Après une croissance molle de 2,1 % en 2016, les projections indiquent une augmentation de 4% cette année et 4,1 % en 2020, a indiqué la Banque africaine de développement (BAD) le 5 février, à l’occasion d’un déjeuner annuel avec les membres du corps diplomatique accrédités en Côte d’Ivoire.
Faisant référence à la publication phare de la Banque, intitulée “Perspectives économiques en Afrique 2019”, le président du groupe de la BAD, Akinwuni A. Adesina, a déclaré : « L’avenir de notre continent s’annonce des plus prometteurs ».
La rencontre a permis aux ambassadeurs de s’informer des activités de l’institution et d’échanger sur les questions émergentes qui contribueront à orienter l’avenir du continent.
En effet, les opportunités économiques en Afrique suscitent beaucoup d’intérêt. L’accord qui porte création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec) vise ainsi à mettre en place le plus grand espace de libre-échange au monde. Avec la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, la Zlec, a dit la BAD, offrira un cadre inédit à même de doubler les échanges commerciaux en Afrique.
« La BAD est au centre des actions menées pour la réussite de cette zone de libre-échange continentale. Nous avons investi plus d’un milliard de dollars pour soutenir le financement du commerce en Afrique», a souligné Akinwuni A Adesina.
La Banque a notamment investi un autre milliard de dollars dans Afrexim Bank, dont six cent cinquante millions de lignes de crédit pour le financement du commerce et trois cent cinquante millions en assurance.
Par ailleurs, la BAD estime que la libre circulation des personnes sur le continent constitue un autre facteur important de développement. Elle a noté des progrès en matière de visas. Pour autant, beaucoup reste encore à faire.
« Nous devons faire tomber toutes les barrières qui entravent la libre circulation des personnes sur le continent, en particulier celle de la main-d’œuvre car, elle est vitale pour promouvoir les investissements », a plaidé le président de la BAD.
A la lumière de son dernier rapport sur les investissements intra-africains, la BAD pointe la hausse significative des investissements transfrontaliers (douze milliards de dollars l’an dernier, contre deux milliards en 2010).
Dans le cadre du Pacte du G20 avec l’Afrique, la Banque a collaboré de façon étroite avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international pour apporter son assistance aux pays africains, notamment en matière de réformes des politiques d’environnement des affaires et de règlementation des entreprises. Les investissements directs étrangers en faveur des pays bénéficiaires du Pacte du G20 ont bondi de 36 %, alors que ceux en direction des autres pays du continent ont chuté de 42 %.
Investissement, facteur du développement
« L’Afrique ne se développera pas grâce à l’aide mais plutôt par les investissements. C’est pourquoi, la Banque africaine de développement, en coordination avec ses partenaires, a lancé l’Africa investment forum, dont la première édition a eu lieu en novembre dernier en Afrique du Sud, à Johannesburg », a rappelé le président de la Banque.
En outre, la BAD a révélé qu’elle continue d’investir dans les infrastructures pour mieux interconnecter les pays et améliorer ainsi leur compétitivité. L’institution a ainsi soutenu la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest à hauteur de seize millions de dollars pour la préparation d’études de faisabilité du corridor Lagos-Abidjan.
Elle a assuré également le financement de mille kilomètres de route entre Addis-Abeba et Mombasa, qui ont multiplié par cinq les échanges entre l’Éthiopie et le Kenya. La banque a été partie prenante de la construction historique du pont sénégambien reliant la Gambie au Sénégal, inauguré le 21 janvier dernier. Une autre preuve, le portefeuille d’investissement de la Banque en Côte d’Ivoire a triplé ces trois dernières années, pour atteindre 1,8 milliard de dollars en 2018.
« Dernier point crucial pour le développement de l’Afrique, nous devons transformer radicalement notre agriculture », a insisté le patron de la BAD. La Banque poursuit, par exemple, son rôle moteur dans une initiative baptisée Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique, qui œuvre à accélérer la diffusion des technologies agricoles à travers tout le continent, pour améliorer les rendements mais aussi lutter contre les conséquences du réchauffement climatique ou encore contre certains fléaux, comme la chenille légionnaire d’automne, un insecte ravageur.
« “Les High 5” de la Banque, nos cinq grandes priorités, sont en train de produire des effets significatifs partout sur le continent », s’est réjouie la BAD. En 2018, en écho à la priorité « Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie», 4,5 millions de personnes ont été raccordées au réseau électrique. Près de vingt millions ont accédé à des technologies agricoles améliorées « Nourrir l’Afrique».
Dans le secteur privé, des millions de personnes ont bénéficié des services dans différents programmes initiés comme «Industrialiser l’Afrique » ; « Intégrer l’Afrique» et « Améliorer la qualité de vie de la population africaine ».
Créditée par les quatre grandes agences de notation mondiales d’un triple A avec perspective stable, la BAD promet de poursuivre sa marche vers l’émergence d’une Afrique forte. Pour y arriver, le président du Groupe a mis l’accent sur l’accès universel à l’électricité ; l’autosuffisance sur le plan alimentaire ; l’intégration complète du continent ; l’industrialisation de l’Afrique et l’amélioration de la qualité de vie de la population.