Paris ne peut pas recevoir le président de la transition sans parler des arrestations extrajudiciaires qui ont marqué le Mali ces derniers temps. Les questions politiques doivent être au centre de la visite du premier responsable de la transition. Les autorités françaises se sont jusqu’ici gardées d’intervenir publiquement dans les questions de gouvernance à cause du passif colonial, mais l’implication des troupes françaises au Mali oblige Paris à avoir un regard sur les affaires politiques.
Les droits de l’homme sont loin d’être protégés au Mali, notamment les droits politiques et associatifs. Le coup d’Etat qui a bénéficié d’un soutien populaire n’a pas été critiqué par la France qui a préféré se cacher derrière la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont le rôle a été salué par les autorités françaises. La communauté régionale a donc géré par procuration la durée de la transition, imposé aux militaires de choisir un président civil ainsi qu’un Premier ministre civil.
La transition que dirige Bah Ndaw est confrontée à des difficultés économiques énormes et elle a besoin du soutien de la communauté internationale. Les échéances électorales demandent un investissement financier important, alors que plusieurs secteurs de l’économie nationale sont en crise. Le président compte donc sur la France afin de mobiliser la communauté internationale qui n’a pas encore pris la décision de soutenir financièrement le Mali dans la perspective des défis à relever par la transition.
La France est obligée d’écouter Bah Ndaw sur les engagements de la transition qui ne doit pas dépasser les 18 mois proposés. Or, dans certains milieux, on essaie de susciter le débat sur la prorogation de la transition. Il sera difficile de faire accepter à la France la possibilité que la transition déborde le cap fixé pour l’organisation des élections, surtout la présidentielle avant la fin de la transition.
Source: La Sirène