Les Chinois se croient en terrain conquis. L’absence de comptabilité analytique, le non remboursement d’un emprunt de 46 milliards de FCFA accordé par le Mali ont miné la confiance entre les deux partenaires.
Dans le cadre des visites de ses structures affectées à son département, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo a effectué une visite dans les usines Sukala et Nsukala à Dougabougou. Sukala et Nsukala sont des usines de sucreries détenues à 40% par le Mali et 60% par la République populaire de Chine. Après leurs échanges, le ministre Diallo a accusé les responsables des usines.
Très en colère contre les responsables des usines Sukala et Nsukala, le ministre Moussa Alassane Diallo a tapé du poing sur la table. ‘’ Nsukula ne rembourse l’emprunt rétrocédé par l’Etat du Mali d’un montant de 46 milliards de FCFA. Elle ne paye pas correctement sa dette fiscale’’, a-t-il déploré. Le ministre Diallo poursuit que Nsukala ne paye pas de dividendes et de redevances à l’Etat du Mali. Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, l’usine Nsukala ne respecte pas la règlementation, la législation du travail en vigueur en République du Mali et elle n’a pas de procédure administrative et financière à jour qui permet d’assurer la double signature sur les comptes avec un malien et chinois. Toujours pour lui, Nsukula ne tient pas une comptabilité analytique qui permet d’assurer la vérification du coût de production donc tout cela se traduit aujourd’hui par l’absence de transparence dans la gestion.
La comptabilité analytique permet de mieux comprendre les frais de l’entreprise, en les classifiant selon leur nature. Elle permet de détailler les dépenses effectuées de façon exhaustive, afin d’améliorer le contrôle et la gestion.
Prenons l’exemple d’une entreprise avec un nombre élevé d’employés réalisant des déplacements professionnels. La comptabilité financière, qui est la seule comptabilité obligatoire, dira combien dépensent les employés en voyages d’affaires, de façon générale. Tout au plus, cette comptabilité pourra spécifier combien ils ont dépensé en logement, en transport, etc. La comptabilité de analytique ou de gestion va plus loin et permet de détailler les types de frais engagés: les dépenses en taxi, en transport public, en kilométrage avec une voiture personnelle, etc. Ainsi, en suivant ce cas hypothétique, nous pourrions découvrir que les frais de taxis sont très élevés. Il sera alors possible d’étudier des alternatives et des solutions .Grâce à l’information actualisée et détaillée fournie par la comptabilité de gestion, il sera possible de trouver des solutions pertinentes afin d’adapter les décisions, les politiques et les actions menées à la réalité de l’entreprise et aux besoins de ses salariés. De même, l’amélioration de la gestion des coûts passe par un meilleur contrôle du budget.
En somme, la transparence de la gestion n’est pas assurée à Nsukala, la traçabilité des gestions et des écritures ne sont pas assurées donc aujourd’hui il y a une rupture de confiance entre Nsukala et le ministère de l’Industrie et du Commerce.
Repartir sur des bases saines
A cause de tous ces problèmes, le ministre estime qu’il est temps de partir sur de nouvelles bases. ‘’ Le statuquo n’est pas une hypothèse. Ça ne peut pas durer. Ce n’est pas possible. Il n’y a aucun programme de développement économique notamment d’aménagement des terres pour accroitre le niveau de la production sucrière et de la canne à sucre. Il n’y a pas de programme industriel pour le court et le long terme’’, a-t-il affirmé lamentablement. Il poursuit que Nsukala ne présente ni une rentabilité économique ni une rentabilité financière parce que les fonds propres sont négatifs, le fonds de déroulement est négatif, la trésorerie est négative, les résultats nets sont négatifs, la capacité d’endiguement est nulle, les ratios de gestion ne sont pas respectés.
Vu tous ces carences, le ministre Diallo a prononcé que le Mali ne gagne rien du tout à Nsukala et cela ne peut pas continuer. ‘’ Une affaire est bonne que si chaque partenaire gagne. C’est cela qui fait qu’on a des stress, des soucis. Le ministre Moussa Alassane Diallo a informé que la production des deux usines sucrières ne couvre pas le tiers des besoins nationaux de consommation.
Pour trouver une solution aux problèmes de Sukala et Nsukala, le ministre a évoqué la convocation d’un conseil d’administration et une assemblée générale dans les tous prochains jours en collaboration avec le ministre de l’Economie et des Finances afin de passer au peigne fin l’ensemble des problèmes rencontrés, au terme desquels « sortira des décisions qui respecteront l’engagement du président de la transition, le colonel Assimi Goïta ‘’, a-t-il dit.
Diakaridia Sanogo
Source : L’Informateur