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DEVELOPPEMENT A LA BASE : Quand le secteur informel domine l’économie locale

L’économie locale qui devrait prospérer pour permettre aux collectivités locales d’assurer leur développement, continue d’éprouver des difficultés, depuis l’avènement du renouveau démocratique. La majorité des entreprises qui mènent des activités dans les différentes communes ne pas non seulement dans l’informel, mais ne sont pas organisées.

La croissance est en hausse, l’inflation en baisse, les infrastructures se développent. Pourtant, le secteur privé stagne et la pauvreté s’aggrave. En cause, le secteur informel qui plombe les résultats économiques. Ce constat fait au niveau de l’économie malienne, selon la banque africaine de développement (BAD) a des ramifications dans les communes et partant, dans les économies locales.
Le secteur privé dans les communes se caractérise par la prédominance d’entreprises qualifiées par certains « d’informelles ». Si ces entreprises ne sont pas légalement reconnues, elles génèrent une activité importante et procurent des revenus à une majorité d’actifs. Les employés évoluant dans ce secteur travaillent souvent dans des conditions difficiles et précaires (pas de salaire minimum garanti, pas de sécurité sociale, ni aucune facilité d’accès aux soins).

Or, ces entreprises jouent un rôle important dans la formation des jeunes («apprentis»). On estime qu’elles offrent leur premier emploi à plus des trois quarts des jeunes. Elles génèrent certes des revenus conséquents mais leur caractère informel les maintient dans la précarité, et la clandestinité administrative. Leurs revenus et les taxes qui peuvent y être appliquées constituent un manque à gagner pour l’Etat et les collectivités. En conséquence, toute action de renforcement de l’économie locale doit composer avec les entreprises informelles.

Contraintes
C’est dans ce contexte que les partenaires techniques et financiers souhaitent souvent renforcer l’appui au développement de l’économie locale qui fait face à plusieurs contraintes. Et au nombre de ces contraintes, il y a des systèmes financiers (banques et institutions de microfinance) qui proposent des produits financiers non adaptés aux besoins et aux contraintes des opérateurs économiques majoritaires qui ne sont que des entreprises informelles. Aussi, y a-t-il des services techniques faiblement outillés pour conseiller les entrepreneurs ; des filières agro-pastorales composées d’acteurs inégalement dotés en information, capital et pouvoir de négociation.

En fait, le secteur informel revêt une importance capitale pour l’économie malienne et interpelle tous. Car, ce secteur implique le plus grand nombre de travailleurs, toutes catégories confondues. Des médecins aux artisans, des juristes aux prestataires de service, tous se retrouvent dans le secteur informel, tout au moins, à une étape de leur vie professionnelle. C’est également un sujet d’actualité car, depuis des années et encore aujourd’hui plus que par le passé, l’économie souterraine focalise l’attention aussi bien des autorités étatiques, des partenaires au développement que celle des acteurs du secteur privé structurellement formalisés.

Surtout que le secteur informel occupe une place non négligeable dans l’économie africaine en général et dans l’économie malienne en particulier. Il se définit comme un ensemble d’activités économiques se réalisant en marge de la législation pénale, sociale, administrative, comptable et fiscale en vigueur dans le pays. En conséquence, il échappe à toute politique économique et sociale et donc à toute régulation de l’Etat.

Prolongement du système traditionnel
En outre, le secteur informel peut être considéré comme un prolongement du système économique traditionnel dans un environnement sociétal marqué par de profondes mutations. Ce faisant, il fonctionne allègrement au vu et au su de tous au point où toutes les activités des trois secteurs internationalement reconnus (primaire, secondaire, tertiaire) sont représentées dans l’économie informelle. Autrement dit, l’informel est une réplique du formel. Et même si paradoxalement ledit secteur constitue pour beaucoup une bouée de sauvetage, il est légitime de se demander si la situation est viable.
A ce niveau, il est mis en exergue la responsabilité citoyenne et celle étatique ou communale. L’Etat ou la commune (au niveau local) comme les partenaires techniques et financiers, de même que les citoyens sont tous responsables de la structuration non seulement de l’économie malienne qui, selon une étude l’inspection générale de l’Etat effectuée en 2010, serait informelle à plus de 70 % du Produit intérieur brut (Pib), mais aussi de l’économie locale.
L’importance du secteur informel dans l’économie nationale puis dans l’économie locale étant avérée et caractérisée, il serait illusoire de penser à son éradication totale du jour au lendemain. L’informel et le formel sont intimement liés, ne serait-ce que par la monnaie dont ils font un usage commun?

Le faible degré d’organisation des acteurs économiques est souvent un frein au développement de leurs activités. En effet, face aux difficultés similaires (accès aux financements, défenseurs de leurs droits, accès à la terre, écoulement de la production, accès aux intrants) qu’ils rencontrent, ils sont peu outillés pour y trouver des réponses, et par conséquent assumer leur rôle d’acteur économique du territoire. Il est donc essentiel de constituer des groupes d’acteurs partageant des intérêts communs pour faire émerger des collectifs influents et ainsi, rééquilibrer le dialogue?

Assi de Diapé

Source: Le Point du Mali

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