Rien n’est va plus en la République démocratique du Congo et le Rwanda. Après les accusations répétées d’ingérence en RDC, les tensions entre Kinshasa et Kigali s’intensifient à nouveau sur fond de nouveaux combats entre l’armée congolaise et le M23 alors que les tentatives de médiation piétinent. En effet, les autorités congolaises ont décidé samedi soir d’expulser l’ambassadeur rwandais son pays voisin.
Alors que les relations entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo s’étaient normalisées avec l’arrivée du président Félix Tshisekedi à la tête de la RDC en 2019, les tensions entre les deux pays ont dégénéré après la résurgence en novembre 2021 de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), qui avait été défaite en 2013. En effet, le Conseil supérieur de la défense de la République démocratique du Congo, présidé par le chef de l’État Félix Tshisekedi, a décidé d’expulser, le week-end dernier, l’ambassadeur du Rwanda en poste dans la capitale Kinshasa, Vincent Karega, après une percée des rebelles du M23 sur la ligne de front dans l’Est congolais. Cela, après la prise des sites stratégiques de Kiwanja et Rutshuru-centre par les rebelles du M23. Les dirigeants d’une province de République démocratique du Congo accusent leur voisin rwandais de soutenir les rebelles menant des attaques dans une ville frontière. Kigali dément les accusations de son voisin.
Un Conseil supérieur de la défense présidé par le président Felix Tshisekedi s’est tenu samedi, au cours duquel il a été demandé au gouvernement « d’expulser dans les 48 heures suivant sa notification, Vincent Karega, l’ambassadeur du Rwanda », a annoncé Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, rendant compte sur la télévision publique de la réunion stratégique. Selon le porte-parole ministre de la Communication et des Médias, la décision a été prise « en raison d’une part de la persistance de son pays à agresser la RDC et à appuyer le mouvement terroriste du M23 qu’il instrumentalise ».
Toujours dans sa déclaration à la télévision publique, le porte-parole du gouvernement congolais indique que le Conseil supérieur de la défense s’est prononcé sur une « arrivée massive des éléments de l’armée rwandaise pour appuyer le M23, constaté ces derniers jours ». Il s’agit selon le porte-parole du gouvernement d’un « énième coup porté aux processus de paix de Nairobi et de Luanda », ayant appelé à la cessation des hostilités et au retrait des rebelles.
Les combats entre les soldats congolais et les rebelles du M23 ont provoqué des déplacements massifs de plusieurs milliers de Congolais, selon le ministre, annonçant que le gouvernement dépêchera une mission humanitaire en soutien aux populations déplacées.
Outre cela, Patrick Muyaya a également annoncé l’accroissement de « la force de frappe » des Fardc (forces armées congolaises) et a demandé aux Congolais de « s’abstenir de tous types de discours de violence ou de stigmatisation des communautés rwandophones » en RDC pour « ne pas prêter le flanc aux affirmations fallacieuses du Rwanda ».
Le Rwanda a dit dimanche avoir « noté avec regret » la décision de Kinshasa. « Il est regrettable que le gouvernement de RDC continue de faire porter au Rwanda la responsabilité de ses propres échecs de gouvernance et de sécurité », ont affirmé dans un communiqué les autorités rwandaises, en ajoutant que les forces de sécurité rwandaises à la frontière avec la RDC avaient été placées en état d’alerte.
Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d’année dernière en reprochant à Kinshasa de n’avoir pas respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants. Un rapport d’experts mandatés par le Conseil de sécurité avait détaillé l’implication directe du Rwanda, « unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23 » dans l’est congolais. Kigali a récusé ces « allégations non valides » et avancé son «droit à défendre son territoire».
Ibrahim Djitteye
Source: LE PAYS