution, le dimanche 18 juin 2023. Le vote a mobilisé les populations des grandes villes même s’il y a eu des difficultés dans la partie septentrionale du pays. Le référendum soumis au vote ce 18 juin s’est déroulé dans un contexte différent de celui de 1992.
En 1992, le pays se remettait des séquelles d’un pouvoir liberticide et autocratique et l’enjeu de cette élection référendaire était de doter le pays d’institutions démocratiques permettant de favoriser les libertés individuelles. Toutefois, selon Dr. Coulibaly, celle de 2023 remet au goût du jour la question de l’indépendance totale du pays et le droit de choisir ses partenaires à l’échelle internationale, d’où l’idée du 14 janvier 2023, journée consacrée à la souveraineté retrouvée. Il estime que les Maliens étaient psychologiquement préparés pour le soutien massif apporté à la transition lors de ce scrutin.
Il atteste qu’une grande majorité de Maliens n’ont pas une largesse de vue sur son contenu, mais la fibre patriotique semble avoir pris le dessus sur le contenu des changements prévus dans la nouvelle constitution et leurs enjeux.
Au stade du 26 mars, le vendredi 16 juin, l’accueil réservé au président de la transition était, à ses yeux, assimilable à celui d’un candidat en campagne devant des électeurs d’avance acquis à sa cause. C’est pourquoi, témoigne-t-il, ce référendum a des allures de teste. Un test pour une opposition politique en mal d’inspiration, qui sait que les militants et les électeurs ne suivront pas les mots d’ordre du parti si c’est pour se prononcer pour un non.
Cependant, notre sociologue reste convaincu qu’une des grandes particularités de ce vote référendaire est la décision des autorités religieuses qui ont décidé majoritairement de faire la promotion de la laïcité déjà consignée et soutenue par elles en 1992. Elles ont décidé de supporter la laïcité, levier du vivre ensemble dans un pays qui a brillé depuis des temps immémoriaux par l’acceptation des différences et la culture de la paix et de la tolérance. A défaut d’avoir affronté les velléités djihadistes, elles semblent avoir lancé un message à kouffa, Iyad et autres parrains du djihadisme comme pour leur dire que le Mali reste fidèle à sa vocation originelle, c’est à dire la pratique d’un islam tolérant. « Si ce vote pour le oui est l’expression d’une adhésion de la grande majorité des Maliens aux nouvelles orientations de la politique des autorités de transition, il faut souligner que des efforts doivent être faits pour nourrir l’espoir », a-t-il soutenu.
Il souligne que, le contexte géopolitique reste toujours un caillou dans la chaussure des autorités de la transition. Au plan international, l’Onu se prépare pour un bras de fer pour le maintien de la Minusma au Mali, conformément à la volonté affichée par son Secrétaire général et au plan sous régional par la position de la Cedeao qui se réunira en Guinée-Bissau pour un sommet dont l’ordre du jour principal est le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry.
A cet effet, Dr. Coulibaly, prévient que pour l’heure, les autorités de la transition doivent rapidement faire face à des situations pouvant occasionner des troubles sociaux comme celles de l’école, de la question de l’électricité ou celle de la demande sociale.
Ibrahima Ndiaye