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Discours du ministre Abdoulaye Diop à l’ouverture de la conférence sous-régionale de l’Afrique de l’Ouest, en prélude au 9ème Congrès panafricain

“• Excellences ;
• Mesdames et Messieurs,

Mes premiers propos seront pour vous souhaiter à tous, au nom de Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat, du Gouvernement et du Peuple du Mali, et en mon nom propre, la chaleureuse bienvenue au Mali.
Nous nous réjouissons d’accueillir à Bamako des personnalités représentant des Etats ou la société civile et d’un profil aussi riche et divers.


Le Mali est honoré d’abriter la conférence sous régionale de l’Afrique de l’Ouest, en prélude au 9ème Congrès panafricain. Je ne saurai poursuivre, cher frère Robert, sans saluer le leadership du Togo, dont les autorités ne ménagent aucun effort pour le succès de cet évènement majeur pour le continent africain, ainsi que pour la réussite des rencontres régionales, préparatoires du Congrès.
Terre de migration par excellence, le Mali se reconnait pleinement dans le thème qui nous réunit deux jours durant, afin d’examiner les différents aspects liés aux diasporas, aux Afro-descendants et au développement.
Comme vous le savez, loin de ce que certains tentent de présenter comme une « légende africaine » le Mali a un lien historique particulier avec les diasporas et les Afrodescendants, qui remonte au voyage transatlantique effectué par l’Empereur du Mali, Abubakari II, en 1312, soit plus d’un siècle avant Christophe Colomb.
Ensuite, pays de départ, de transit, mais aussi de destination de migrants, le Mali se trouve aujourd’hui au confluent de la question migratoire, qui représente, pour les Autorités maliennes, particulièrement pour Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat, un enjeu majeur.
Si, depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs de la République du Mali ont œuvré à améliorer les conditions de vie, de résidence, de mobilité, et à créer des opportunités spécifiques aux diasporas maliennes, tout comme aux ressortissants étrangers établis au Mali, les autorités de la Transition, pour leur part, ont très tôt pris la mesure de l’engagement des diasporas maliennes et africaines, et des Afro-descendants en faveur de la noble lutte d’émancipation, de libération des populations maliennes.
La meilleure illustration de cette mobilisation sincère est clairement apparue lors des manifestations de ressortissants de pays africains et de personnes Afro-descendantes, pour s’opposer aux injustices faites au Mali, dès octobre 2021, manifestations qui ont culminé à des niveaux de participation inégalés en janvier 2022 suite à une série de sanctions injustes, illégales et inhumaines imposées aux populations maliennes afin de briser la dynamique de la refondation.
Les Maliennes et les Maliens ont ainsi reconnu et apprécié à sa juste valeur le soutien spontané et fraternel de leurs frères et sœurs, durant une période de crise intense.
Cet exemple d’une expérience de fraternité africaine me permet de témoigner de la vitalité de l’esprit de solidarité propre à l’Afrique. Il nous permet également de constater que, de manière spontanée, sans organisation particulière préalable, les diasporas africaines et les Afro-descendants parviennent à se mettre au diapason des défis rencontrés sur le continent africain pour constituer une force, un levier d’influence dont il est plus que jamais utile de tenir compte.
L’élan naturel qui a motivé les diasporas et les Afro-descendants à se réunir pour se tenir aux côtés de leurs frères et sœurs du Mali prouve à suffisance le potentiel dont disposent les membres de ces communautés pour se faire entendre. Cela nous conforte dans notre démarche, inspirée par la vision du Président de la Transition, de renforcer les efforts en vue de la réalisation d’une véritable intégration sous régionale et régionale, centrée autour des intérêts des populations concernées et à l’abri des ingérences extérieures.
C’est tout le sens des décisions et des initiatives récentes que le Mali et d’autres Etats du Sahel, notamment dans le cadre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont prises, pour mettre les populations au cœur de nos actions.
C’est le lieu de réitérer l’engagement patriotique du Mali et la dédicace des Autorités de la Transition à renforcer l’unité africaine, à travers des mécanismes au sein desquels le leadership africain et les intérêts de l’Afrique sont respectés affirmées et assumées.
Dans cette dynamique, le Mali a été de tous les combats en faveur de l’émancipation et la libération des peuples africains, et n’a cessé d’inscrire dans ses constitutions successives, y compris celle promulguée le 22 juillet 2023, la possibilité d’un abandon partiel ou total de sa souveraineté en vue de la réalisation de l’unité africaine.
