A quelques encablures du coup d’envoi de la 30e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, Guinée Equatoriale 2015, techniciens et amateurs du ballon rond poursuivent leur analyse. Notre pays, qui participe à la compétition, est logé dans l’un des groupes les plus difficiles. Une situation qui suscite de nombreux commentaires. C’est dans cette logique que nous avons tendu notre micro à un grand technicien du football malien. Il s’agit de Djibril Drame’, affectueusement appelé par ses amis et fans, « Djibi », actuel entraîneur de l’équipe des « Onze Créateurs » de Niaréla qui évolue en Ligue I Orange- Mali. Il fut également le grand artisan de la victoire du Stade malien de Bamako à la CAF en 2009. Dans cet entretien, il nous parle non seulement des chances des Aigles du Mali mais aussi de la situation de la poule D dans la quelle évolue notre équipe nationale.
Le Pouce : Quelles sont les chances des Aigles du Mali à la CAN 2015 ?
Djibril Drame’ : « Je vous remercie ainsi que tous les lecteurs du journal « Le Pouce ». Je pense que les équipes de la poule D où logent les Aigles du Mali se connaissent énormément pour avoir livre’ dans le temps des matchs, aussi bien sur le plan des compétitions officielles qu’au niveau des rencontres amicales. Ce sont des grandes nations de football qui ont chacune fait leur temps. Cela veut dire que c’est une poule qui s’annonce très dure. Il faut donc savoir que toutes les quatre équipes, notamment le Mali, le Cameroun, la Côte d ivoire et la Guinée Conakry, regorgent des valeurs incontournables qui leur permettent de s’adjuger la coupe. Les Aigles ont leur chance dans leurs mains .Tout dépend d’une bonne préparation de notre équipe nationale. Si cela est bien fait, le Mali peut se hisser à un haut niveau. Généralement au Mali, quand il y a ces genres de compétitions, la préparation est souvent perturbée par des blessures, soit à des problèmes de déplacement ou de primes. C’est une question de l’environnement. Je pense qu’à la date d’aujourd’hui, les autorités sportives notamment le ministère des Sports et la Fédération malienne de football ont pris toutes les dispositions pour que cette préparation puisse se faire dans des conditions idoines. C’est vrai qu’une organisation n’est jamais parfaite à cent pour cent, mais je crois que les décideurs ont essayé de mettre les bouchées doubles pour que cette fois- ci l’équipe nationale puisse se préparer dans les meilleures conditions. Il faut que le choix des hommes fasse l’objet d’une bonne lecture des encadreurs. Parce que je constate qu’il y a beaucoup des changements dans la liste des Aigles. Nous n’avons pas assez de joueurs expérimentés. Notre équipe est en reconstruction, mais il y a des individualités sur lesquelles nous pouvons compter. Il s’agit de Bakary Sacko et Modibo Maïga qui sont très percutants. Le Mali a son mot à dire .Tout dépend de la stratégie que les encadreurs vont mettre en place contre les tactiques des adversaires.
Je crains que les résultats des assises de l’Assemblée générale de la FEMAFOOT ne se répercutent sur l’environnement des joueurs à la CAN. Si malheureusement, ç’est le cas, je verrai très mal le Mali. »
Le Pouce : Quelles sont les forces et faiblesses des adversaires du Mali ?
Djibril Drame’ : « D’abord, quand je prends le Cameroun, il a montre’ lors des phases éliminatoires des capacités offensives, donc, il faut le prendre très au sérieux. Les Lions indomptables ont des individualités qui peuvent faire mal à tout moment. Ces individualités sont capables de basculer le poids des matchs. L’équipe camerounaise est physique et très athlétique. Mentalement, ils sont au dessus de la moyenne. Cependant, le Cameroun n’a pas une défense aussi stable. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il faut savoir que les confrontations entre le Mali et la Côte d’Ivoire se sont toujours terminées en faveur des Eléphants. Même sur le plan psychologique, ils ont une certaine ascendance sur le Mali. Cette fois- ci, je pense que le coup est jouable pour les Aigles, parce que ce n’est pas la Côte d’Ivoire d’antan. L’équipe a enregistré des départs. C est une équipe en reconstruction. De ce fait, ce mélange de nouveaux et d’anciens joueurs ne peut pas prendre la mayonnaise comme il le faut. Les éliminatoires n’ont pas été faciles pour les Ivoiriens. Ils ont souvent encaisse’ jusqu’à 4 buts. Cela veut dire que leur défense n’est pas rassurante. Mais ce qui est à craindre, c est des individualités comme Yaya Toure’, Gervinho.Ces joueurs peuvent également créer le danger à tout moment. La Côte d’Ivoire a également corrige’ son problème de gardien avec le remplacement de Copa Barry par Sylvain Goho.Ce dernier a fait tâche d’huile lors des compétitions de la Ligue des champions d’Afrique. Enfin, pour le cas de la Guinée Conakry, il faut savoir qu’elle a une équipe très technique, très vivante et très rapide. Là, c’est le Mali qui l’emporte toujours tandis que la Guinée fait le jeu. Sur le plan psychologique, les nôtres sont au dessus. »
Le Pouce : Etes- vous optimistes ?
Djibril Drame’ : « Techniciens que nous sommes dans le domaine du football, nous devons rester optimistes. Un technicien, suppose’ être connaisseur, ne doit pas dire du coup en partant à la guerre qu’il va perdre. Il doit jauger les forces et faiblesses de ses adversaires afin de pouvoir mettre en place une bonne stratégie. En matière de football, les résultats sont aléatoires. Tout dépend de la façon de faire. A défaut d’une victoire, il faut chercher le match nul. Si les encadreurs parviennent à faire la jonction de ces éléments, il n y a pas de raison que le Mali ne puisse pas se tirer d’affaire. Quoique le Cameroun et la Côte d’Ivoire soient des pays expérimentés en matière d’organisation dans les compétitions, le Mali a des arguments solides pour relever le défi .On a vu la Zambie remporter la coupe à un moment où personne ne pensait en leur équipe. Ils sont parvenus à se hisser au dessus du trône africain. Il faut alors une grange mobilisation de toutes les forces derrière l’équipe, les Aigles. L’ ‘histoire a démontre’ que chaque fois les Maliens se mobilisent derrière un objectif’, ils sont parvenus à atteindre le bout. »
Entretien réalisé par Jean GOÏTA
source : Le pouce
