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Des Maliens réagissent au coup de force du 18 août 2020

A la suite des évènements du 18 août qui ont abouti à la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta et à la prise en mains des affaires de l’Etat par les militaires, les Maliens sont partagés sur le bienfondé de ce  »coup de force ». Nombreux sont ceux qui saluent l’acte et espèrent un nouveau départ tandis que d’autres demeurent réservés et le déplorent.

 

  Adama Dabo :  » le coup d’Etat le plus civilisé et approuvé  »

‘’Je pense que c’est le coup d’Etat le plus civilisé et approuvé que j’ai connu. Je demande seulement aux mutins de rester soudés afin d’éviter toutes autres infiltrations.

Nous sommes derrière eux pour le meilleur et le pire. Je propose qu’ils fassent appel aux forces vives de la nation et aux technocrates pour l’exécution de leur feuille de route. J’approuve ce coup d’État. Le président IBK avait montré ses limites sur presque tous les plans, cela fait des années que nos enfants ne vont plus à l’école, la sécurité est inexistante, le vol est orchestré par les plus hautes autorités, le chômage, le climat social tendu, l’injustice avec son cortège d’arrestations arbitraires.

Moi, je propose au CNSP de passer à l’application immédiate de sa feuille de route qui me paraît excellente pour que le Malien puisse retrouver son identité.’

Salif Diabaté, président de l’AVJD : « Un coup d’Etat ne peut et ne doit  » être la solution pour le Mali « 

‘’Je pense qu’un coup d’Etat ne peut et ne doit être la solution pour le Mali. C’est un échec de la démocratie au Mali. Attaché aux principes démocratiques et républicains, je condamne toute prise de pouvoir anticonstitutionnelle et en particulier le renversement du régime démocratique par les militaires.

Je prends acte de la déclaration du CNSP. Nous sommes très loin de la vraie démocratie. Il est clair que ça n’allait pas au Mali, la situation demande l’attention de toutes et de tous pour éviter le chaos et reconstruire le pays.’’

Zakaria Traoré :  » la légitimité et la souveraineté appartiennent  au Peuple  »  

‘’Le coup d’État est condamné dans un pays démocratique. Mais le peuple a le droit de demander la démission du président démocratiquement élu.

En effet, la légitimité et la souveraineté appartiennent au peuple. Compte tenu de la situation du pays, le peuple avait raison de demander la démission de l’ancien président IBK. Pendant sept ans, le peuple n’a vu aucun changement mais pire, c’est le Mali même qui était en train de disparaître. Cela, à cause de la mauvaise gouvernance, la cherté de la vie, la corruption, le détournement des biens de l’État, la détérioration des services de santé, l’insécurité et la fermeture des écoles pendant des mois.

IBK ne dirigeait pas mais plutôt il agissait face à la situation. Il a eu le pouvoir à zéro franc, presque tout le peuple l’avait choisi en 2013 comme l’homme de la situation, susceptiblede résoudre le problème du Mali, mais il a déçu le peuple par sa façon de gouverner. S’il avait écouté son peuple, il aurait échappé à une telle humiliation, car il est venu au pouvoir comme héros mais il est parti comme un zéro.’’

Mariam Doumbia, étudiante  » C’est une situation qu’il a lui-même voulue »  

‘’J’aurais préféré que le président démissionne de lui-même. C’est une situation qu’il a lui-même voulue, car il a reçu plusieurs propositions. Il était l’espoir des Maliens en 2013. Mais, il n’était plus en mesure de remplir les missions que la population lui a confiées.

Les citoyens doivent savoir que le changement viendra d’eux-mêmes. Lors des prochaines élections, nous devons choisir des candidats qui ont de bons projets contre le régime incapable d’IBK.

L’éducation et la santé ont été son dernier souci depuis des années. En plus, l’insécurité et l’instabilité gagnaient du terrain de jour en jour, les attaques contre nos forces armées se poursuivaient et la mauvaise gouvernance était devenue une réalité au Mali.

IBK a, malgré ces différentes tensions, tenu les législatives dont l’issue a été marquée par des soupçons de fraudes, qui ont jeté la population dans les rues des différentes villes, dénonçant le vol électoral.

On a voulu son départ depuis des mois et si nos FAMa ont finalement répondu à notre appel, moi je pense que leur initiative est salutaire et nous les soutenons. Moi, personnellement, je suis très content de son départ. Je salue infiniment les mutins de Kati.’’

Youssouf Maïga, économiste  » Je propose au CNSP de remettre le pouvoir aux civils « 

‘’Je parlerai plutôt de démission, même si d’autres diront que c’est un coup de force, cette question est relative, car pour qualifier l’acte de coup d’Etat et le condamner il faut se référer à la constitution violée à maintes reprises par le président démissionnaire et son régime.

Je propose au CNSP de remettre le pouvoir aux civils pour assurer la transition. Il nous faut un gouvernement un peu plus technocrate, qui sera en mesure de suivre et de mettre en œuvre la feuille de route proposée par les forces de sécurité. Mettre en place un comité avec un budget pour mieux sensibiliser la population avant les élections, tout en mettant l’accent sur les enjeux, les conséquences d’achat de conscience lors des différentes élections, exiger pour tous les candidats à la présidentielle un programme qui sera édité en français et dans les différentes langues nationales et, si possible, faire le résumé du programme de chaque candidat au journal télévisé et dans les différentes radios pour mieux sensibiliser. Dans le futur, je demande aux Maliens de voter pour un programme et non pour une personne.’’

Bintou Mariko, ménagère :  » Un coup d’État fait toujours mal à un pays « 

‘’Un coup d’État fait toujours mal à un pays. Mais pour cette fois-ci, c’était inévitable, car la population était abandonnée par le président de la République. Nos enfants n’étudiaient plus, l’insécurité devenait de plus en plus grande et la corruption était devenue le quotidien des dirigeants.

Je demande aux militaires de tout mettre en œuvre pour empêcher les pillages et créer un dialogue avec la CMA et les autres plateformes. Le Mali ne doit plus être comme avant, il faut que les politiciens changent leur méthode de gouvernance. Le problème de ce pays ce n’est pas les militaires mais plutôt les politiques.’’

Coumba Sall, commerçante : « Nous ne devons plus commettre les erreurs de 2012 « 

‘’Je condamne fermement ce coup de force militaire. Mais j’accuse la communauté internationale qui, malgré ses multiples tentatives, n’a pas fait des propositions fortes pour une sortie de crise définitive. Les problèmes cruciaux du Mali se résument, à mon avis, à l’éducation et à l’Insécurité. Mais la CEDEAO s’est penchée uniquement sur les élections législatives. Or, elle savait que les enfants du Mali étaient à sept mois sans école.

Abdoul DEMBELE et Moussa B SISSOKO

Source : l’Indépendant

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