Toutefois, nous tenons à rappeler que l’attachement du Mali aux valeurs originelles du panafricanisme ne peut cohabiter avec une politique centrée sur des sanctions et des mesures coercitives prises par des organisations dont les principes fondamentaux sont l’entraide, la solidarité, la fraternité. Le Mali continuera de s’opposer aux mesures et sanctions unilatérales et instrumentalisées, particulièrement lorsqu’elles frappent des populations innocentes, tout comme nous nous élevons contre toute politique fondée sur la domination, l’assujettissement des peuples, le néocolonialisme, le paternalisme et la condescendance.
• Excellences ;
• Mesdames et Messieurs,
Le continent africain est un continent riche. Sans doute le continent le plus riche. En disant cela, nous pensons spontanément aux richesses naturelles, aux richesses de notre sous-sol. L’Afrique, Mesdames et Messieurs, dispose de richesses bien plus importantes et durables que ses ressources minières et en hydrocarbures, avec, hélas les menaces et les convoitises qui accompagnent cette richesse potentielle.
En effet, l’Afrique est riche de sa culture. L’Afrique, continent premier, est riche de sa civilisation, de ses civilisations. L’Afrique est riche de ses valeurs traditionnelles et fondatrices du Maaya (humanisme), au premier rang desquels la solidarité, la fraternité, l’altruisme, l’ouverture sans calcul vers l’autre, le dambé ou la dignité, le respect de soi et de l’autre, le diatigiya ou hospitalité. Toutes ces valeurs, profondément enracinées dans chaque africain, est le socle de notre richesse : l’Afrique est riche de ses filles et de ses fils.
Tenants de la renaissance culturelle africaine que nous sommes, il est capitale de mettre à profit ces moments de co-réflexion et d’intelligence collective, à la lumière des données sociologiques et historiques qui ont marqué la marche de l’Afrique vers les indépendances et la décolonisation mentale pour proposer des stratégies non seulement de protection et de conservation de nos identités africaines mais surtout pour impulser un développement économique durable pour le continent, dans un contexte de souveraineté retrouvée.
Ainsi, face aux adversités les plus redoutables, les Peuples africains ont su s’adapter voire transformer des défis systémiques qui semblaient insurmontables, en opportunités.
Cette forte capacité de résilience de nos diasporas et des Afro-descendants renforce notre conviction quant à l’importance, pour ces communautés, de s’organiser de manière stratégique pour défendre leurs intérêts, pour constituer un levier d’influence pour promouvoir l’agenda de l’Afrique et pour peser sur les choix et les décisions de leurs pays d’accueil et de résidence, en matière de politique africaine.
Je demeure confiant et optimiste sur les capacités des diasporas africaines et des Afro-descendants à œuvrer en faveur de la redistribution des équilibres multipolaires, dans le cadre de la promotion de la voix de l’Afrique sur la scène internationale dans un contexte de basculement géopolitique.
A cet égard, je suis heureux de noter que lors des sessions thématiques qui vont suivre, une partie des échanges sera consacrée au format et aux modalités de la fédération des efforts et des intelligences de nos diasporas et des Afro-descendants pour constituer une force.
Au Mali, à l’opposé d’une doxa qui perçoit les migrants comme une menace, le Président de la Transition et le Gouvernement du Mali voient en la diaspora une richesse, une opportunité tant pour le Mali, l’Afrique que pour les pays d’accueil.
• Excellences ;
• Mesdames et Messieurs,
Pour conclure, je réitère notre engagement à poursuivre, mieux, à renforcer le soutien à toute initiative et à toute action en faveur de la réalisation des aspirations des diasporas africaines et des Afro-descendants, dans le cadre plus général du raffermissement des liens organiques et naturels entre l’Afrique et tous ses fils et toutes ses filles, particulièrement avec ses fils et ses filles qui, pour par décision volontaire ou par contrainte, se trouvent hors du Continent.
Je renouvèle l’appréciation du Gouvernement de la République du Mali pour l’honneur qui a été fait à mon pays d’abriter la présente rencontre, dans la perspective de la réussite du 9ème Congrès panafricain, prévu à Lomé du 29 octobre au 02 novembre 2024.
Sans plus tarder, je souhaite plein succès aux travaux de la Conférence régionale de l’Afrique de l’Ouest, que je déclare à présent, ouverte.
Vive l’Afrique !
Vive le panafricanisme !
Je vous remercie.”

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