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Déroute électorale de Soumaïla Cissé: la part de responsabilité de Tiébilé DRAMÉ

Parmi les multiples raisons qui pourraient un jour expliquer la déroute électorale de Souamïla Cissé, le principal opposant et challenger du président sortant, Ibrahim Boubacar Kéita, il y a sans doute le peu de représentativité des cadres politiques qui gravitent dans orbite, dont Tiébilé Dramé. Le Belier en chef, et directeur de campagne du candidat de Ensemble pour la restauration de l’espoir, qui est en train de mener Soumi sur une pente glissante, a été battu, dans tous ses fiefs électoraux.

Le moins que l’on puisse dire est que cette présidentielle 2018, mais pratiquement ce premier quinquennat de IBK, auront offert au patron du Parena une excellente tribune de contestation tous azimuts. Cela a culminé avec les rassemblements de la contestation sociale de ‘’An té An bana’’ et la direction de campagne du chef de file de l’opposition à la tête d’une alliance, ‘’Ensemble, Restaurons l’Espoir’’ qui a porté le challenger de IBK au cours de cette présidentielle. Cependant, ce regroupement, plutôt hétéroclite, n’a guère brillé ni par son assise politique ancrée dans le corps électoral, encore moins par son homogénéité, car composée moins de soutiens politiques réels qu’associatifs de tous horizons de la société civile, certains fort tard venus sous forme d’ailleurs de postures prévisionnelles qu’engagement politique réel.
Aussi, la question qui demeure, et cela aussi au jour de l’inévitable évaluation, est de savoir l’apport en terme électoral de Tiébilé Dramé à Soumaïla Cissé, en tant qu’allié politique et en tant que coordinateur de la stratégie de campagne du candidat. Et pour cause ? Tiébilé Dramé est avant tout un chef de parti, censé disposer d’un parcours dans le landernau où il figure et toise le sommet depuis l’avènement de la démocratie en 1991. En effet, l’ancien leader étudiant exilé a été ancien ministre des Affaires étrangères de la Transition de 91, ancien ministre des Zones arides et Semi-arides, et est par ailleurs membre d’une des grandes dynasties familiales qui gèrent le Mali depuis presque trente ans, parce que gendre du premier Président de l’ère démocratique, Alpha Oumar Konaré.
Ce parcours aura dû prédisposer le président du parti du Bélier Blanc, non au rôle sacrificiel en cette veille de Tabaski, comme il l’a fait en s’effaçant devant le président de l’URD, mais à être un vecteur de rassemblement comme il l’avait voulu au départ. Et pourtant, le premier échec du candidat de la restauration de l’espoir vient de là. En dépit des vaines tentatives d’appels du pied, et surtout des récupérations politiques des mouvements sociaux, Tiébilé Dramé, in fine et au profit de Soumaïla Cissé, n’a jamais réussi à fédérer les diverses tendances de l’opposition autour d’un modus operandi, en l’occurrence en une stratégie commune de défiance puis d’engagement électoral pour réaliser l’alternance. La dispersion de l’opposition a montré les limites de la stratégie du directeur de campagne de Soumaïla Cissé. La suite, c’est-à-dire les lendemains post-premier tour ainsi que les attitudes adoptées par les différents candidats, n’ont guère laissé d’illusions quant au rassemblement autour d’un mot d’ordre.
En définitive, quel est le poids politique réel du patron du Parena, puisque les résultats électoraux de son champion ne semblent refléter une agrégation de suffrages, par rapport à son score de 2013, et encore moins dans les zones censées constituer des bastions électoraux du Parena ?
Ainsi, en est-il de Nioro du Sahel, qui devrait être un bastion théoriquement inexpugnable de Tiébilé Dramé, natif de cette localité urbaine. De fait, le candidat de Tiébilé n’a gagné dans aucun des sept (7) quartiers de la commune urbaine de Nioro, y compris son propre quartier (Diaka) et cela, ni au 1er ni au second tour de cette présidentielle. Ici, dans le quartier natal de Tiébilé Dramé, IBK a damé le pion à son challenger déjà au premier tour avec 337 voix contre 116 pour le champion du président du Parena. Le second tour a été un remake à l’identique ou presque, car le candidat de l’EPM caracole en tête avec 434 voix, nettement devant celui de la restauration de l’espoir qui pointe presqu’à mi-chemin avec seulement 219. Des chiffres qui, rapportés à la moyenne nationale des deux candidats, ne signifient rien en apparence. Toutefois, ils sont significatifs du peu d’apport et de gains de suffrages de l’attelage de Soumaïla Cissé-Tiébilé Dramé qui n’aura produit aucun résultat électoral significatif, susceptible de menacer un tant soit peu le président sortant.
Le reste des chiffres de Nioro du Sahel ne laisse guère planer de doute sur cette tendance, savoir qu’en réalité, même dans cette ville religieuse d’où il est issu, le leader du Parena n’a pas réussi à faire montre d’un apport déterminant pour celui dont il est le directeur de campagne.
En définitive, son directeur de campagne et allié politique ne conduit-il pas Soumaïla Cissé sur une voie sans issue ? Car la stratégie de la contestation tous azimuts et la persistance dans la dénégation, tant des résultats électoraux, systématiquement rejetés en dépit des différents quitus des structures observatrices de la communauté internationale, que des institutions nationales avec certes des vues partagées ou non (Cour Constitutionnelle et MATD) conduisent en définitive à une impasse. Il est vrai que l’échiquier malien n’est pas avare de retournements de situations, voire de veste, mais en attendant, le dessein post-électoral de l’opposition n’offre pas une grille de lecture adaptée à la situation de détresse sécuritaire et unitaire au plan national.
Pour l’heure, seul apparaît l’échec d’une union sacrée de l’opposition, devenue chimérique tout au long du processus électoral, et maintenant une stratégie suicidaire de contestation des élections après une mise en cause systématique des institutions. Toute chose que la communauté internationale, ne partage pas, malgré qu’elle soit plusieurs fois prise à témoin par Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé.

Yaya TRAORE

Info-Matin

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