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DORO DEMBA, ALBINOS : « SI NOS ORGANES PROCURAIENT LA RICHESSE, NOUS SERIONS DÉJÀ RICHES »

’assassinat d’une petite fille albinos de 5 ans à Fana (cercle de Dioïla) a suscité l’indignation de tout notre peuple, singulièrement des associations de défense des droits humains. Doro Demba, albinos, au-delà de la condamnation unanime, envoie un autre message aux détracteurs des albinos : « C’est une bêtise de croire que certaines parties du corps d’un albinos procurent soit le pouvoir soit l’argent ».

La Fédération des associations des personnes atteintes d’albinisme en Afrique de l’Ouest (Fapao) et l’Association pour la promotion, la protection et l’insertion sociale de l’enfant atteint d’albinisme (SOS-Albinos) évoquent « un crime rituel » après à l’assassinat de Ramata Diarra, une fillette albinos de 5 ans à Fana dans la région de Koulikoro. Le corps éventré et décapité de la fillette a été découvert par les autorités locales. Le choc continue de marquer les esprits.

Selon Mamadou Diabaté, secrétaire permanent de SOS-Albinos, les mobiles rituels de l’assassinat de la petite Ramata Diarra sont évidents, car elle était albinos, sa tête a été tranchée et emportée. D’autres organes ont aussi été enlevés par son bourreau.

« Ces actes odieux se multiplient surtout à l’approche d’échéances électorales. Une croyance bien ancrée dans les esprits des plus faibles », se désole M. Diabaté, rappelant que ceux-ci « estiment que le sacrifice d’un albinos peut leur assurer le pouvoir ou renforcer leur ascension sociale ».

Sa sentence est sans appel : « Notre association condamne ce crime odieux et indigne que rien ne saurait justifier. Nous souhaitons que les autorités compétentes prennent des dispositions utiles pour traquer toutes les personnes impliquées dans l’assassinat de Ramata Diarra et traduire les responsables de ce crime crapuleux devant la justice », déclare-t-il, espérant que la justice mènera à bien son enquête.

Doro Demba, albinos, peint en noir le tableau de ses semblables au Mali. « Ils disent qu’on peut devenir riche avec notre sang ou se faire beaucoup d’argent avec nos cheveux. Et nous-mêmes est-ce que nous sommes devenus riches ? » s’interroge-t-il. « C’est clair que c’est un manque d’information ! Ils nous prennent pour des êtres surréalistes comme si on avait des pouvoirs spéciaux ou magiques. C’est pour cela, quand les gens veulent être riches, ils cherchent les albinos. Quand on veut avoir le pouvoir, on cherche des albinos », regrette M. Doro.

Le secrétaire général de la Fapao, Mamadou Sissoko, explique que la jeune-fille a été enlevée dans la nuit d’un samedi à dimanche par des inconnus à Fana, récemment l’un des assassins a été retrouvé du nom de Madou Kanouté, dans la région de Ségou.

« J’invite le gouvernement malien à assumer ses responsabilités pour rendre justice dans les plus brefs délais et faire en sorte que les drames de ce genre ne se reproduisent ». Il ajoute que les albinos sont victimes de discriminations au Mali et dans nombreux pays d’Afrique comme le Zimbabwe, le Mozambique et la Tanzanie. Chaque année, en Afrique, plusieurs dizaines d’albinos sont tués et certains de leurs organes disparaissent.

En début 2018, beaucoup d’appels ont été lancés par des personnalités de la société civile malienne, dont la Fondation SOS-Albinos du musicien Salif Kéita qui lutte aussi pour la protection des albinos. Créée le 17 juillet 1992, SOS-Albinos a pour but de faire la promotion, la protection et l’insertion socio-économique et professionnelle des personnes atteintes d’albinisme au Mali.

Elle intervient particulièrement dans le domaine de la protection comme la sensibilisation des parents ayant des enfants albinos afin qu’ils les acceptent au lieu de les marginaliser. En plus, elle intervient dans beaucoup d’autres domaines comme la protection des albinos contre le soleil, la santé et leur éducation, etc.

L’association compte 254 membres avec des antennes régionales. Elle fonctionne grâce aux cotisations mensuelles du comité exécutif (CE) et bénéficie de l’appui de l’Etat malien et d’autres partenaires comme la Femaph, la Minusma, etc.

Hamissa Konaté   

Le Focus 

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