Nous assistons depuis quelques années à une bataille rangée entre Habib Sylla, Président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), et Mohamed Chérif Haidara, Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM). Une bataille sans merci qui, à priori, n’a pas sa raison d’être, du moment que tous deux hommes, à travers leur structure respective, prétendent défendre les intérêts des maliens de la diaspora ! Le conflit entre les deux hommes est tel qu’on est amené à se demander si les maliens de l’extérieur ne sont pas réduits aujourd’hui à un simple fonds de commerce pour fructifier leurs affaires ? Et il y a de quoi, vu que Habib Sylla et Mohamed Chérif Haidara sont tous deux des hommes d’affaire. En effet, si le premier a su s’imposer au Gabon, le second a lui aussi tout un empire en Guinée Conakry.
Ceci expliquerait-il cela ? En tout cas, Chérif Haidara est un ancien membre du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) qui, après avoir échoué à s’imposer dans cette faitière des maliens de la diaspora, abandonna cette structure, pourtant émanation de la Conférence Nationale de 1992, pour créer le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne » (CSDM) dans le but d’affaiblir le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. Mais dans cette tâche, il s’en prend également à l’Etat, parce que pensant que ce dernier prend parti pour le HCME au détriment de son association. Il ne manque aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur les autorités.
«Depuis quelques mois déjà, nos compatriotes en Mauritanie vivent une situation de « chasse à l’homme » ; situation contre laquelle le CSDM s’est indigné et n’a pas manqué de tenir informer l’autorité de tutelle de
la Diaspora. N’ayant obtenu aucun retour et surtout aucun engagement à la hauteur de l’enjeu, à travers sa représentation locale, le CSDM a réussi à apaiser la crainte et l’angoisse de nos compatriotes dans ce pays frère, grâce à l’écoute attentive de ces autorités qui ont accordé aux détenteurs de la carte d’adhésion CSDM, une forme de respectabilité, les ayant temporairement épargnés du calvaire de la détention. Ce dont nous nous réjouissons et pour lequel nous sommes reconnaissants aux autorités publiques pour ce geste qui nous honore tous, car le CSDM est et restera, avant tout, une organisation malienne», se fendait-il lors de sa dernière sortie médiatique.
Et de poursuivre : « Concernant la Lybie, la situation est beaucoup plus préoccupante et même insoutenable. Les populations noirs d’Afrique, dans leur globalité n’y ont aucun égard ; 120 d’entre elles ont été récemment arrêtées et égorgées comme des moutons sacrificiels, sans qu’intervienne aucune réaction publique à l’image de ce drame… Cantonnées dans leurs demeures, les populations noires africaines de Lybie sont dans une frayeur inimaginable qui les isole en les conduisant dans une situation de semi-clandestinité pour échapper à la mort, avec leurs familles. Face à une telle situation gravissime, le silence assourdissant des autorités de la République devient incompréhensif. Surtout que, ce pays s’est illustré dans un passé très ressent, par un comportement abominable de « traite négrière » dans laquelle la vie d’un malien ne dépassait guère 200.000 de nos francs, prix auquel il est livré par des négriers des temps modernes ».
Comme l’ont dit certains confrères, il faut vraiment être trop prétentieux et être animé de mauvaise foi pour se permettre de tels propos, surtout quand on prétend agir pour et au compte des maliens de la diaspora ! Que d’affabulations que de dire que l’autorité de tutelle ne s’est engagée en rien pour secourir les maliens de Mauritanie. Ni la Mauritanie, ni le Mali n’est une association, mais tous deux des Etats souverains avec leurs lois et leurs règlements, agissant de concert au mieux des intérêts de leur peuple respectif.
L’Etat du Mali s’est toujours impliqué pour que les ressortissants maliens en Mauritanie, comme partout d’ailleurs dans le monde, soient traités avec dignité. La seule différence un Etat et une association, c’est que un Etat agit par raison, et une association par passion ! Cela est valable pour la Libye, où les maliens, tout comme les autres africains, souffrent dans ce pays pris aux tenailles dans une guerre de légitimité entre un gouvernement transitoire et un gouvernement flottant. Toute chose qui rende les choses plus compliquées. Par ailleurs, les autorités maliennes ont rapatrié, il y a juste quelques semaines, 150 maliens de la Libye, portant du coup, en l’espace d’un mois, près de 300 maliens rapatriés de ce pays, et cela grâce à une action combinée avec les autorités transitoires en place !
L’affirmation selon laquelle les autorités maliennes ne font rien pour nos compatriotes en détresse n’est donc que fruit de l’imagination d’un homme aux abois pour avoir échoué à prendre le contrôle du HCME, et constitue par ailleurs quelque chose de très grave de nature à mettre en danger la vie de nos compatriotes basés dans les pays qu’il a évoqués. En effet, de tels propos pourraient vexer les autorités de ces pays qui fournissent beaucoup d’efforts, de concert avec leurs homologues maliennes pour la protection ou le rapatriement des maliens en détresse dans leurs pays ! Comme on le voit, Mohamed Chérif Haidara intente plutôt un faux procès à l’Etat.
Quid donc du HCME ?
Cette structure aussi connait le déclin depuis qu’un certain Habib Sylla a réussi à se hisser à sa présidence, et ce depuis une décennie. En effet, sous le règne de Habib Sylla, le HCME est devenu une organisation qui n’existe en fait qu’à travers les appuis et avantages que lui offre la puissance publique en échange de sa collaboration, parfois dans l’intérêt exclusif de ses dirigeants, et malheureusement, comme dénoncé par Mohamed Chérif Haidara, contre les intérêts de ses membres.
L’Etat malien s’est pourtant engagé dans des actions de promotion de la diaspora malienne, en tant que vecteur économique, allant jusqu’à octroyer à cette organisation la reconnaissance d’utilité publique. Mais la question est de savoir si le HCME a comblé les attentes des maliens établis à l’extérieur ? La réponse est certainement discutable, vu que son président et son staff ont du mal à faire régner l’ordre et la discipline dans les rangs. En effet, à part quelques pays, il existe partout deux structures de base du HCME se disputant la légalité et la légitimité.
En cause, la dérive autoritaire de son président et sa tendance marquée à vouloir toujours être du côté du prince du jour, dit-on, réduisant ainsi le HCME à un simple instrument d’accueil et d’accompagnement des autorités publiques en déplacement dans les pays où résident les maliens. Plus grave encore, pour ses affaires, l’homme est parti jusqu’à renoncer à la nationalité malienne au profit de celle du Gabon.
La question de savoir si ces deux hommes, Habib Sylla et Mohamed Chérif Haidara, sont vraiment qualifiés pour parler et agir au nom des maliens de l’extérieur se pose aujourd’hui avec beaucoup d’acuité ! Car apparemment tous deux semblent agir pour leurs propres affaires. La défense des maliens de l’extérieur ne serait donc qu’un prétexte, sinon qu’est-ce qui empêche les deux à fédérer leurs forces au sein d’une seule organisation pour mettre fin à la division dans les rangs de la diaspora malienne. Une division qui ne profite à personne !
Si Habib Sylla n’est pas qualifié pour présider aux destinée du HCME, pourquoi Mohamed Chérif Haidara, si tant est qu’il jouisse de la sympathie et du soutien des maliens de l’extérieur, ne sort pas de la rébellion pour se battre afin de l’évincer de la présidence du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur ?
Fousseyni SISSOKO
Source : Notre voie