Tu es né le 11 novembre 1956 à Bamako Mali dans une fratrie de 27 enfants dont 21 filles et 6 garçons. Fils de Moussa Sacko et de Nyamé Touré, tu es l’unique garçon de ta maman. Tu as vu le jour après tes sœurs aînées d’où ce surnom Bathè en Soninké « celui qui vient après ». De ton prénom Massambou, tu es l’homonyme du père d’El Hadj Daouda Sacko un très grand ami de ton papa. Par reconnaissance pour les bienfaits d’El Hadj Daouda, ton cher père, Feu Ba Moussa, t’a donné le nom du père de cet ami, un signe très fort de gratitude, de fraternité. Tu as grandi dans le quartier de Missira et as toujours été un enfant très choyé par les tiens.
D’ailleurs de crainte que tu ne sois trop gâté, ton oncle maternel, Sékou Touré t’a amené à Dio Gare où il était enseignant et t’a inscrit à l’école en octobre 1966. Tu y feras toute ta scolarité primaire premier et deuxième cycle fondamental et grandiras dans la famille Touré à laquelle tu étais particulièrement attaché, liens forts qui te valent cet autre surnom de « député de Dio ». Pour tes camarades de classe et amis d’enfance, pour tes enseignants et ta famille, tu as toujours été un enfant calme, jovial, facile de caractère, mais surtout un élève brillant, doué, doté d’une grande intelligence et d’une bonne mémoire.
Tu as eu un parcours académique exceptionnel sans redoublement à l’école fondamentale puis au Lycée de Badalabougou (la colline du savoir) et enfin à l’école de médecine de Bamako où tu as fait tes études supérieures. La curiosité intellectuelle, la soif d’apprendre t’ont toujours caractérisé et ont marqué ton parcours de vie. Pas étonnant que tu aies aimé la recherche et l’enseignement avec ce désir d’étudier et de connaître, mais aussi ce souci de partager, de transmettre qui sans nul doute traduisent ton altruisme, ta générosité de cœur. L’hommage du Docteur Hubert Balique en témoigne : « En plus de la compétence, les mots qui me viennent à l’esprit lorsque j’évoque Massambou sont le travail, la rigueur et la douceur. C’était en effet un grand travailleur, qui ne s’arrêtait jamais lorsqu’il prenait en main un dossier. C’était également un rigoureux, un méticuleux, cherchant à tout instant la précision. C’était enfin une personne douce, qui était d’une gentillesse sans limite et d’un souci permanent des autres ».
Ta passion pour ton métier qui t’a valu ce nom affectueux de Grand Docteur, ou encore San Docteur (Docteur de l’année) t’a amené à faire une brillante carrière dans la santé publique avec une thèse de médecine sur le diabète, une maladie chronique très répandue au Mali, que par une ironie du sort tu as toi-même développée. C’est sur les résultats de tes travaux de recherche que les Usines Sada Diallo du Mali vont confectionner et commercialiser des bols alimentaires pour diabétiques. Ton goût prédestiné pour la santé primaire te conduit vers un doctorat en santé publique à l’Université de Paris VI, en 1998, dans le Département du Professeur Marc Gentilini, sous la direction du Docteur Hubert Balique avec pour thème d’étude : La surveillance prénatale dans le District de Bamako. Tu poursuis ton ascension universitaire par une agrégation du CAMES avec la reconnaissance bien méritée du titre de Professeur.
Ton parcours professionnel est exemplaire: Tu as débuté ta carrière comme Directeur régional adjoint de la Santé de la Région de Ségou, puis Maitre de Conférence en santé publique à la Faculté de médecine et de pharmacie du Mali, coordonnateur du projet paludisme. Tu étais un expert reconnu dans les domaines de l’épidémiologie, de la surveillance et de la riposte aux épidémies, de la gestion des urgences et actions humanitaires, de la planification et de la gestion des programmes de lutte contre la maladie, de la santé de la mère et de l’enfant. Tu as terminé ta brillante carrière au bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Bamako. Le Docteur Fatoumata Binta Diallo, ancienne Représentante de l’OMS au Mali, avec qui tu as collaboré a tenu à faire ce témoignage : « Dr Massambou réunissait des valeurs de respect de partage et de construction d’éthique qui faisaient de lui un grand HOMME !! C’était un homme affectueux, sensible, disponible, doux, calme et profondément humain. Un mari qui adorait son épouse, ses enfants, Dr Sacko était toujours disponible pour rendre service. Voici qui était Dr Massambou Sacko. Docteur Sacko n’était pas seulement un collègue ; j’ai perdu un ami, un frère.»
