La dépigmentation consiste à enlever de force la peau noire (réduire la mélanine de la peau) pour ressembler aux blancs ou blanches. Cette pratique est rependue chez nos mères, sœurs et femmes. Sont-elles – pour cause de peaux noire – assez insignifiantes à leurs propres yeux pour vouloir coûte que coûte et vaille que vaille ressembler aux blanches ? Le phénomène, en tout cas, a pris des proportions démesurées en Afrique noir et, plus particulièrement au Mali. Connaissant les conséquences de la dépigmentation, qu’est ce qui peut bien pousser nos femmes à de telles pratiques ?
Un tour dans nos bureaux, marchés, écoles, quartiers, etc. permet de voir des femmes « claires en haut, ‘café au lait’ au milieu et noires en bas ». Cela, à cause de l’usage de crèmes éclaircissantes dont la provenance est inconnue. Peu importe, pour nos mères et sœurs, l’essentiel est d’être claire et aguichante devant les hommes. C’est à croire que la beauté n’est acquise que lorsqu’on est clair. Faux, rétorque Namissa Doucouré, une Sarakolé : « j’ai jamais fait recours à ces crèmes éclaircissantes pour me sentir belle. Au contraire la vraie beauté, c’est le naturel. Si être clair est synonyme de beauté pour celles qui font la dépigmentation pourquoi sont-elles absentes lors des concours miss beauté ? (…) elles ont d’autres raisons, mais qu’elles ne nous font pas croire que c’est pour paraître belle, et même si c’était le cas pour combien de temps ? ».
Victime de la dépigmentation, Awa Koumare explique son calvaire : « au début je voulais juste me ‘rincer’ la peau comme on le dit. Après quelques mois d’usage abusif de ces crèmes éclaircissantes, j’ai eu satisfaction, j’avais un teint qui suscitait de l’admiration et j’en étais très flattée lors qu’on me le disait. J’ai par la suite cessé, croyant que mon teint allait rester intact. Malheureusement après quelques temps, ma peau commençait à prendre des couleurs qui ne me plaisaient pas et je devais alors d’y remédier. Mais comment ? Je me suis alors retrouvée dans le cercle vicieux de l’utilisation permanente des produits éclaircissants. Il faut le dire, une fois qu’on commence à mettre ces produits, on ne peut plus arrêter au risque d’avoir un teint dégoûtant et lors qu’on continu ont pourrit tout simplement ». Ce qui se confirme d’ailleurs par la puanteur que dégagent les vergetures dues à ces crèmes et qui lui couvrent tout le corps.
Mais, si l’objectif de Awa Koumare et des autres était de ‘se rincer‘ pour paraître belle aux yeux des mâles, quelles appréciations est-ce que ces derniers « destinataires » font des femmes qui pratiquent la dépigmentation est qui ont le teint clair ?
Moussa Keita : « écoute, je comprends qu’elles veuillent se faire belle pour nous, c’est de bonne guerre, mais de là à se dépigmenter, je pense que c’est un peu exagéré. Car si je suis avec toi parce que tu es clair, dis-toi que je te quitterais le jour où tu changeras de couleur. Je veux bien qu’elles essayent des trucs pour nous plaire, mais je les conseilles de rester naturelles ».
Hypertension, diabète, insuffisance rénale, voilà quelques maladies que les produits éclaircissants infligent aux personnes qui les utilisent. Ces maladies engendrent des complications graves nécessitant des prises en charges pratiquement à vie, explique Mamadou Samake, pharmacien en commune VI, car ils sont à base de mercure et de corticoïde. Des produits associés à de grands pots de lait ou de crème à l’hydroquinone pour accélérer le processus de dépigmentation.
Souleymane Traoré lui ne va pas avec le dos de la cuillère : « eh bien les femmes qui se dépigmentent, je les aiment tant qu’elles sont au top niveau, c’est-à-dire bien clair, aguichante, mais quand ça commence à dégringoler et à sentir du je-ne-sais-quoi je préfère m’en éloigner, pour vous dire la vérité ».
En tube, en piqure, en lotion, en pommade, les produits éclaircissant existent sur toutes les formes et toutes présentations. La pratique qui sonsiste eclaircir sa peau est monnaie courante de nos jours à Bamako dans la capitale malienne.
Pourtant c’est sur demande de certains maris que des femmes se retrouvent dépigmenter. Des hommes, qui seraient apparemment encore plus sur le charme de leur femme.
Bakary Koné est un enseignant marié et papa d’un petit garçon : « pour les hommes qui connaissent le danger encourut par les personnes qui s’adonnent à cette pratique ne diront jamais à celles qu’ils aiment d’exposer leurs vies aux maladies qui peuvent être très dangereuses pour la peau. J’aime tellement mon épouse que je serai pas à mesure de lui demander de se rendre malade et être désagréable a la société. Personnellement j’ai du mal à supporter les hommes et les femmes qui se dépigmentent car c’est une injure à l’endroit de Dieu qui sait ce qui est bon et parfait pour nous de façon individuelle raison pour laquelle il choisit de faire de nous, noirs ou blancs selon son gout et son plaisir ».
Depuis plus d’une décennie, nos frontières sont les réceptacles de produits qui ne répondent aux normes de qualités étrangères.
Ignorés plus ou moins souvent car aucune loi n’existe pour leur commercialisation, le marché malien se retrouve inondé par ces produits dont les effets cutanés ne sont plus à démontrer. Ce qu’on peut appeler une inondation exagérée du marché malien à créer une autre activité parallèle : les lux beautés. Mais de cela il en est un autre sujet.
Pour rappel, aucun statistique ne peut satisfaire la curiosité de savoir Combien sont-elles aujourd’hui au Mali à avoir des problèmes cutanés engendre par la dépigmentation.
Djibril M. COULIBALY
Mohamed DAGNOKO
Source: LE COMBAT