Aujourd’hui-Mali : Un an après le coup d’Etat contre Bah Ndaw appelé “Rectification”, quel bilan en faites-vous ?
Djénéba Kéïta : La seule question qui vaille est l’union, tout le monde doit se donner la
Djeneba Keita
main pour sortir le Mali de cette ornière, acteurs politiques, société civile, diaspora et de s’atteler au développement économique et social des territoires. Voilà le seul combat qui vaille car l’extrême pauvreté mène à tout et il est urgent d’y faire face. Quand on ajoute à cela les conséquences dramatiques du changement climatique, nous allons vers des lendemains difficiles faits de guerres, de conflits, de migrations entières des populations, si nous ne prenons pas tout de suite les mesures qui s’imposent, du local au global.
Peut-on dire que “la Rectification” proclamée est vraiment en chantier ?
Vous savez, je ne sais pas le contenu donné à ce mot. Pour moi, ce qui urge est de travailler avec les partenaires, la Cédéao, pour trouver une issue rapide, notamment la levée des sanctions sur la population qui aggravent l’extrême pauvreté, la précarité. Quand on ajoute à cela la guerre en Ukraine, on va vers un cocktail social explosif. Déjà, le risque de l’insécurité alimentaire se pointe avec l’insuffisance pluviométrique et des milliers d’hectares de récoltes brûlées par les djihadistes.
C’est le lieu de rendre hommage à toutes les victimes civiles, militaires, tuées par cette lâche guerre et de manifester une solidarité entière à leurs familles.
Si vous avez un conseil ou une proposition à faire, que diriez-vous ?
Que les autorités de la Transition et la Cédéao trouvent rapidement un terrain d’entente pour la levée des sanctions dont les premières victimes restent le peuple du Mali. Et un retour à l’ordre constitutionnel.
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Aboubacar Soumaré, 2e secrétaire général à la communication du BPN de RDA-Mali : “Assimi doit savoir que son Premier ministre est le problème et non la solution”
Aujourd’hui-Mali : Un an déjà, après le coup d’Etat contre Bah Ndaw appelé “Rectification”, quel bilan en faites-vous ?
Aboubacar Soumaré : C’est un bilan mitigé, à part la montée en puissance des FAMAs. Aujourd’hui, le gouvernement doit savoir que la récréation est terminée. La parole ne peut pas remplacer le travail. La nature a horreur du vide car la majorité des Maliens ont compris le jeu de son Premier ministre durant les 9 mois qui était de l’enfumage, de la victimisation et surtout la fuite en avant. De grâce, qu’il sache que nous ne sommes pas dupes et que nous avons compris, dès le début, que pour qu’il se maintienne, il doit s’appuyer sur la division, la provocation, en tirant sur la fibre émotionnelle des compatriotes en perdition totale.
Peut-on dire que “la Rectification” proclamée est vraiment en chantier ?
La question qui se pose, est-ce que ce n’est pas la Rectification elle-même qui doit être rectifiée ? On ne trompe pas son peuple ! Que l’on ne tient pas mille langages en disant et se dédisant. Le peuple malien mérite respect et considération. Les enjeux nous poussent à ne plus jouer à ce jeu. Le devoir patriotique nous impose de siffler la fin de la récréation. Le président Assimi doit savoir que son premier ministre est le problème et non la solution.
Si vous avez un conseil ou une proposition à faire, que diriez-vous ?
Je demande au président Assimi Goïta de prendre une initiative salutaire dans ce sens. Proposition pour réussir la fin de la Transition. Il faut qu’il prenne le courage politique d’aller à la rencontre de la classe politique pour écouter afin de trouver un cadre de travail ensemble. Qu’il fasse un remaniement pour changer les ministres inactifs, affairistes et incompétents afin de donner un nouveau souffle à ce gouvernement essoufflé.
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Hamidou Sampy, journaliste-communicateur :
“Nous avons montré le chemin alors battons-nous et travaillons pour relever la tête”
Aujourd’hui-Mali : Un an déjà, après coup d’Etat contre Bah Ndaw appelé “Rectification”, quel bilan en faites-vous ?
Hamidou Sampy
Hamidou Sampy : Rectification, je dirai oui parce que cette deuxième phase de la Transition a permis un regain de souveraineté. Le Mali a forgé son respect sur l’international et cela a permis de lustrer un peu notre image et notre réputation à l’étranger. Les Maliens ont commencé à avoir beaucoup de respect et d’admiration par le peuple africain, et surtout les panafricanistes qui nous prennent aujourd’hui comme référence. C’est une très bonne chose et cela a renvoyé au Mali des années 1960, 1961 et 1960 où notre pays constituait vraiment une référence sur la scène internationale. Il y a également la capacité de résilience qu’ils ont suscitée chez les Maliens. En somme, ils ont plus suscité en regain de patriotisme qui fait que les Maliens ont accepté de subir l’embargo, rien que pour sauver leur dignité et leur souveraineté. Là, c’est quelque chose de positif.