Admis à la retraite en 2018, tu n’as pas pris le repos mérité. Tu as continué à travailler avec cet acharnement, avec cette passion qui t’ont toujours habité. Jusqu’à ton décès, tu étais enseignant chercheur, spécialiste des questions liées à l’organisation et la gestion des systèmes et services de santé à la Faculté de médecine et d’odontostomatologie du Mali. Tu étais un médecin toujours disponible, toujours disposé pour les autres mais ce que beaucoup ne savent peut être pas, c’est que tu avais toi-même un état de santé très précaire. Tu as su dépasser ces adversités, ces moments difficiles avec une force de caractère extraordinaire, comme le rappelle une de tes sœurs… « Tu as eu des moments de gloire dans ta vie, mais tu as aussi enduré toute ta vie cette santé fragile, de la maladie de peau au diabète et à la tension, en te soignant sans te plaindre et en rassurant toujours tes proches. Quel courage !! Quelle bravoure !! »
Malgré ton brillo, malgré tes belles réussites intellectuelles et professionnelles, tu as toujours gardé cette surprenante humilité, ce respect de l’autre, cette compassion, cette empathie et bienveillance qui ont fait de toi un ami sincère, un collègue de travail aimé et respecté de tous. Ta droiture et ta rigueur, ta simplicité et ton authenticité, ta détermination et ta persévérance, ta patience et ton courage figurent parmi tes nombreuses qualités, des valeurs léguées en héritage par la culture ancestrale soninké, valeurs qui caractérisent les familles Sacko Mariata et Touré Diaraha.
Ton humanisme et tes principes de vie ne sont pas fortuits. Ils reposent sur une éducation spirituelle, une tradition familiale religieuse rigoureuse mais ouverte et tolérante basée sur l’érudition et la connaissance de l’islam. Sacko Mariata est la branche Sacko dédiée à faire l’éloge de l’islam et de son prophète lors des grands événements. Ton père Ba Moussa était un érudit. Il ne sortait jamais de la maison sans avoir lu au moins un chapitre du Coran. Tous ses enfants sont nés et ont grandi dans cet environnement et toi Bathè malgré ton parcours scientifique a perpétué cette pratique religieuse éclairée qui t’a amené à effectuer, à l’instar de vingt de tes frères et sœurs, le pèlerinage à la Mecque en 2009. Lorsque tu as pris ta retraite, en 2018, tu as poursuivi ta quête spirituelle en choisissant d’apprendre à lire le Coran. Tes progrès dans la maîtrise du livre sacré ont étonné tes maîtres.
Très attaché à ta famille, tu as été un fils béni, un frère exemplaire, un mari remarquable et un père formidable. A toi et à ta fidèle épouse Oumou N’Diaye, le destin vous a donné cinq filles et trois petites filles. C’était un bonheur de te voir entouré de tes charmantes filles qui passaient beaucoup de temps avec toi, t’accompagnant souvent dans tes visites aux parents et amis. Nous ressentions tant d’harmonie et de complicité entre vous.
Le décès de ta fille aînée Aïssata Sacko, Bébé Massa pour les proches, Dame Savante pour ses promotionnaires, oui le décès brutal de ta fille chérie le 12 mai 2019 a fait basculer ta vie. Depuis sa disparition, tu n’as plus été le même. Au soir des cérémonies de sacrifices marquant le premier anniversaire du décès d’Aïssata, tu as ressenti les prémices d’un malaise. Le 13 mai tu étais admis à l’hôpital.
Le lundi 25 mai 2020, la maladie t’a arraché à l’affection des tiens. Dieu a voulu que tu rejoignes ta fille dans l’au-delà mais aussi Mahamadou Touré, Ramata Hamet, celui qui dans la famille était appelé ton frère Jumeau. De la même classe d’âge, vous êtes rentrés à l’école de Dio le même jour et êtes devenus des inséparables. Le sort a même voulu que jeunes diplômés fonctionnaires de l’état malien vous soyez tous deux affectés dans la région de Ségou, toi comme médecin chef adjoint, Hamet comme Professeur de mathématiques au Lycée de Markala. L’existence vous a unis en maintes circonstances, la mort t’a rappelé au quarantième jour du décès de ton jumeau …Dieu donne la vie…. Dieu la reprend.
Cher Bathè, Grand Docteur, tu t’en es allé prématurément pour l’autre rive. Tu nous laisses dans un grand désarroi, une profonde tristesse…Homme d’exception, homme de valeurs, homme d’honneur, homme de cœur, tu as marqué ton passage en ce monde. Tu avais compris toute l’importance de l’éducation, de la transmission. Aussi as-tu participé à la formation et au renforcement des compétences nationales en encadrant de nombreux étudiants en médecine et thésards qui aujourd’hui te témoignent toute leur gratitude. Tu auras été un grand serviteur de notre pays le Mali à qui tu as tant donné.
Ta précieuse contribution à l’amélioration des systèmes et soins de santé et à l’avancement de la recherche est sans conteste. Elle fait de toi une sommité dans le domaine de la santé publique : une fierté, un honneur pour ta famille et tes proches, un exemple pour les générations futures.
Cher Bathè, tu resteras toujours présent dans nos cœurs, dans nos esprits. Chacun garde de toi une belle image, un souvenir inoubliable. Ta jovialité, ta gentillesse, ton sourire, ta douceur, ton élégance naturelle ou encore ta voix si particulière nous accompagneront à jamais !!…
Que ton âme repose en paix, Professeur Massambou Sacko !!
Que la terre te soit légère !!
Ta belle sœur et amie
Touré Khadija
Catherine Cormont
Source: Journal l’Essor- Mali