Bakariba Diarra était le promoteur de la société Sigma Distribution, dont les activités se focalisaient sur la fourniture de matériels informatiques et groupes électrogènes. L’inculpé à la barre a reconnu avoir travaillé avec Amara Sissoko la partie civile, en tant que partenaire et conseiller. Après plus d’une heure d’échange, Bakariba Diarra n’a pu donner d’explications nécessaires pour que la Cour comprenne de quoi retournait réellement cette affaire.
Le président lui a demandé combien il devait à Amara Sissoko. Sa réponse : “Je ne sais pas si je lui dois quelque chose. Si je lui devais réellement la somme dont on m’accuse, je n’allais pas passer 7 ans gratuitement en prison. J’allais payer la caution pour avoir la liberté provisoire”, a-t-il déclaré. Il a signalé que sa société obtenait des marchés ou autres commandes, tant du secteur public que privé par l’intermédiaire de certaines personnes des administrations ou structures concernées, notamment les nommés Gaoussou Dembélé au niveau de la présidence de la République, capitaine Ibrahima Bah de la garde nationale, Me Abdoulaye Ouane et Attaher Maïga pour la transaction d’objets d’arts.
Le ministère public a demandé dans son réquisitoire le maintien de Bakariba Diarra dans les liens de l’accusation parce qu’il est coupable des faits à lui reprochés. Se prononçant sur la peine, il a requis que la Cour tienne compte des 7 ans de détention provisoire de l’accusé. A cet effet, le parquet a décrié la lenteur des procédures qui viole les droits des prévenus. Quant à son avocat, celui-ci a expliqué que son client a été lui-même victime d’abus de confiance de la part de Gaoussou Dembélé qui devrait être cité dans le dossier. Pour finir, il a plaidé non coupable.
La Cour, après avoir reconnu l’accusé coupable des faits d’abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, elle ne l’a pas accordé de circonstances atténuantes. De ce fait, Bakariba Diarra a été condamné à 10 ans d’emprisonnement.
Les faits remontent au début d’année 2015. Bakariba Diarra a rapproché Amara Sissoko, administrateur de l’Agence immobilière Bintou services (AIBS) pour une collaboration dans le cadre d’activités économiques et financières d’autant plus que ce dernier évoluait dans le domaine du préfinancement de marchés ou commandes, tant du secteur public que privé. Ainsi, les susnommés, à travers un accord cadre, ont décidé d’entamer une collaboration pour la bonne marche de leurs activités économiques respectives. Pour ce faire et conformément aux clauses de l’accord précisé, Amara Sissoko a financé tous les marchés apportés par Bakariba Diarra qui, à son tour, soit après exécution desdits marchés, soit du délai convenu, a remboursé régulièrement les fonds et ils se sont partagés les bénéfices obtenus avec 60 % de part pour Amara Sissoko, le bailleur.
Leurs relations d’affaires ont continué en totale confiance jusqu’en février 2016 où, Bakariba Diarra a commencé à ne pas honorer ses engagements contractuels. En effet, il ne reversait plus à son partenaire les fonds préfinancés, encore moins les bénéfices aux termes échus pendant qu’au même moment Amara Sissoko était mis sous pression par les banques auprès desquelles il levait habituellement les fonds en crédit pour la cause et dont les dates d’échéance étaient arrivées à terme pour le remboursement.
Voyant le préjudice subi s’élever à la somme d’environ 943 millions de F CFA, à titre principal et de plus de 253 millions de F CFA d’intérêts, Amara Sissoko harcelait davantage son partenaire Bakariba Diarra afin qu’il puisse s’exécuter sans délai. Ce dernier, pour prouver sa bonne foi et maintenir l’espoir d’un succès, a présenté à Amara Sissoko plusieurs fausses pièces de certaines administrations ou structures privées ou ONG au compte desquelles, il aurait exécuté des marchés, laissant ainsi croire à son partenaire que le retard de paiement serait dû à la lourdeur administrative du circuit financier.
Il s’agit notamment de bons de commande, de contrats simplifiés, de factures pro-forma, de bordereaux de livraison, de bordereaux d’émission du budget d’Etat. Continuant dans ses manœuvres, Bakariba Diarra a sollicité de nouveau son partenaire Sissoko pour préfinancer un autre marché d’achat d’objets d’arts au Cameroun sur la base d’un faux contrat de 3 millions d’euros qui, au bout de deux semaines, allait leur rapporter un bénéfice de 55 millions de F CFA.
Il lui a remis pour la circonstance la somme 110 millions de F CFA. Inquiet de constater non seulement que Bakariba ne parvenait plus à honorer à ses engagements, mais aussi qu’il utilisait des astuces pour se dérober, Amara Sissoko a porté plainte contre le susnommé devant la brigade de recherche de Bamako rive gauche de gendarmerie nationale, laquelle a ouvert immédiatement une enquête qui a permis d’inculper Bakariba Diarra devant le magistrat instructeur pour abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux.
L’accusé a reconnu les faits qui lui sont reprochés sans difficultés aussi bien à l’enquête préliminaire qu’à l’information. Il a soutenu qu’il n’est pas seul à commettre les faits incriminés.
Marie Dembélé
Source: Aujourd’hui Mali