Une fille-mère est une célibataire qui a un ou plusieurs enfants. Aujourd’hui, c’est un constat général, les filles-mères sont nombreuses, elles représentent près de 30% des filles âgées de 18 à 25 ans. Elles ont peu de considération dans la société. Leurs chances pour le mariage sont réduites. Certains les considèrent comme des filles aux mœurs légères, qui ne sont pas capables de « tenir le bout de leur pagne ».

C’est vite oublier que la plupart des filles-mères sont victimes de trahison par des hommes qui n’ont pas honoré leurs promesses de mariage. Beaucoup de coureurs de jupon promettent le mariage aux jeunes filles afin de les amener à livrer leur corps. Une fois leur dessein assouvi, ils laissent tomber la malheureuse souvent avec une grossesse.

Délaissées par les hommes qui leur ont fait des enfants, elles ont du mal à trouver des maris car rares sont les jeunes hommes qui acceptent de se marier avec une fille déjà mère. C’est le cas de Harouna Kanté. « Le jour où je déciderai de me marier, je ferai un bon choix. Ce ne sera pas une femme et son enfant. Les temps sont durs », tranche-t-il.

Ousmane Diallo est du même avis et explique : « Je ne conseillerai jamais à quelqu’un d’épouser une fille-mère, car elle amènera forcément avec elle son enfant. S’il existe d’autres enfants dans la maison, on assistera souvent à des scènes de conflits ».

Quant à Oumar H. Keita, animateur, il doute de la fidélité d’une femme qui a déjà un enfant avant le mariage. « Quand tu as une femme qui a un enfant avant de se marier, dis-toi, qu’elle ne t’appartient pas à toi seul. Elle continuera à sortir avec le père de son enfant », croit-il, estimant qu’il est difficile pour des amants ayant eu un enfant de se séparer définitivement.

Mallé Tounkara, étalagiste de son état, a accepté une femme ayant des enfants. « Mon épouse est décédée en laissant 5 gosses. Mes parents m’ont cherché une femme qui a eu 3 enfants avec un autre, un garçon et deux filles. Avant notre mariage, elle m’a demandé si elle pouvait venir chez moi avec ses enfants. Je me suis opposé. A mon grand étonnement, un jour elle est allée saluer ses parents et a emmené ses enfants. Je voulais réagir. Mais mon père est intervenu. »

Le mécanographe Issa Diarra rappelle la pratique en la matière dans le milieu bambara. « Dans nos milieux généralement si un homme fait un garçon à une femme, il l’a mariera forcément. Un garçon n’est pas fait pour rester hors de la maison, c’est un bâtisseur, un héritier. Ma copine vivait en concubinage avec quelqu’un durant près de 10 ans. Elle a eu 2  enfants avec lui, une fille et un garçon. C’est quand le garçon est né que les parents de l’homme ont exigé à ce qu’il épouse la fille. Le garçon porte le nom du père de l’homme », raconte-t-il.

La vieille Bibata compare les époques. Elle rappelle que rarement une fille non mariée avait un enfant. « Si une fille avait accidentellement un enfant, au moment du mariage, elle ne partait pas avec son enfant chez son mari. C’est la grand-mère de l’enfant qui s’en occupait », souligne notre interlocutrice qui observe que les filles d’aujourd’hui refusent de se séparer de leurs enfants nés hors mariage.

Binta Sissoko, présidente d’association, assure que certains hommes préfèrent des filles ayant déjà eu un enfant. « J’ai causé avec un homme qui m’a dit que lui préfère marier une fille qui a déjà eu un enfant, car là au moins, il est sûr qu’elle n’est pas stérile », argumente-t-elle, ajoutant que si un homme aime une femme, il l’acceptera forcément avec son enfant.

Source : Amap

SOURCE: Nouvel Horizon