Si vous avez un conseil ou une proposition à faire. Que diriez-vous ?
Si j’ai un conseil à donner, c’est beaucoup plus de compromis. Aujourd’hui, nous avons repris le lustre d’antan, nous sommes devenus un peuple respecté, un peuple adulé par toute l’Afrique et cela a même permis de créer un regain d’africanité sur beaucoup de gens. Oui, il est important que nous puissions également nous mettre à la tâche. Il faut travailler et travailler encore plus parce que c’est comme quelqu’un qui réveille un lion qui dormait. Tu le blesses, il va falloir que tu tiennes bien ton fusil et te préparer à le terrasser.
Sinon, comme j’ai dit dans mon édito de l’autre jour, nous n’avons pas besoin de faire le dessin pour la suite parce qu’on ne fera plus de cadeau. C’est-à-dire que ceux qui sont en face ne nous feront pas de cadeau. Leurs complices ne nous feront pas de cadeau et tout sera fait pour nous utiliser comme ils veulent. Alors, faisons tout pour ne pas être utilisés comme leçon pour les autres qui veulent se comporter comme nous. Nous avons montré le chemin, alors battons-nous et travaillons pour relever la tête.
Aujourd’hui, le Rwanda à du nom, mais il a eu le nom en travaillant ce nom, en s’attelant aux choses les plus sérieuses. Il faut qu’on avance et qu’on puisse mettre en priorité les axes prioritaires du développement du pays, et surtout en mettant des techniciens qui peuvent bien faire le travail pour que nous puissions nous en sortir. Si nous voulions devenir comme le Rwanda ou le dépasser parce que les Rwandais n’ont rien comme ressource, si nous voulons devenir comme ce pays, il faut beaucoup de sacrifices et je suis sûr que les Maliens sont prêts à faire autant de sacrifices pour le développement du pays. Mettons-les Maliens au travail et nos dirigeants avec. Je pense que c’est avec cette clé que nous pouvons aller très loin, sinon, qu’une Transition soit longue ou courte, je pense que c’est des Maliens qui seront là. Peu importe, il est important seulement que nous travaillions. Si nous travaillons, c’est la chaîne parce que ceux qui sont là aujourd’hui, au moment de partir, remettront à d’autres Maliens qui seront aptes à diriger et ils vont continuer le combat.
Maintenant, il ne faut pas que cela soit un pas en avant et deux pas en arrière. J’avoue que cela ne nous nous amènera nulle part. Il est important d’avancer et de progresser sérieusement. Le Mali est un pays d’espoir et d’avenir, si l’Afrique doit se réveiller et se développer, je pense que cela passera par le hub naturel que constitue le Mali. Les hommes sont braves, intelligents, entreprenants et ils vont donner la clé du développement de l’Afrique.
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Cheick Oumar Soumano, président de l’organisation des jeunes patrons du Mali (OJPM) :
“On doit poursuivre le dialogue avec les partenaires”
Aujourd’hui-Mali : Un an déjà, après le coup d’Etat contre Bah Ndaw appelé Rectification. Quel bilan en faites-vous ?
Cheick Oumar Soumano
Cheick Oumar Soumano : Vous savez, pour faire un bilan d’une Transition, il est toujours important de prendre en compte les deux composantes que sont l’actif et le passif. Une année après la Rectification, il faudrait passer en revue les éléments qu’on peut mettre aussi bien à l’actif qu’au passif et c’est à la suite de cela qu’il est plus logique d’avoir une bonne lecture du bilan.
Pour ce qui est de l’actif, on peut mettre au crédit de la Transition, après l’intervention de la Rectification, entre autres, les éléments suivants : la montée en puissance de l’armée, l’imposition du respect du Mali à certains partenaires étrangers, la réunion de tous les Maliens autour de la défense de la patrie et l’augmentation de la fibre patriotique, la création d’emplois à travers notamment l’organisation du concours d’entrée à la Fonction publique de plus de 860 jeunes. En termes de passif, on peut relever l’absence de soutien d’une partie de la classe politique à certains idéaux de la Transition, deux tentatives de déstabilisation, le faible taux de réalisation du programme d’actions gouvernemental, la suspension des décaissements de certains partenaires financiers. Je crois qu’à la lecture croisée du passif et de l’actif ainsi présenté, chacun peut tirer ses propres enseignements.
Peut-on dire que la Rectification proclamée est vraiment en chantier ?
Je pense que oui, même si il y a quelques difficultés qui se font jour, notamment celles découlant de l’embargo injuste imposé à notre pays depuis janvier et les dissensions qui existent entre certains membres de la classe politique.
Si vous avez un conseil ou une proposition à faire…Que diriez-vous ?
J’allais demander aux autorités de ne jamais se lasser dans la réconciliation de l’ensemble des fils du pays, de poursuivre le dialogue avec les partenaires et de profiter des compétences de tous les Maliens, en mettant en place une espèce de forum à idées permettant à tout fils du Mali de faire des propositions aux autorités dans les domaines en lien avec ses compétences.
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd`hui