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Discours IBK à l’OCDE à Paris: « le gouvernement du Mali ne triche pas »

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Bissimilaye rahamane-Rahim.

Monsieur de la République française, cher ami ;

Monsieur le président de la commission d’organisation de l’OCDE ;

Mesdames et messieurs, les représentants des pays et organisations internationales et amis du Mali ;

Distingués invités tous en vos rangs, grades et qualités, tout protocole observé ;

Mesdames et messieurs

J’aimerais tout d’abord adresser mes sincères remerciements aux autorités françaises pour l’accueil très chaleureux qui m’est réservé, depuis que j’ai foulé le sol de ce pays ami et cher. Toute ma délégation et moi, nous en sommes infiniment reconnaissants. Permettez également que j’exprime ma profonde gratitude à son Excellence, le président François HOLLANDE, président de la République française pour avoir accepté de coprésider, ce matin en notre compagnie, ce grand forum pour la relance économique du Mali ; conférence intitulée : « Conférence aux stratégies et d’appel de fonds pour la République du Mali ». Lesquelles conférences s’inspirent des résolutions pertinentes de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Nous nous souvenons que de l’élan de solidarité extraordinaire de la France vis-à-vis du Mali, lorsqu’en 2012, des terroristes ont cru pouvoir défier le Mali, de subjuguer et de défier le reste du monde également, en envahissant ce pays de paix, de concorde éprouvé au long des siècles. Leurs actions étaient vouées à l’échec, le Mali ne connaît que la pratique saine et paisible de la religion de Mohamet (PSL). Pays de convivialité religieuse, de communion religieuse, de grande convivialité inter-religieuse, nous n’avons jamais connu d’exclusion au motif religieux. Aussi, cette invasion avait d’autres objectifs et buts que celle de la religion, surtout qu’ils s’étaient agis de s’en prendre à une ville connue de mémoire d’homme, Tombouctou, par sa religion pour la qualité et la valeur de ses savants et jurisconsultes. Ce disant, je fais allusion à cet éminent jurisconsulte amené dans le royaume chérifien et prié de s’agenouiller devant le Sultan Almassour refusa tout net : « je ne m’agenouille…, je ne peux qu’obéir qu’à Allah soubhana Wathala. Donc, si ce pays-là, qui sert à conquérir pour l’islam, que non, que non. Et, Tombouctou a su faire preuve d’une formidable résilience.

Mesdames et messieurs,

C’est pour moi également l’occasion d’exprimer toute ma gratitude à mon peuple, peuple du Mali et à la communauté internationale. Laquelle, pour une des rares fois, s’est mobilisée comme un seul homme au chevet du Mali et toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ont concouru à ce que nous célébrons aujourd’hui la paix au Mali, l’unité du Mali et la sauvegarde, le réconfort de la démocratique malienne.

Chers amis de la communauté internationale, tout pays confondu. Je vois mon ami LADSOUS, qui est là ; soyez-en remercié. Nous ne t’oublierons pas. C’est aussi, vous le comprendrez, vous avez fait allusion. Cher mon ami, c’est aussi le lieu de remercier singulièrement et chaleureusement le peuple algérien, son chef, notre ainé, le Président Abdel Aziz BOUTEFLIKA pour son engagement constant auprès du Mali. Dès que nous nous sommes rendus en Algérie pour lui dire notre souhait de voir l’Algérie, dorénavant, abriter nos pourparlers inter-maliens, il a fait tout de suite droit à notre requête et, de ce jour au 15 mai, date de conclusion de la 1ere partie de l’accord, nous avons trouvé en Alger, une vive, une brulante et une singulière hospitalité humaine à hauteur de l’homme. Jamais, les Maliens venus en nombre, plus de 200, puisque nous voulions la rencontre inclusive, ils n’ont jamais été boudés, ils n’ont jamais senti qu’ils pesaient. Cela est la preuve que l’Algérie est un pays frère et ami de cela, je dois témoigner aujourd’hui et dire bravos à l’Algérie ! Merci ! C’est ça, la fraternité et la vraie. Bien sûr, j’en suis le premier ravi de toute l’équipe dirigeante et mon frère Ramatane, qui est ici, au premier rang pour tous les efforts vigoureux déployés en compagnie de son ami et complice de route, Laurent Fabus. Tout cela a aidé le Mali, fabuleusement à être aujourd’hui ici à l’OCDE pour demander à la communauté internationale au monde entier de continuer l’effort, de ne pas baisser le bras. Si la paix est signée au Mali, elle n’aura de sens autant qu’elle soit sous-tendue, soutenue vigoureusement par une relance économique digne de ce nom. La paix n’a pas de sens s’il n’y a pas de dividende de la paix. Quelle serait cette paix là qui ne ferait pas l’eau potable à nos enfants, qui n’ouvrira pas des écoles à nos enfants, qui ne ferait pas que Kidal soit une capitale, à l’instar de toutes les capitales aujourd’hui, digne du 21e siècle avec un aérodrome, une aérogare digne du 21e siècle et digne du Mali. Et, quelle serait également cette singulière paix qui n’assurait pas désormais une liaison régulière et rapide entre les différentes régions du Mali, singulièrement entre le sud et le nord, entre Gao, Kidal et Tombouctou ? Projet d’ailleurs commencé grâce à l’aide française qui malheureusement a été stoppée, dès que le premier coup de lame fut lancé ; le chantier a dû être arrêté pour cause d’insécurité. Cela doit cesser. Nous devons tous comprendre qu’aujourd’hui notre chance est unique. Ne la perdons pas ceux qui sont là pour que notre pays soit ce que nous souhaitons qu’il soit. Et pour cela, chacun où qu’il soit quelque soit son engament doit faire l’effort nécessaire de compréhension, de faire le pas vers l’autre pour ce qui est possible, ce qui est désiré, ce que nous souhaitons soit mis en œuvre pour le grand bénéfice de nos populations. Notre accord de paix est un accord inclusif, global qui, nous en sommes convaincus, va contribuer largement, nous en sommes persuadés, à la réconciliation du peuple malien avec lui-même et au retour de la stabilité, non seulement au Mali, mais dans l’ensemble de notre sous-région qui en a bien besoin.

