Les enquêteurs à Narbonne (Aude) en ignorent encore les raisons mais ont dû se rendre à l’évidence: deux collégiennes de 13 ans à peine ont bien planifié l’assassinat de la famille de l’une d’elles et avaient commencé à mettre leur projet à exécution.
“C’est la première fois pour ma part et mes collègues qu’on a affaire à une tentative d’assassinat fomentée par deux jeunes filles à un âge aussi précoce”, a souligné mardi devant la presse le procureur de Narbonne, David Charmatz.
Dans ce tandem “hors norme” selon ses mots, magistrats et gendarmes ont commencé à cerner les rôles respectifs. L’une, scolarisée en 5e, avait écrit et clamé devant témoins sa volonté d’éliminer ses parents et son petit frère. L’autre, en 6ème, a semble-t-il adhéré à son projet et devait en être le bras armé.
Les deux amies n’en sont pas restées à l’échange de SMS: le vendredi 28 mars, elles ont attenté à la vie du petit frère.
A la sortie des cours, la première a fait venir la seconde dans sa chambre. Les parents vaquent à leurs occupations dans leur maison de Peyriac-de-Mer, un village plutôt coquet de 1.000 habitants limitrophe de Narbonne, au bord de l’étang de Bages-Sigean.
A l’aide d’un couteau, l’amie frappe dans la nuque du petit frère, un enfant de 6 ans.
Alertés, les parents emmènent le garçon chez le médecin, qui pose un point de suture. La blessure est en fait plus sérieuse qu’il n’y paraît. Profonde de 3 cm, elle a entraîné une lésion de la dure-mère, cette membrane qui protège le cerveau. L’état de santé du garçon, pris de vomissements et de migraines, se détériore rapidement.
– Un scénario écrit –
Le médecin le fait admettre le dimanche soir 30 mars aux urgences de Narbonne qui, réalisant la gravité de la situation, le transfèrent en neurochirurgie à Montpellier. Les jours de l’enfant, toujours hospitalisé, ne sont pas en danger.
C’est l’hôpital qui a signalé les faits au parquet, lequel a immédiatement diligenté une enquête qui a débouché dimanche sur la mise en examen des deux collégiennes pour tentative d’assassinat. Elles ont été placées sous contrôle judiciaire, hors du département, dans des établissements séparés de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
De telles poursuites sont rarissimes pour de si jeunes mineures.
La stupéfaction est d’autant plus grande chez le procureur et les gendarmes qu’ils n’ont aucune explication. Devant eux, ces adolescentes plutôt ordinaires, nées dans des familles de la classe moyenne, sont apparues détachées, n’ayant pas conscience de la gravité de leurs actes.
Un écrit retrouvé par les enquêteurs s’apparente à “un scénario qui est bâti”. Le coup de couteau porté au petit frère n’était-il que “le début de ce qui devait suivre? Force est de constater que dès cet acte commis, tout s’est arrêté”, a constaté le procureur.
Amies depuis environ un an, les deux élèves fréquentaient le collège Jules-Ferry, l’un des établissements les plus importants de Narbonne.
Leur comportement inhabituel avait alerté récemment l’équipe éducative.
“Depuis peu, elles avaient tendance à opérer des scarifications sur leur avant-bras. Et elles avaient aussi des propos inquiétants sur ce projet dont elles ne se cachaient pas vraiment”, a rapporté le procureur.
Elles avaient alors été vues par l’assistante sociale du collège pour ces “problèmes de scarification qui concernaient un petite groupe de jeunes filles”.
Ces tendances “auto-agressives”, ainsi que la gravité des faits qui leur sont reprochés devraient conduire le magistrat à ordonner dans les semaines qui viennent des expertises psychiatriques.
© 2014 AFP