Il relate la situation de l’insécurité dans le nord-du Mali, en remontant aux années 1990, en accusant dès cette année-là, l’Etat du Mali d’avoir organisé des groupes armés et des milices
Sur les réseaux sociaux circule depuis samedi dernier, un document, intitulé: ” Rapport final du Groupe d’experts créé par la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali et renouvelé en application de la résolution 2484 (2019)”. Il faut d’abord préciser que le rapport est comme un draft, qui sera débattu à l’ONU. Le ministre Tiébilé Dramé y sera au moment venu pour défendre le Mali, en rejetant les accusations non fondées et autres imaginations fertiles et conclusions hâtives, contenues dans le document.
Celui-là est de 44 pages. Il comprend six chapitres: le contexte; l’accord issu du processus d’Alger; les groupes armés; les crimes organisés; les violations du droit international humanitaire et droits de l’homme; les recommandations.
Ce document volumineux rédigé par des experts de l’ONU est tout, sauf impartial. Il relate la situation de l’insécurité dans le nord- du Mali, en remontant aux années 1990, en accusant dès cette année-là, l’Etat du Mali d’avoir organisé des groupes armés et des milices (page 17). La suite est connue avec des enquêtes, basées sur des écoutes d’une partie au détriment de l’autre.
Dans toute la genèse, l’Algérie est soigneusement épargnée, tandis que le Maroc est sur le banc des accusés, au chapitre des crimes organisés, notamment la drogue, en refusant de collaborer avec le Niger voisin, par lequel la drogue transite: “le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, passant par la Mauritanie et le Mali à travers le Niger vers la Libye. Il est également fait mention, cependant, de convois de haschisch emportant de la cocaïne, car les routes d’approvisionnement des deux produits de stupéfiants convergent au Mali et prennent la même direction”. Ce qui est hallucinant, ce que le Groupe d’experts dit avoir reçu deux témoignages précis de sources gouvernementales, bien informées concernant une interception à Tabankort d’une tonne de cocaïne, effectuée par un avion de transport CASA CN-235 de l’armée malienne de Gao à Bamako. C’était “pendant le week-end des 11 et 12 mai 2019 et serait sous la garde des services de sécurité maliens”.
Les experts attribuent cette” révélation” à une source gouvernementale, ce qui est étonnant, à moins que les intéressés ne soient parmi les convoyeurs, lesquels se dénoncent eux- mêmes. Quelle aberration? Le seul bémol à ce niveau réside dans l’emploi du conditionnel.
Au chapitre des trafics illicites, plusieurs noms, proches du MAA- CMA ont été cités, notamment Nani Ould Alhousseini et son cousin, Abdellahi Ould Lahmein, étiquetés comme étant des “résidents éminents de Bou- Djébéha”.
S’agissant toujours de ce chapitre, les experts relèvent que le général Moussa Diawara du service des renseignements du Mali protège des narcotrafiquants, et aurait contribué à des libérations à partir du Niger. Une grossièreté! Comment peut-il protéger des gens qui sont sur une partie du territoire que ni lui, ni l’Etat du Mali, ne contrôlent ? Comment peut-il aussi obtenir à partir de Niamey la libération des narcotrafiquants? Même son patron IBK ne réussira pas un tel exploit dans le pays de Mahamadou Issoufou, encore que ni l’un, ni l’autre, n’oseront se lancer dans une telle démarche.
Malheureusement encore, on charge le pauvre député Ould Matali parce qu’il a toujours refusé de s’associer à ceux qui travaillent pour la partition du pays. Les experts le considèrent comme un intermédiaire entre les narcotrafiquants et le général Moussa Diawara. Quelle insulte pour ces fortes personnalités de la République. Ceux-là même qui œuvrent pour faire échec, jour et nuit, à la division du pays.
Aujourd’hui où le pays vit une crise politique, sans précédent, on fait flûter un rapport, truffé de contrevérités pour affaiblir davantage le pays et son président. Surtout l’armée, accusée de tous les écarts relatifs aux droits de l’homme, en oubliant qu’elle est la grande victime de cette insécurité.
Le Général Keba Sangaré, un officier de valeur est pointé du doigt concernant les massacres d’Ogossagou, à travers des infos partielles et parcellaires, sans le nécessaire recoupement. Alors que pour les accusations portées contre la CMA, les experts se donnent le temps d’écouter Bilal Ag Chérif. En témoigne sa lettre du 22 mai 2020 (versé au rapport) pour rejeter toutes les accusations d’entrave à la mise en œuvre de l’accord et l’implication des membres de son mouvement dans le trafic de drogue.
Heureusement que le rapport n’est pas adopté par l’ONU. Tiébilé Dramé, le chef de la diplomatie malienne saura, sans doute, comment démonter les contrevérités entrecoupées dans le volumineux document.
Wa Salam!
Elhadj Chahana Takiou