Mesdames, messieurs, chers amis

Après la signature de l’accord pour la paix, la réconciliation au Mali, le gouvernement, sous ma direction, s’est attelé à sa mise en œuvre. Et, nous n’avons pas attendu d’ailleurs qu’il soit d’effet pour anticiper dans certaines mesures. Tout ce qui n’est pas de nature à créer la confiance et à la conforter a été enclenché et nous poursuivrons.

Et, je dis très clairement, que là je parle en tant que Chef d’État, mais en tant aussi que Chef militaire, je ne tolérai pas qu’aucun de nous ne s’amuse de penser que l’accord de paix signé par nous librement par toutes les parties soit mis en cause par qui que ce soit pour quel motif que ce soit. Chacun a signé l’accord de paix librement, librement. Et, dans ce pays, nous nous targuons des hommes d’honneur et de dignité absolue. Et, que chacun s’en souvienne et donc qu’il ne vienne à l’esprit d’aucun d’entre nous de jouer à la malice. En tant que Chef d’État du Mali, je me veux le garant de cet accord de paix. Et, j’y veillerai. J’ai pris un engagement solennel devant le monde entier et si je passe devant mes compatriotes comme un homme de parole (Kankélétigui), je ne peux pas commencer maintenant à être autre que j’ai toujours été dans ma vie. Donc, qu’on se le tienne pour dit. L’accord de paix nous offre à tous une chance inouïe d’évolution vers ce que nous souhaitons tous : ce pays de paix, de convivialité tant vanté par ceux qui nous ont précédés ; qui ont fait que le Mali était une destination enviée. Quand les voyageurs, quand les grands historiens, géographes… Ibn Kaldoun nous ont décrit ce Mali-là, pays de convivialité, pays aux mœurs policés, pays où il fait bon vivre, pays où on respecte l’homme et ses droits.

Aujourd’hui, ne faisons pas en sorte que cela soit démenti par nos faits et agir.

Le traitement juste et équitable des régions du nord, lourdement affectées par la crise constitue une grande priorité pour l’ensemble du peuple malien et son gouvernement et de son président. J’ai pu constater qu’il en a été de même pour la communauté internationale. La preuve aujourd’hui ce matin, Monsieur le Secrétaire général, en vos murs, vos engagements, nous sont allés droit au cœur, et nous sommes convaincus que vous serez avec nous.

Chers amis,

Je voudrais maintenant vous dire que pour la stratégie spécifique de développement pour les régions du nord inclusif prévue par l’accord de paix en ses articles 34 et 35, le Mali s’engage pour un relèvement rapide et prioritaire des régions du nord, à travers la mise en œuvre immédiate des plans d’urgence pour la période intérimaire. Le Mali s’engage pour la réalisation des infrastructures prévues à l’annexe 3 de l’accord de paix pour la relance économique et pour un développement équilibré de l’ensemble des régions du nord et du Mali, tenant compte de leurs potentialités respectives.

