La conjonction du cycle lunaire lié au calendrier islamique et le décompte du temps suivant la norme du calendrier grégorien condensent souvent dans des temps très rapprochés, des évènements significatifs pour les adeptes des trois grandes religions révélées. La commémoration du Mawlid, de la Nativité, et la fin de l’année «civile» sont autant d’évènements qui offrent aux communautés des croyants, des opportunités de se remettre en cause. Au-delà des trépidations de la cité, des flonflons de chaque fête, du brouhaha des mondanités et des joies éphémères qu’elles procurent à l’individu, les valeurs fondamentales de la foi ne peuvent manquer de traverser l’esprit des croyants.
Chacune de ces célébrations est, en effet, sous-tendue par les concepts de pardon, de solidarité, de générosité, entre autres, tous éléments essentiels d’une société qui n’a pas perdu ses repères. Mais ces vertus, connues et inlassablement prônées au sein des diverses communautés, plutôt que d’être la règle, apparaissent de plus en plus comme des exceptions qui sont donc magnifiées en tant que telles, car passant rarement inaperçues. C’est au contraire, le constat des intransigeances qui s’impose de plus en souvent entre individus, au sein des foyers, dans les communautés, entre congrégations, entre groupements humains. La violence et les attitudes de raideur ont tendance à prendre le pas sur la négociation et le dialogue, auxquels les protagonistes finissent par recourir un jour ou l’autre, quels que soient l’écart des positions et la virulence des antagonismes.
Cette préoccupation pour une meilleure concorde entre les hommes est donc malgré tout maintenue à différents niveaux. Ainsi des initiatives sont régulièrement mises en œuvre à différents échelons pour promouvoir «le dialogue». Ces démarches ne sont autres que la traduction du souci d’abattre les cloisons érigées dans l’esprit des hommes entre eux, afin de les conduire à mieux se connaître. Un prélat appréciant l’une de ces rencontres, écrira qu’il s’agit là d’un processus permettant aux diverses communautés des religions révélées, de découvrir «ce qui les unit et ce qui les différencie». Ce mouvement conduisant à «connaître et à respecter les convictions religieuses de l’autre», même si cette connaissance et ce respect des convictions ne signifient pas adhésion pour autant. Mais «savoir en parler d’une manière objective et respectueuse, cela fait partie de la conduite de croyants».
Appelant au partage des valeurs prônées par les prophètes, l’homme de religion mentionnera «l’obéissance totale à la volonté divine, l’humilité dans la conduite, la retenue dans les paroles, la justice dans les actions, la miséricorde dans les œuvres, l’amour envers tous, le pardon des fautes, le maintien de la paix avec tous les frères».
Aucune de ces valeurs n’est étrangère à l’Islam dans son essence qui, avant tout, a enseigné la reconnaissance de tous les prophètes des religions révélées. Rappel en est fait dans l’une des sublimes invocations coraniques sur le pardon : « Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Allah, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers; (en disant) : “Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers”. Et ils ont dit : “Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est à Toi que sera le retour”. » (2:285).
A. K. CISSÉ
Source: Journal l’Essor-Mali