Un proverbe bamanan dit: «Lorsque l’année est perdue, l’on n’a plus à compter les mois». Il n’est plus un secret pour personne ici comme à l’étranger que rien ne va plus au Mali.
C’est dire que sans nul doute, notre pays est vraiment dans le creux de la vague. Tout pour fraude, la manipulation des consciences, l’affairisme, la surfacturation, l’achat de la dignité au moyen des billets de banque et rien pour l’amour de la patrie. Tout pour les nominations, rien pour le travail rigoureux et bien fait.
La bamboula au service: c’est le temps de l’anarchie et de la félonie. Cette décadence du Mali a débuté, le 19 novembre 1968, par le coup d’Etat orchestré par des soldats regroupés au sein de ce qu’ils ont nommé Comité militaire de libération nationale (CMLN) et a atteint son seuil critique avec la troisième République. A moins de vouloir se moquer de notre peuple, sinon l’on ne peut prendre aujourd’hui un secteur au Mali où ça va ?
Les Maliens sont meurtris dans leurs chair et dans leur conscience parce que ne sachant plus à quel saint se vouer. Ce qui se passe depuis un certain temps à la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT) est sans nom. Là-bas, les remue-ménages sont monnaie courantes.
Sans y entrer davantage, il convient de noter que la DGCT est rattachée au ministère de la Décentralisation et de la Fiscalité locale.
Selon nos informations, la DGCT était une Division au sein de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais elle a été érigée en Direction pour un besoin d’efficacité. Pour ce faire, elle est chargée de la gestion des carrières des enseignants, des agents de santé, des agents de l’hydraulique.
De la DGCT est née la Direction nationale de la Fonction publique des Collectivités. Son premier directeur fut Alou Fofana décédé six (06) mois après sa nomination (paix en son âme). Dès lors, l’intérim est assuré par M. Yacouba Dianguiné Coulibaly (Cousin germain du ministre de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly).
Il n’est un secret pour personne qu’à la Direction nationale de la fonction publique des collectivités, les usagers sont dédaigneusement reçus. Les secrétaires à l’accueil s’occupent de tout sauf des usagers. Elles y traitent le «henné», utilisent l’encens, de tontine de pagnes.
Les usagers du service pour lesquels, elles sont payées peuvent s’arrêter cinq à dix minutes sans que ces dames ne s’intéressent à eux. Et comment accueillent- elles un usager ?: «Hé ! Éta yé mouyé ?»
Que cela est vraiment poli dans un pays où l’est s’est transformé en ouest et ou on ne sait plus où se trouve le nord ou le sud !Celui qui veut en savoir davantage peut s’y rendre pour juger lui-même de la qualité de l’accueil. Là-bas, en lieu et place de l’accueil chaleureux digne d’un visiteur, voilà qu’on accueille arrogamment, sans la moindre crainte d’être interpelé pour cela.
A titre d’exemple, en 2016, une bagarre a opposé un usager à une secrétaire suite à la négligence coupable de celui-ci. Comme si le monde marche à l’envers, on a voulu faire appel à la police pour arrêter cet usager. Le motif qu’on y a chanté c’est une «agression d’un agent sur son lieu de travail».Il a fallu le bon sens d’un autre agent d’un autre bureau à l’étage pour supplier le visiteur agressé à aller avec lui dans son bureau en vue de tourner la page de la bagarre.
La Direction nationale de la fonction publique des collectivités territoriales a, entre autres, pour tâche la régularisation de la situation administrative des enseignants des collectivités après la formation. Ce qu’il convient aussi de savoir c’est que selon la loi, la régularisation d’une situation administrative ne doit excéder trois (03) mois à compter de l’introduction des dossiers par l’agent en vue de sa prise en charge administrative. Mais que constate-t-on là-bas à la DNFPCT ?
Il y a plein d’enseignants ayant déposé leurs dossiers de régularisation pour traitement il y dix-sept (17) mois (soit depuis avril 2016).
Selon nos sources, jusqu’à la date du 16 août courant, rien n’est fait dans ce sens. Pire ! Ces enseignants ne savent même pas à quelle porte taper pour avoir les nouvelles de leurs dossiers, n’ayant même pas droit aux simples bordereaux de dépôts de la DGT vers le secrétariat du gouvernement.
Un autre exemple patent, c’est le cas du concours d’entrée dans la fonction publique des collectivités. Le concours s’est déroulé, le 29 janvier 2017. Il fallait attendre le 6 avril pour les résultats. Les admis audit concours n’ont reçu les affectations que le 22 juillet 2017. De cette date au 16 août, les gens sont dans l’attente de leur intégration.
S’agissant du concours des agents de santé, il s’est tenu, le 11 juin 2017.
Au moment où nous mettons sous presse, les résultats du concours se font toujours attendre. On appelle tout cela la lenteur ou la lourdeur administrative au niveau de la Direction nationale de la Fonction publique des Collectivités. C’est bien ce que l’on appelle chez nous «servir le Mali».
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako