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Déni du verdict des urnes : La faute incurable de Soumaïla Cissé

Dans une déclaration rendue publique ce 23 août, M. Soumaila Cissé qui a recueilli 32,84% des suffrages lors du scrutin du second tour tenu le 12 août 2018, a dit avoir pris la lourde décision de ne pas reconnaitre l’institution issue de l’Arrêt  N°2018-04/CC-EP du 20 août 2018 portant proclamation des résultats définitifs du second tour de l’élection du Président de la République. C’est grave. C’est très grave.

Pour faire simple, il ne reconnait pas élu le Président Ibrahim Boubacar Kéïta qui a recueilli 67,16% avec un écart considérable de 915 802 voix.  Face à lui ce jeudi à l’hôtel Salam de Bamako, des partisans chauffés à blanc, qui se sont contentés d’une ovation coordonnée et nourrie entrainés à apaiser une mauvaise fortune qui trouve ses propres explications dans le camp ami.

Qu’a fait le candidat depuis 2013 pour gagner en 2018 ?

Qu’a-t-il fait à la veille de la campagne pour espérer gagner ?

Qu’a- t-il fait pour rassembler et rassurer durant la campagne ?

Lamentablement rien.

La première leçon à tirer de cette décision est malheureusement une interrogation. Soumaila Cissé député de son état, ancien ministre et ancien Président de la commission de l’Uemoa, pour ne citer que ces responsabilités politiques, a-t-il mesuré la portée réelle de l’acte ainsi posée ?  Si tel est le cas, les 876 124 électeurs qui ont voté pour lui le 12 août dernier ont le droit de revoir leur opinion sur celui en lequel ils voyaient un homme d’Etat : une qualité individuelle et morale, la capacité à diriger, la clairvoyance dans les décisions, la lucidité, le sens de l’intérêt général, le courage et l’assurance face aux pressions et face aux calculs du populisme ambiant.  En effet, ne dit-on pas que, ce qui distingue l’homme d’Etat de l’homme politique, c’est que le premier s’inscrit en permanence dans l’action et dans la responsabilité.

La deuxième leçon est malheureusement encore  une interrogation. Elle soulève le principe dialectique que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Dans notre scenario, il incombe à Soumaila Cissé de se donner les moyens de tirer les leçons de sa dramatique décision à son corps défendant. Ne pas reconnaitre l’institution du Président de la République dans un pays comme le nôtre ne peut qu’être que lourde de conséquence. Quid des autres institutions et de l’administration qui en découle par un lien de subordination constitutionnelle ? Quid de son parti et des élections à venir ?  Quid de ses manifestations programmées et pour quels résultats s’il ne veut avoir personne en face ? (ndrl an tè a bana !).

Le fait plus allégorique est que sur les 18 candidats contestataires des résultats du 1er tour dont lui-même, il n’y ait pratiquement eu que deux compagnons d’infortune pour le suivre dans ses discours de surenchère politicienne, abandonné et affaibli qu’il sera seul au second tour face au Président sortant galvanisé par une avance nette et avérée dans la quasi totalité des bureaux de vote.

Tercio, la manœuvre de la contestation permanente après le scrutin présidentiel cache mal les lignes chaotiques écrites à la veille avec comme chapitres les marches prohibées, des exigences politico électorales de plus en plus démesurées et abusives à la manière des grands enfants, mais heureusement esquissées par le Gouvernement qui s’était mis un point d’honneur à tenir les élections à bonne date afin de prévenir un scenario plus complexe susceptible lui-même de déboucher à des développements d’exception dans un pays déjà en crise depuis 2012 et assisté par quelques 14 000 soldats et fonctionnaires étrangers.

Enfin, à notre avis Soumaila Cissé pour lequel nous avons le plus grand respect de par sa nationalité malienne doit se faire preuve d’objectivité et de conviction en considérant que partout où sa tactique politique a été expérimentée en Afrique, elle a échoué. Sa responsabilité devant l’histoire est ainsi engagée.  Oui elle a échoué au Togo, elle a échoué en Côte d’Ivoire, au Gabon, elle a échoué au Kenya. Elle échouera au Mali comme en 1997 parce que le politicien suit le peuple alors que le peuple lui, suit l’homme d’Etat. Le peuple ne cédera pas et ne se laissera pas voler sa victoire sur les vendeurs d’illusion et des observateurs électoraux improvisés.

En tout état de cause, les élections n’ont pour finalité que de choisir celui qui est le plus en phase avec l’opinion dans le cadre d’un débat démocratique. Ne pas accepter le verdict des urnes n’est ni plus, ni moins qu’un déni de la démocratie chèrement arrachée en 1991. Alors autant démissionner de la politique qui a ses règles amères et admises.

Pour nous, citoyens lambda, le plus grand défi de l’heure était d’arriver à organiser les élections dans le contexte que tout le monde sait et à en garantir la transparence. Se souvient-on seulement qu’en fin 2016, les élections locales, après quatre reports successifs, n’ont pu se tenir dans quelques  10% des bureaux de vote en raison de l’impréparation politique et logistique !  Ayé Sabali Maliba yé.

Une contribution de Casimir SANGALA

La rédaction

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