Le rendement des services de douanes serait-il menacé ? Plusieurs sources l’assurent avec la vague de mutations qui voit, selon elles, les plus méritants relevés et les moins performants maintenus à leurs postes au moment où le Trésor public a besoin d’être renfloué.
Qu’est-ce qui s’est réellement passé à la direction générale des douanes ? Un arrêté et une décision de nomination ont été signés il y a quelques jours portant nomination de nouveaux cadres. Quarante-huit personnes sont concernées par ces mesures administratives. Certains sont maintenus à leurs postes, d’autres sont promus tandis que des cadres valeureux héritent de strapontins en guise de promotion/sanction.
Huit cadres, précédemment directeurs de service technique, directeurs régionaux, chefs de bureau ou de brigade sont frappés par cette décision décriée qui a fait l’effet d’une bombe à la douane. Il s’agit de la première mesure administrative prise en termes de redéploiements du personnel par le nouveau directeur général, Mahamet Doucara.
La douane, service de l’assiette devant alimenter les caisses de l’Etat a, de nos jours, d’énormes difficultés à assurer cette mission régalienne. En ces temps de vaches maigres, seulement trois services atteignent leurs objectifs. Ce sont la direction régionale de Koulikoro, la direction régionale du district et la direction des enquêtes douanières. Il est même arrivé que Koulikoro, à travers le bureau de Kati, fasse 17 milliards de F CFA de recettes en un seul mois.
Malgré cette performance rare, les responsables de ces directions et bureaux font partie des cadres relevés. Il s’agit d’Adama Sidibé, précédemment directeur régional de Koulikoro, Mohamed Coulibaly, chef de bureau de Kati, et son chef de brigade, Sékou dit Abba Diakité.
Le hic ici est qu’en reconnaissance de ses performances de recettes record, Kati avait reçu les félicitations du ministre de l’Economie et des Finances. Ce qui corrobore l’idée que les nominations controversées donnent l’image d’une douane sevrée de sa matière grise, de ses plus gros travailleurs et pourvoyeurs de fonds pour des nominations de complaisance.
Des chefs de bureaux défaillants promus
Dans le même temps, des chefs de bureau défaillants sont maintenus ou ont été promus. Soit les chefs sont restés sans être inquiétés soit ils sont remplacés par des cadres dont la capacité à faire remonter la pente n’est pas avérée.
Le cas le plus grave reste celui du bureau du pétrole. Il peine à réaliser 12 milliards de F CFA par mois contre un record de 17 milliards de F CFA établi par l’ancien chef de bureau Mamadou Traoré. Le bureau traîne de surcroît une ardoise de 7 milliards de F CFA d’impayés de frais de dédouanement de carburant.
Le bureau du pétrole travaille à perte alors que l’importation des hydrocarbures dans notre pays n’a jamais baissé. Au contraire, elle a été multipliée par 5, voire 10. Toujours est-il que le citoyen lambda assiste tous les jours à la prolifération de stations d’essence et à l’accroissement du parc automobile.
C’est pourquoi beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur le mobile réel de ces affectations. Un acte derrière lequel est vue la main d’un ancien DG, dont l’avis est généralement requis par le président de la République pour la nomination de directeur général des douanes depuis son départ à la retraite.
Celui-ci en profiterait pour placer ou maintenir ses hommes de main à des fonctions jugées importantes au détriment des objectifs de recettes. Dans un pays où l’économie est essentiellement basée sur les recettes intérieures, l’Etat devra redoubler de vigilance pour éviter certains dérapages aux relents mafieux, dans des services aussi stratégiques que la douane.
Depuis la crise politico-sécuritaire de 2012, les partenaires financiers du Mali ont cessé de donner de l’argent frais au gouvernement pour combler les déficits budgétaires ou prendre en charge le paiement des salaires des fonctionnaires et autres. L’Etat n’a d’autres recours que les fonds générés par l’apurement des taxes et impôts, recouvrés principalement par les services de l’assiette comme la douane, les impôts, etc.
Salimata Tangara
Le Focus