Le Mali s’engage, avec détermination constante, dans la réforme de l’État à travers une décentralisation renforcée, fondée sur la régionalisation et la libre administration des collectivités dans le respect des lois nationales, en la matière.

Le Mali s’engage à créer et à propos de la réforme de l’État, je voulais dire ceci, à mes frères, singulièrement mes frères de Kidal, quel bel exemple ? Quel bel exemple que d’avoir nommé mon frère Mohamed Ag ERLAF ministre de la Décentralisation et de la réforme de l’État du Mali. Je crois que cela se passe de commentaires, chacun sait que Mohamed que j’appelle, Hamane, est un Kidalois de pure souche. Donc, tout ce qu’il faut pour qu’il y ait la confiance, la confortée sera fait, je n’hésiterai jamais à le faire.

Le Mali s’engage à créer, et j’ajouterais également que puisqu’il avait géré, par le passé, l’Agence d’investissement pour les collectivités territoriales et j’ai fait mettre en ces lieux et places un autre Kidalois, mon frère Akory Ag IKNANE. Cher ami, il n’y a pas de malice. Le gouvernement du Mali ne triche pas, il est engagé à fond et il souhaite qu’en retour vous lui accordiez votre confiance. Sans la confiance, rien n’est possible et rien ne sera fait. Pour ma part, je la tiens, tenez la vôtre.

Le Mali s’engage à créer un fonds de développement durable à l’horizon 2016 en accord avec nos partenaires. Il souhaite également, malgré la faiblesse de ses moyens, Monsieur le ministre des Finances, le Mali s’engage également à être le premier contributeur de ce fonds. Nous ferons l’effort (dès qu’on parle d’argent, vous changez de couleur, mais faites l’effort, monsieur le ministre des Finances).

En préparation de la conférence, cette mission conjointe que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, toutes les banques que je salue ici, du haut de cette tribune, qui ont toujours été à nos côtés. Une mission de ces trois institutions bancaires s’est rendue sur le terrain, à partir du mois de juillet dernier. C’est le lieu pour moi d’adresser mes félicitations les plus vives à ces partenaires pour rompre définitivement avec le cycle de crises et faire que cet Accord pour la paix et la réconciliation soit le dernier. Et, il faut donner la priorité à l’inclusivité et nous le ferons. Nous le ferons et c’est du reste la conclusion à laquelle le gouvernement et ses partenaires sont parvenus, lors des deux rencontres préparatoires de la présente conférence tenue à Bamako les 09 et 12 octobre 2015. Ce travail de partage (il parait qu’il faut que je sois moins bavard, je sais que mon ami est résolument… je fais l’effort François, mais tu me connais malheureusement, ce n’est pas à mon âge qu’on change beaucoup hein, non !). Ce travail de partage, d’enrichissement, d’ajustement, de précision est donc entamé et se poursuivra même après cette conférence. C’est donc, une stratégie ouverte sur l’avenir, dont nous parlons aujourd’hui. Vous l’aurez compris, notre engagement est de privilégier le dialogue pour le règlement de toutes les questions intéressant la vie de la nation malienne, tout en restant intransigeants sur les valeurs républicaines qui sont les nôtres.

Chers amis

Le processus de décentralisation auquel vous avez fait allusion, cher ami, BOYUYA a besoin d’approfondissement urgent. La réorganisation, qui a été le choix du Mali, lors des États généraux que nous avions convoqués à cet effet dès notre prise de fonction, consiste à doter les régions de pouvoirs, de responsabilités effectives et de moyens adaptés dans la conduite du développement régional et local rendant ainsi les populations et les élus locaux maîtres et comptables de leur choix, en matière de développement dans tous les domaines transférés.

La décentralisation, la régionalisation, par ce sujet, on a en mémoire de souvenir de ce qui s’est passé ici même en France, lorsque Jean Marc, expert, a convoqué les gens de De Gaule d’aller vers cela. Hélas, je ne pense pas que les études mûres à l’époque, ils avaient raison, ils ont eu raison trop tôt, on sait la suite. La stratégie donc de développement pour les régions du Nord et les destinations des missions d’évaluation conjointes établissent des besoins chiffrés à plus de 3 milliards d’euros sur le court et moyen termes. J’ai le plaisir d’annoncer que le gouvernement du Mali a décidé d’un effort de paix exceptionnel, d’un effort financier exceptionnel, dont les montants et les modalités provisoires ont été annoncés lors des deux conférences préparatoires, un effort financier. Et seront donc probablement confirmés lors de celle-ci, monsieur le ministre des Finances.

