Peu après leur sortie de prison, les responsables de l’association Yélimané Dagakane ont entrepris une collecte de d’argent pour électrifier la ténébreux centre de détention où ils ont séjourné en raison de leur opposition en 2015 à la gestion des impôts qu’ils payent. Daman Konté, le leader de l’association, a donné cette information dimanche dernier, 30 octobre 2016, lors d’un meeting à Bamako. Mais Yélimané Dagakané qui ambitionne de transformer son terroir Soninké en agropole voit grand en terme d’investissement.

C’est ainsi que les responsables de l’association ont déjà acheté 4 tracteurs flambant-neufs commandés chez le fabricant chinois qui n’a pas tardé à livrer les matériels. «Les machines sont en route, elles ont quitté la Chine il y a une quarantaine de jours», a confié à la presse Daman Konté pour qui l’association ne fait qu’aider le gouvernement à faire son travail.

Dans le lot de matériels commandés en Chine figure également une machine foreuse en vue de creuser des puits dans les villages typiquement sahéliens du cercle de Yélimané. «Il ne faut plus qu’il y ait des problèmes d’eau dans le cercle de Yélimané ; on ne peut pas parler de développement sans eau», a poursuivi Daman Konté.

L’un des problèmes auxquels les membres de Yélimané Dagakané se sont attaqués est l’amélioration des services de santé. A en croire plusieurs témoignages, il y ‘avait de nombreux cas de décès de femmes en couche faute d’ambulance et d’autres moyens dont le centre de santé de Yélimané avait besoin. Et des ressortissants du cercle d’affirmer que depuis l’engagement de l’association qui a pris l’initiative de contribuer à l’amélioration du centre, l’on rapporte plus comme avant de pertes liées à l’accouchement.

Les femmes de Yélimané aiment rappeler comment elles ont été en première ligne pour défendre la cause de l’association.«Nulle part au monde on ne frappe les femmes parce qu’elles ont décidé de marcher. Mais cette année, des femmes de Yéléimané ont été frappées jusqu’au sang par nos forces de sécurité; une victime a même eu une cote cassée», se plaignait Kandia Traoré, la présidente des femmes, qui di ne pas comprendre qu’on leur refuse le droit de revendiquer la transparence dans la gestion des impôts.

Yélimané, terre d’émigration, pourrait devenir une terre d’accueil au rythme où travaille l’association Dagakané dont l’ambition est de créer 50 000 emplois, selon Daman Konté. Les responsables tablent, à long terme, sur la création d’une usine pour transformer les produits issus de la «révolution agricole» qu’ils veulent enclencher.

Il s’agit de faire en sorte que les jeunes du terroir restent sur place, surtout que la construction d’un centre de formation en divers métiers est en cours. Toutefois, les Soninké qui ont fait le choix d’être «des rebelles du développement» savent bien que le gouvernement doit leur venir en aide, notamment avec le bitumage de la route Yélimané Nioro du Sahel. Cela permettra de décloisonner ce terroir au bord de la Mauritanie voisine.

Soumaila T. Diarra

Source : Le Républicain