Le Dialogue National Inclusif se déroulera finalement sans le chef de file de l’opposition, ses camarades et ses partenaires politiques. Attendu jusqu’aux derniers instants du départ de la locomotive, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie n’a en effet reculé d’un pouce sur son refus d’embarquer et ne compte visiblement pas rééditer la même flexibilité que lors de la Conférence d’Entente Nationale. En procédant à l’ouverture solennelle des travaux, avant-hier Samedi, le président de la République ne s’en faisait d’ailleurs pas d’illusion.
Aucune allusion n’a été faite à l’opposition – ni un appel du pied d’ultime espoir à son endroit -, en dehors des piques ayant consisté à couvrir de dithyrambes tous ceux qui ont opté pour une posture différente. Le refus de l’URD et alliés se justifiait au départ par moult réserves plus ou moins défendables, avant d’être éliminées les unes après les autres avec le recul progressif des plus hautes autorités. Et leur dernière concession en date est intervenue lors de la dernière adresse du président de la République à la Nation. En effet, le chef de l’Etat accédait sans détour à une des conditions phares de ses adversaires politiques, à savoir : le caractère contraignant des résolutions et recommandations qui vont découler du Dialogue National Inclusif. A moins d’annihiler l’ensemble du processus en revenant sur ses multiples étapes déjà bouclées, la satisfaction de cette exigence est la dernière possible. Elle a été précédée d’une série d’autres concessions sur l’Accord politique de gouvernance, mais qui n’auront guère suffi pour ramollir la position des amis de Soumaïla Cissé et les persuadés d’une participation au DNI. Ils choisissent du coup de cracher sur des initiatives et propositions émanant de leur inspiration. Il en est de même l’inclusivité du Dialogue faussée par l’absence de l’opposition alors qu’elle figure au nombre des conditions posées par le chef de file de l’opposition pour que soit acceptée la main-tendue du pouvoir au nom des impératifs liées à la crise multidimensionnelle.
Le hic est qu’en optant pour la chaise vide dans ces conditions, le camp de l’opposition ne rate pas seulement l’opportunité d’apposer son empreinte à une dynamique nationale, elle passe en outre pour une composante ayant délibérément choisi de s’exclure d’un processus dont elle peut revendiquer la paternité. Reste à savoir si le chef de file de l’opposition saura se relever de l’isolement d’être absent au chevet du grand malade qu’est le Mali et d’être en marge des diagnostics et propositions de remède qui marqueront le tournant historique qui se dessine.
A KEÏTA
Le Témoin