À la fin de la période intérimaire, le Mali envisage un programme d’emprunt sur le marché sous régional et un recours aux financements innovants. La gestation de ces (nouvelles) instruments financiers sera conçue dans une approche partenariale associant les finances publiques, les régions, les collectivités décentralisées et les partenaires.

Distingués invités mesdames et messieurs ;

Le gouvernement du Mali a engagé un vaste programme de réformes institutionnelles, socio-économiques et culturelles. Après plusieurs années de pratiques répressives, face au dysfonctionnement dans la gestion des affaires publiques, le gouvernement du Mali s’est engagé désormais dans la promotion des stratégies préventives, à faire un programme d’amélioration, de la transparence et de l’accès du public à l’information sur la gestion des affaires publiques. Le gouvernement a également adopté une loi sur l’enrichissement illicite, une loi portant répression du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. Et, un nouveau Code des marchés publics et de délégation des services publics, respectant les standards internationaux. La déclaration des biens par les responsables politiques et de sa mise à jour annuelle est de rigueur, conformément à la Constitution. Je m’y suis prêté au mois d’août dernier, conformément à l’attendu de la Constitution.
Chers amis,

Des efforts de réformes déjà engagés seront maintenus et renforcés pour l’amélioration du climat et de la pratique des affaires, la promotion des investissements nationaux et étrangers, la facilitation de l’accès aux crédits et le développement des infrastructures du pays. De même que nous comptons faire des efforts pour favoriser l’émergence d’une justice compétitive à forte valeur ajoutée. Investir dans le développement endogène, c’est d’avoir tiré le meilleur de la nature du Mali. Le pays dispose d’énormes potentialités économiques, vous avez fait allusion, la présence sur tout le territoire de deux, parmi les plus grands fleuves d’Afrique, les fleuves Niger et Sénégal, que le Mali abrite les plus grands segments et l’essentiel des bassins versants. Ils font d’une gestion partagée des ressources telles dans l’OMVS (l’Organisation pour mise en valeur du fleuve Sénégal).

Pour le Niger, je vais parler un peu plus abondamment, si vous me le permettez d’en faire l’économie ici, lors de la COP 21. En tant que président en exercice du CILSS (Comité inter État de lutte contre la sècheresse au Sahel), mais également en tant que président du Mali, j’alerte sur le sort de ce fleuve. L’histoire connait les sorts des cas de fleuves et de cours-d’eau qui ont disparu. Je le sais en tant qu’historien-géographe. Je ne souhaite pas cela pour mon pays qu’à Dieu le plaise. Nous avons également les vastes plaines du delta intérieur du Niger qui offrent le plus grand potentiel irrigable de la région avec un potentiel de plus de 2 millions d’hectares, dont moins de 200 mille ont été mis en valeur à ce jour, j’en ai même presque honte d’en parler ; un fort potentiel en ressources foncières ; un potentiel riche et diversifié qui remonte au moyen âge malien ; un potentiel important d’énergie renouvelable, notamment solaire que la valeur grâce à l’innovation ait attiré les investisseurs en premier pour une sécurisation d’outils de production. Ce qui implique pour le Mali de se doter d’un environnement juridique solide et compétitif. À ce niveau, je veux être très clair.

J’ai toujours dis que mon crédo, c’était de voir la loi : duralex sed lex et je ne souhaite pas également un État de droit factice. On dit un État de droit à l’africaine, c’est une insulte, il n’y a pas d’État de droit à l’africaine, il y a État de droit tout court qui obéi aux règles universelles admises. Et, tel doit être le cas et nos standards doivent s’y conformer. À cet égard-là, soyez extrêmement exigeante et rigoureuse, Mme la Garde des Sceaux.

J’arrive à la conclusion François. Nous devons réaliser les projets de développement économique et social requis, car ils sont indispensables pour consolider la paix et réaliser la conciliation, restaurer la cohésion sociale et raffermir l’unité nationale. Je vais terminer mon propos en formulant les vœux que la présente conférence puisse susciter au-delà de la solidarité, par laquelle elle s’est déjà admirablement manifestée, l’émergence d’un partenariat fécond entre le Mali et la communauté internationale pour l’atteinte de nos idéaux communs de construction d’un monde de paix et de stabilité et pour le bénéfice de nos populations.

Vive la solidarité internationale,

Vive la coopération entre les communautés pour un monde meilleur, sûr et prospère

Merci !

Source: Info-Matin

 

 

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