Il est de tradition dans les communautés musulmanes, quelle que soit l’orientation des congrégations qui les composent, d’évoquer périodiquement la figure du Sceau des prophètes (PSL). Dans ces rappels, la relation de certains épisodes de son existence ici bas permet d’éclairer des traits de caractère que les théologiens portent en exemple aux fidèles. La période consécutive au début des Révélations coraniques constitue une référence à ce titre, car elle aura été une succession d’événements qui ont considérablement marqué le Messager. De multiples difficultés ont entravé sa mission et il a dû surmonter des épreuves pour se faire entendre, et délivrer son message.
Un théologien évoquant cette première étape, notera que malgré le soutien d’un large cercle de ses proches, la cité de La Mecque était loin d’avoir été acquise à sa cause. Ainsi, «le Messager contemplait avec tristesse sa cité natale, rétive à son appel, engluée dans ses fausses croyances et uniquement préoccupée par la recherche des biens de ce monde». Nourrissant cependant l’espoir d’étendre le message divin à d’autres localités, le Prophète entreprendra de rallier à cette période une petite cité prospère située à deux jours de marche de La Mecque. Selon les exégètes, ce voyage qui devait être anodin, se révèlera assez difficile. Au lieu de l’aide et de la protection qu’il escomptait y obtenir pour renforcer sa position face aux habitants de La Mecque, le Messager fut plutôt l’objet d’un accueil froid et même hostile de la part des responsables de la tribu qui régnait dans cette cité.
Les propos désobligeants ne lui furent guère épargnés lors des entretiens qu’il eut avec ces responsables. Pressentant le danger d’une atteinte à son intégrité physique, le Messager cherchera à se retirer incognito de cette cité figée dans sa suffisance. Mais cette requête aussi sera rejetée par les gouvernants qui mobiliseront la populace contre lui, afin de l’empêcher d’y séjourner, ne serait-ce qu’une nuit de plus. Les historiens relatent une sortie mouvementée de cette localité pour le Messager, qui fut même blessé à la jambe. Tourmenté, recru de fatigue, il parviendra néanmoins à échapper à ses persécuteurs et trouvera un certain réconfort à quelques lieues de là, au bord d’un champ.
Selon les théologiens, le caractère particulier du Guide l’islam se confirmera dans cette épreuve. Car tout autre humain, en pareille situation de détresse, n’aurait eu qu’un réflexe, celui d’invoquer toutes sortes de malédictions contre ceux qui venaient ainsi de lui infliger de si pénibles souffrances. Mais le Messager n’en fit rien. Tout au contraire, il souhaitait éviter à ses tourmenteurs le châtiment divin et réagira dans ce sens. Ainsi, «dans un geste de compassion qui donne la mesure de sa grandeur», notera un historien dans sa relation de l’événement, «le Prophète lèvera les mains et invoquera la protection du Miséricordieux, Seigneur des affaiblis». Se remettant en cause, il sollicitera sa protection contre la colère et s’astreindra à la repentance, jusqu’à ce que le Seigneur soit satisfait de lui. En parallèle, les oulémas exhortent le croyant à bannir de son cœur haine et rancune à l’égard de son prochain. Il est rappelé à ce sujet : « Repousse le mal par ce qui est meilleur ! » (23:96) Mais « Ce privilège n’est donné qu’à ceux qui exercent la patience, ceux qui ont reçu une faveur insigne » (41: 34)
A. K. CISSÉ
Source : L’ESSOR