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Diplômés de l’ESIAU: l’Etat décide, l’Ordre des architectes s’oppose

Face au refus de l’Ordre des architectes du Mali d’inscrire les sortants de son école, malgré la décision de justice, le promoteur de l’Ecole supérieur d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme (ESIAU), Abdoulaye DEYOKO, a animé, le dimanche dernier, une conférence de presse pour donner des éclaircissements. Il a saisi l’occasion pour présenter son école et ce qu’elle fait. C’était en présence de Djibril COULIBALY de l’Association des promoteurs immobiliers et de plusieurs anciens élèves de l’ESIAU.

Selon les explications du directeur, dans une lettre adressée au Premier ministre, l’Ordre des architectes a exprimé son souhait d’être intégré dans la commission de création et d’évaluation d’écoles d’architecture et de reconnaissance des diplômes.
Dans sa réponse, s’appuyant sur des décrets, le ministre de tutelle a déclaré qu’aucun texte n’oblige à faire recours à un ordre professionnel quelconque.
Aussi, l’ordre des architectes a affirmé avoir été surpris de ne pas avoir été informé officiellement, voire consulté par rapport à la création d’une école d’architecture (ESIAU) sur le territoire malien. En réponse à cette préoccupation, le ministre a déclaré qu’aucun texte ne dit d’informer ou de consulter un Ordre.
Aussi, l’ordre soutient que le promoteur de l’ESIAU n’est pas qualifié en architecture.
En réponse à cette allégation, il a été précisé que le promoteur de l’ESIAU a un doctorat de la Sorbonne en Urbanisme et a un diplôme de 3e cycle en aménagement du territoire.
Toujours pour prouver que l’ESIAU est une école reconnue sur le plan national et international, le directeur a affirmé que des diplômés de son école ont été intégrés dans les Ordres des architectes du Bénin, du Togo et du Cameroun.
Aussi, il a aussi rappelé qu’un diplômé de l’ESIAU a été admis au dernier concours de la fonction publique au Mali et qu’un autre diplômé a été recruté par l’UNESCO comme expert.
En effet, pour avoir refusé de reconnaître les diplômes de l’ESIAU, quatre étudiants détenteurs de Master II ont saisi la section administrative de la Cour Suprême du Mali d’un recours en annulation de cette décision.
Ainsi, par arrêt N°160 du 5 mars 2020, la Cour Suprême du Mali a annulé pour excès de pouvoir la décision et ordonné l’inscription des requérants au tableau de l’Ordre des architectes.
Aux dires du promoteur de l’ESIAU, malgré cet arrêt dûment revêtu de la formule exécutoire, le président de l’Ordre, Saadbou Moussa KANTE et ses pairs du conseil de l’Ordre des architectes du Mali ont refusé catégoriquement l’inscription des requérants au tableau de l’Ordre.
« Les requérants ont alors saisi le juge des référés du Tribunal de Grande instance de la Commune 5 du District de Bamako d’une demande d’inscription sous astreinte. Par ordonnance N° 223 du 16 mars 2021 le juge des référées a ordonné l’inscription des requérants au tableau de l’Ordre des Architectes du Mali sous astreinte de 500 000 FCFA par jour de retard. Pour déjouer le tribunal afin d’échapper au verdict, l’Ordre par la voie de son avocat a déclaré ‘’revenir à de meilleurs sentiments », a-t-il dit.
Par ce refus, il se croit au-dessus de la loi et affirme même dans un journal que l’Etat n’est pas compétent en la matière », a dénoncé le promoteur de l’ESIAU.
Ce n’est pas tout, toujours dans le souci de faire fermer l’ESIAU ou de l’étouffer, l’Ordre des architectes demande à ses membres d’arrêter d’enseigner à l’ESIAU et d’arrêter de recevoir dans leurs cabinets les élèves et les diplômés de cette école.
Le président de l’Association des promoteurs immobiliers, Djibril COULIBALY, a regretté ce refus de l’Ordre des architectes en expliquant qu’après avoir occupé de hautes fonctions au Mali et coordonné beaucoup de grands projets qui font aujourd’hui la fierté du Mali, Abdoulaye DEYOKO a décidé de partager ses connaissances en ouvrant cette école supérieure d’architecture.

Selon Abdoulaye DEYOKO, ancien élève et responsable à l’ESIAU, l’école a fait des propositions à l’Ordre pour sortir de cette crise.
Aux dires du jeune DEYOKO, l’ESIAU a remis son programme pédagogique à l’Ordre des architectes afin qu’il apporte sa contribution.
Aussi, dit-il, à travers une médiation du CNT l’école a proposé que l’Ordre fasse partie du conseil scientifique de l’ESIAU pour avoir un œil sur ce qu’elle fait.
« Faire ses études d’architectures dans son pays est un grand atout, car tu apprends la culture locale d’architecture », a affirmé Youssouf DEYOKO.
Pour sa part, Ousmane DOUCOURE, étudiant à l’ESIAU, s’est dit peiné face à ce problème qui ne devrait pas exister. Pour prouver que l’ESIAU est une école à la hauteur, il a invité l’Ordre à organiser un concours.
« Nous avons vécu l’architecture malienne dans nos sangs, contrairement à ceux qui ont étudié à l’extérieur. Cette guéguerre est un faux problème car ce n’est pas une question de compétence. Nous avons eu à corriger des plans produits par certains membres de l’Ordre des architectes », a déclaré Ousmane DOUCOURE.

PAR MODIBO KONE

Info Matin

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