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DICKO: ‘‘ Si IBK n’accepte pas les propositions du M5 RFP, il nous trouvera sur son chemin’’

Accuser à tort ou à raison d’avoir trahi, d’avoir pris de l’argent pour accepter le maintien d’IBK comme président de la République en contradiction avec l’objectif principal du M5 RFP, l’imam Mahmoud DICKO vient de couper court aux rumeurs et aux calomnies visant à ternir son image. Dans une interview accordée à la radio Niéta, ce 1er juillet 2020, Mahmoud DICKO explique que son changement de cap s’explique par les multiples initiatives de médiation sur le plan national et international. Si le maintien d’IBK, à son poste, semble être un acquis, l’imam met en garde le Chef de l’État contre toute tentative de rejet des propositions de sortie de crise du M5-RFP qui passe par la nomination d’un ‘’Premier de plein pouvoir’’ issu des rangs des frondeurs.

 

Nous rendons grâce à Allah et nous prions pour le repos éternel de notre Prophète (PSL). Il y a eu beaucoup de rumeurs ces derniers temps. C’est pourquoi j’estime qu’il est très important, dans ce contexte, de donner la bonne information aux gens. C’est d’ailleurs leur droit. Après notre manifestation grandiose dont le monde entier en parle, il y a eu une mobilisation de toute la communauté nationale et internationale face à la situation jugée préoccupante. Nous sommes un pays de très grande religion et de valeurs sociétales, un pays de savoir et de savoir-faire, un pays d’honneur et de dignité. Nous nous sommes mobilisés pour défendre ses valeurs.
Les raisons d’un
ramollissement
Nous n’avons pas renoncé à nos revendications, on n’a pas abandonné le combat. Mais nous sommes des hommes raisonnables et responsables. En tant que leader de ce mouvement, je suis un imam. J’ai été pendant 11 ans président du Haut conseil islamique du Mali, et près de 20 ans secrétaire général de l’AMUPI. Fort de toutes ces expériences, je dois être celui qui conseille dans le bon sens, qui appelle à la retenue. Dans ma carrière, j’ai fait le tour de ce pays pour essayer de réconcilier les gens et les communautés. Aujourd’hui, ceux avec qui j’ai l’habitude de mener ces missions de médiations, à savoir, les leaders religieux, les chefs coutumiers et leaders communautaires sont venus me voir, comme le recommande nos valeurs sociétales et religieuses. Je me suis vu dans l’obligation de les écouter. Quelle qu’en soit la demande qu’ils m’adressent, ma réponse doit être de leur dire, je vous ai entendu.
Au-delà de ceux-ci, nos voisins de la sous-région, les chefs d’État, des pays membres de la CEDEAO se sont impliqués. On ne pouvait pas refuser de les recevoir. Nous voulons du bonheur de ce pays, mais pas le chao. Cela nous oblige à faire très attention. Et cette responsabilité, nous l’avons démontré le 5 et le 19 juin.
Celui que nous combattons la gestion n’est pas venu d’ailleurs, c’est l’un des nôtres. Il a occupé de hautes fonctions dans ce pays sous tous les régimes (Alpha, ATT). Il est à la tête de ce pays depuis plus de 7 ans aujourd’hui. Mais avec lui, on a tout dit, tout fait, tout essayé sans qu’il ne puisse revienne à la raison. C’est quelqu’un à qui le Mali a tout donné. Aujourd’hui, ceux qui, comme nous, n’ont pas eu se privilèges, lui demandent de changer de gouvernance face à la situation très préoccupante de ce pays. Sans chercher à lui faire un procès d’intention, ou à lui dénigrer, nous sommes tous unanimes que la situation est critique.
Le pays au fond
de l’abime
Ce pays a connu différentes crises avec le coup d’État de 1968 contre Modibo KEÏTA ; le coup d’État de 1991 contre Moussa TRAORE ; mais le pays a toujours survécu. Mais la crise de 2012 et les différentes péripéties qui ont suivi sont en passe de faire disparaitre le Mali. Il y a eu le projet séparatiste au nord du pays. Il y a eu la signature des Accords de Ouagadougou qui ont permis l’organisation des élections en 2013.
Mais IBK a été élu, il a tourné le dos à cet Accord et a tenté de régler le problème de la rébellion à sa manière. C’est dans cette tentative de solution personnelle que le pays s’est retrouvé au fond de l’abime. Quand la crise s’est aggravée, on a oublié Kidal. Le Centre du pays aussi s’est embrassé avec des violences intercommunautaires. Aujourd’hui, toute la région de Kayes est en train d’échapper au contrôle des autorités et les populations vivent dans la peur. Dans ces régions, la crise a ravivé les conflits anciens entre les communautés qui sont en passe de remettre, en cause le caractère laïc et la forme républicaine de l’État. Cela montre que le régime a échoué. Mais pas seulement, que l’existence du pays en tant que nation est remise en cause ! Il faut que les gens comprennent et prennent la mesure des menaces qui pèsent sur notre unité nationale. Et ce n’est pas pour rien que les gens se sont mobilisés, ces derniers temps.
IBK reste, mais…

