Le cas du milliardaire américain Donald Trump est aujourd’hui entre les mains des parlementaires britanniques. Pendant trois heures, dans la plus petite pièce de Westminster, les députés vont débattre de la pétition appelant à bannir du sol britannique le candidat à la primaire républicaine aux Etat-Unis. Lancée le 8 décembre par l’Ecossaise Suzanne Kelly, elle a reçu un véritable élan populaire, dépassant rapidement les 100 000 signatures nécessaires pour une saisie par la commission des pétitions de la Chambre des communes. En seulement vingt-quatre heures, la pétition avait même réuni plus de 200 000 participants pour atteindre finalement 570 000. Créée en juillet pour donner la parole aux citoyens via Internet, cette commission «n’a jamais vu un tel engouement», insiste Paul Flynn, député travailliste en charge du débat.

Donald Trump est dans le viseur des Britanniques, non seulement pour ses propos sulfureux sur les musulmans mais également pour avoir affirmé qu’il «existait à Londres des zones radicalisées où les policiers refusaient d’entrer de peur de perdre leur vie». Des déclarations alors qualifiées par le Premier ministre, David Cameron, de «clivantes, stupides et fausses». Et, à l’approche du débat, les déclarations politiques de tout bord se sont multipliées tout le week-end. Le leader travailliste, Jeremy Corbyn, a ainsi déclaré que «le milliardaire américain devrait se voir autoriser l’accès au Royaume-Uni et voir tout ce que les musulmans y apportent». Ce dernier, dont la femme est Mexicaine, propose même d’emmener Donald Trump dans sa circonscription multiculturelle. «Comme il a des problèmes avec les Mexicains et les musulmans, je me propose donc de l’emmener visiter une mosquée et de le laisser parler avec la population», a-t-il ajouté.

Du côté de l’Ecosse, dont est originaire la mère de Donald Trump et où il possède de nombreux complexes de golf, les voix s’élèvent aussi. L’ancien chef du SNP, Alex Salmond, veut lui bannir l’accès au Royaume-Uni. D’autres moins virulents appellent à lui interdire l’accès à ses propriétés et d’annuler l’organisation des compétitions de golf. La réponse de l’intéressé n’a pas tardé. Le milliardaire a tout simplement menacé d’abandonner ses projets d’investissement en Ecosse. Des projets pourtant à plus de 900 millions d’euros. Pas de quoi faire peur aux Ecossais qui lui ont retiré le doctorat honorifique et le titre d’ambassadeur d’affaires.

A l’issue de la séance, aucune décision ne sera prise. «On va l’inviter et lui demander de nous montrer toutes ces zones», explique à Libération Paul Flynn. Depuis 2010, plus de 200 personnes ont ainsi été interdites d’entrer au Royaume Uni. Seul le gouvernement a le pouvoir de bannir une personne du territoire britannique et cela pour des raisons de «sécurité nationale». Donald Trump devrait pouvoir continuer à venir taper la balle sur l’un de ses terrains de golf écossais sans se faire inquiéter

Source: Liberation