Dans la soirée du 26 février 2023, la projection du film documentaire malien intitulé : « 365 jours au Mali » a attiré les festivaliers dans la Salle de l’Hotel de Ville de Ouagadougou avec pour objectif principal la sensibilisation sur les rébellions.
Progressivement, à un moment donné, le Mali se trouvait de plus en plus dans des inquiétudes géopolitiques. Au nord du pays, les traditionnelles revendications touaregs ; puis l’épouvantail AQMI qui plane sur les étendues désertiques. D’où l’idée de ce film co-écrit par trois mains. En février 2012, Benkoro Sangaré, Ladj Ly, et Saïd Belkitibie décident de se rendre au nord du Mali pour tenter de comprendre l’enlisement.
5 jours de voyage à travers le Sahara et Tessalit, point de départ de l’expédition, non loin de la frontière algérienne. Abdel Karim, un ex-rebelle influent accepte de leur servir de conseiller et de guide. Il leur fait découvrir des endroits stratégiques de la rébellion. Ces espaces sont devenus désormais vides. Puis direction Kidal, ville touarègue et berceau de la rébellion. La camera se promène sur les vastes tendus désertiques. Rien ni personne pendant des heures. Le spectateur sent les conditions très difficiles. Etonnement, lorsque le groupe croisait du monde, ils étaient toujours bien accueillis.
Autre décors, autres enjeux. Le film évoque le putsch militaire dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo contre Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012. Ce coup de force amène les militaires au pouvoir avec CRNDE (Conseil pour le redressement national pour la démocratie et la restauration de l’état). L’état d’urgence est instauré. Avec le couvre-feu, la fermeture des aéroports et les pénuries qui s’en sont suivies. Le désengagement de l’armée de la zone située au nord du fleuve Niger précipite tout le nord du Mali dans un profond désordre. Face aux pressions de la communauté internationale, le CNRDE doit rendre le pouvoir. C’est à ce moment que l’ancien président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré devient président par intérim. La vie reprend son cours mais les tensions demeurent toujours.
Dans ce documentaire, un épisode en vaut le détour : celle de Tombouctou. On y trouve l’ambiance plutôt calme. Le leader Abou Zad, bien que discret, est présent. Le porte-parole de son mouvement semble quant lui toujours serein et bien accueilli. Ils donnaient l’impression d’être toujours organisé et de connaitre parfaitement le territoire. La Cité légendaire est cependant devenue morte. La population était sous tension et beaucoup ont dû fuir. Les mouvements djihadistes étaient bien organisés. Ils contrôlaient toute la ville. La nouvelle loi était devenue la Charia. Les femmes étaient obligées d’être voilées. Les musiques, les cigarettes, et l’alcool étaient tous interdits de cité. Ceux qui contrôlent la ville disposaient des moyens financiers conséquents. Illustration : la facture d’électricité s’élève à 3000 euros par jour. Pendant 6 mois toutes les factures de la ville passaient et étaient payes par eux.
Puis la caméra nous amène à Bamako, où de violentes manifestations éclatées. Des citoyens se sont révoltés contre la CEDEAO pour dire que ce n’est pas à elle de décider à leur place. Des anciens partisans du coup d’état s’attaquent alors au palais présidentiel. Le président intérimaire, Dioncounda Traoré sera blessé puis évacué vers la France.
Enfin, la réalisation se tourne vers Sévaré. On y voit un ancien militaire les accueillir. Et des jeunes. Ces derniers se disent prêts pour « la guerre », prêts à défendre leur drapeau, pour défendre le Mali.
En définitive, on doit tirer son chapeau pour le trio. Courageux et patriotes. Malgré les risques ils ont assuré.
Par Fatoumata D. Traoré, Etudiante Licence 3, JCo, Ucao-Uuba
Source: LE PAYS