La situation s’est tellement dégradée que même les populations de Sikasso ont menacé de quitter la république. Partout, les idées de séparation ont germé. À la longue, c’est le Mali qui n’existera plus. On s’est révolté contre l’appellation de l’Azawad au Mali. Mais de nos jours, la mauvaise gouvernance a poussé les gens à des replis identitaires.
Face à cette situation, on n’avait plus le droit de croiser les bras pendant que le pays va à vau-l’eau. Donc, nous restons mobiliser pour notre pays, tant que Dieu le voudrait.
Le combat reste le même, même si aujourd’hui, on ne parle plus du départ d’IBK qui était l’objectif de départ. Ce que je veux, c’est qu’on agisse de manière intelligente et responsable. Je ne suis pas un syndicaliste, ni un homme politique, mais un imam. Ce statut et ma carrière m’obligent d’être un homme de dialogue.
Après avoir écouté toutes les missions de médiations, le consensus a été dégagé autour du maintien du président à son poste. Nous avons dit OK, mais à des conditions. Si le président écoute les médiateurs et accède à nos conditions, nous pensons que mieux ça sera pour toutes les parties et pour le pays, nous allons mettre de l’eau dans le vin. Mais, si IBK ne donne pas une suite favorable à nos points de revendication, il nous trouvera sur son chemin.
En somme, nous allons, à la demande de la médiation, accepter qu’il reste président de la République du Mali. Mais nous exigeons la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale ; la mise en place d’un Organe législatif de transition ; le renouvellement intégral des membres à la Cour constitutionnelle. Et enfin, la mise en place d’un gouvernement de Transition, avec les caractéristiques ci-après : le Premier ministre est désigné par le M5-RFP ; il ne peut-être demis par le président de la République ; il forme son Gouvernement en entier ; il nomme aux hautes fonctions nationales (Administration, Justice, Forces armées et de sécurité…), etc.

Sur ce point, je rassure les uns et les autres que ces propositions ne viennent pas de DICKO seul, ça sera un engagement pris, après Allah, devant la nation et la communauté internationale.
Si IBK ne respecte pas ces engagements, je respecte les miens. Et j’ai pris l’engagement de ne pas pousser les gens à un soulèvement populaire préjudiciable pour le pays. Et reste sur ce point.

Je prie Allah pour qu’aucun Malien ne soit victime de violence et subisse un préjudice matériel au moral dans le cadre de ce combat. Cela n’est pas mon objectif. Pour se faire, il faut de la stratégie du savoir-faire.
Il faut que le monde entier soit témoin de notre engagement et de notre bonne foi.
Si malgré nos efforts, les choses se passent autrement, je pense que les responsabilités seront situées en ce moment.
Le combat n’est pas terminé
Je lance un appel à la retenue à tous les militants et sympathisants du M5-RFP. Je les invite à la vigilance, nous sommes sur nos positions. Et grâce à Allah, nous allons poursuivre le combat dans le calme et la sérénité.
Nous attendons beaucoup de rumeurs qui sont de nature à révolter les gens. Mais ils doivent comprendre que cela fait partie des stratégies de combat de l’autre partie. Personne ne peut empêcher ces genres de comportements.
Si Dieu le veut bien, nous allons gagner ce combat, inch Allah.
Il faut rester mobilisé, il faut faire attention, et rester à l’écoute, on est là, on n’a pas baissé les bras. Mais il faut être organisé et agir avec raison. Nous vivons aujourd’hui dans un monde complexe. Nous sommes dans une situation où il sera difficile de s’en sortir tout seul. En plus du concours du Tout Puissant (Allah), nous avons aussi besoin du soutien de la communauté régionale et internationale.
Aujourd’hui, nous sommes en train de faire le combat avec des hommes politiques ; mais il faut que les gens comprennent cela. De ce fait, il était impossible pour moi de refuser la médiation. En accédant à leur demande, nous leur prouvons que nous sommes animés de bonne foi pour ce pays, que nous nous mobilisons pour sauver le pays. Il faut croire à Allah et à notre bonne foi. Si après toutes ces initiatives, il n’y a pas de dénouement, on serait en droit d’utiliser tous les moyens pour se faire entendre. Et l’issue sera ce qu’Allah aura voulu.
Nous prions pour que la paix revienne dans ce pays. Nous prions également pour que le président de la République revienne à la raison, pour préserver notre pays du chao.

Transcription libre par Abdoulaye OUATTARA

Source : INFO-MATIN

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