Depuis quelques jours, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, concerte des membres de la classe politique en vue d’une sortie de crise politique dans laquelle se trouve notre pays depuis la fin de l’élection présidentielle de 2018. À l’issue de ces concertations, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, pourrait-il sauver son fauteuil ?
Depuis l’entretien téléphonique du jeudi 14 février entre le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, les lignes ne cessent de bouger. Depuis, Ibrahim Boubacar Keïta concerte des membres de la classe politique dont Soumaïla Cissé en premier afin de décrisper la situation politique tendue entre le gouvernement et l’opposition depuis la fin de l’élection présidentielle de juillet-août dernier dans notre pays.
C’est dans ce même cadre que d’anciens présidents de la République ont été sollicités, en l’occurrence le général Moussa Traoré et Pr. Dioncounda Traoré qui ont rencontré, tour à tour, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé.
De cette décrispation où les responsables politiques semblent mettre le Mali au-dessus de leurs propres personnels, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga en sortira-t-il indemne en sauvant son fauteuil ?
Le gouvernement et l’opposition chercheraient un consensus dans la gestion du pays. Or, Soumeylou Boubèye Maïga ne semble pas répondre, actuellement, aux critères d’homme consensuel pour diriger l’exécutif. Il est en froid, depuis la fin de l’élection présidentielle de 2018, avec une partie de l’opposition politique, et tout récemment avec des leaders religieux qui réclament son départ.
Au sein de la majorité présidentielle, nombreux sont ceux qui, en se rasant chaque matin, caressent l’espoir de voir Soumeylou Boubèye Maïga quitter la primature. Ces derniers restent toujours en embuscade et sont prêts à lui donner le coup de grâce au moment opportun afin de récupérer son fauteuil.
En plus, la stratégie de Soumeylou Boubèye Maïga au sujet de la gestion des crises sociales, qui consiste à laisser la situation se détériorer avant d’engager les négociations avec les partenaires sociaux, est décriée. Cette stratégie est considérée par certains partenaires sociaux comme un mépris.
Cependant, il serait prématuré d’annoncer le départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la primature avant la fin des concertations entreprises par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avec la classe politique. Soumeylou Boubèye Maïga est un véritable «animal politique» qui dispose de plus d’un tour dans son sac. En politique, la donne peut changer souvent du jour au lendemain à cause des moyens de pression secrets dont disposent les uns et les autres.
L’homme qui se fait surnommer le hérisson sur les réseaux sociaux, réussira-t-il à sauver son fauteuil de Premier ministre dans une situation qui ne lui est pas présentement favorable ?
Abdrahamane Diamouténé
Le Débat