Au bord du terrain d’entraînement de l’Impact, situé au bord du fleuve Saint-Laurent, à l’est de la ville, Ambroise Oyongo s’approche, le sourire aux lèvres. Quelques heures après l’officialisation de l’arrivée de Didier Drogba à Montréal, le jeune défenseur arrivé en début de saison n’en revient toujours pas. « Didier, c’est une légende ! C’est un rêve qui se réalise, clame joyeusement l’international camerounais. Petit, je le regardais à la télé, chez moi à Yaoundé, lorsqu’il jouait à Guingamp puis à Marseille. Je n’ai jamais eu la chance de l’affronter avec la sélection, mais jouer avec lui, wouah… »
La venue du quadruple champion d’Angleterre emballe l’ensemble de ses futurs partenaires. Alors que le capitaine Patrice Bernier jure « qu’[il] n’y aurait jamais cru car normalement, les grands noms ne sont attirés que par New York ou Los Angeles », le Franco-Sénégalais Hassoun Camara, au club depuis 2011, se montre impatient : « J’ai hâte de m’entraîner à ses côtés. C’est une icône. Avec lui, on franchit une nouvelle ère. Dans la rue, la diaspora africaine de Montréal ne cessait de me demander si l’Impact allait signer un ou deux Africains supplémentaires. Aujourd’hui, tout le monde est ravi. Drogba ne représente pas que le foot et la Côte d’Ivoire, il représente toute l’Afrique et sa voix porte même sur les plans sociétaux et sur la politique. Avoir ce sportif mais surtout cet homme à nos côtés, c’est extraordinaire ».
Hystérie collective
En descendant les escaliers de l’aéroport international Pierre-Elliot-Trudeau mercredi 29 juillet en fin d’après-midi, Didier Drogba a rapidement pu mesurer toute l’attente que suscite sa signature au Québec.
Alors que des centaines de supporteurs ont patienté plusieurs heures avant de découvrir le visage de leur futur numéro 11, chantant et scandant son nom à de multiples reprises, l’Ivoirien de 37 ans, une écharpe bleue et blanche de l’Impact autour du cou, a tout juste eu le temps de prendre quelques poses avant d’être évacué par un service d’ordre complètement dépassé devant cette douce hystérie collective.
« Je n’ai jamais vu ça, reconnaît, ébahi par un tel accueil, le vice-président Nick de Santis. Didier est une vedette internationale, la foule présente le confirme. Le voir aujourd’hui, c’est un cadeau pour Montréal et cette ville multiculturelle. Le rêve commence et je pense qu’il a senti tout ce qu’il symbolise ici ».
Un titre avant la retraite
Présenté le lendemain au bord de la pelouse du Stade Saputo, devant des dizaines de journalistes et près de deux mille abonnés du club, Didier Drogba a déjà conquis le public montréalais. « Je ne m’attendais pas du tout à cet accueil, c’était fou, admet-il. J’ai connu Galatasaray [lors de la saison 2013-2014], mais hier, c’était différent. Je me suis immédiatement senti à la maison ».
Convoité par de nombreux clubs, de l’Inde à l’Italie en passant par Chicago et Chelsea, qui souhaitait le conserver encore une saison, le natif d’Abidjan n’a pas hésité longtemps avant de s’engager pour dix mois à Montréal. « J’aime la diversité de cette ville, son caractère francophone. J’ai parlé avec Nesta [ex-international italien passé par l’Impact de 2012 à 2013] ainsi qu’à mes anciens coéquipiers de Chelsea qui ont effectué un stage ici. Tous m’ont vanté Montréal. J’ai été emballé et je sais que mes enfants, bilingues, pourront intégrer de très bonnes écoles. Ce sont des paramètres qui ont pesé ».
Après la France, l’Angleterre, la Chine et la Turquie, Didier Drogba s’apprête donc, d’ici quelques jours, à découvrir un cinquième championnat et un troisième continent dans sa longue carrière. Non sans ambitions. « Si je me sentais cramé, je n’aurais jamais accepté ce défi. J’ai quitté Chelsea pour jouer davantage. Je suis un homme de défi et il y en a un beau devant moi. Je viens ici pour gagner, contrairement à ce que certains pensent. Mon rêve au Canada ? Remporter des trophées ! »
Source: lemonde.fr