Depuis le jeudi 23 juillet 2015, la commune I de Bamako ressemble à un champ de ruines du côté du quartier Souleymanebougou. Comment à ses habitudes, le ministre Mohamed Ali Bathily n’a pas fait dans la demi-mesure en dépit de la grogne des occupants illicites.
Ce sont plus de trois (3) bulldozers qui ont envahi les lieux et se sont chargés de la démolition, sens dessus-dessous, des habitations achevées ou en chantier de la zone non loin de la résidence d’Etat de l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré. L’opération a été naturellement encadrée par les forces de l’ordre dont la forte présence n’a toutefois empêché une riposte des habitants «sinistrés », dans la journée du vendredi 24 juillet. Comme suite à leur réaction, la Route de Koulikoro a été complètement paralysée avec des scènes de barricades et de pneus brûlés au beau milieu du passage des véhicules. Si une marche était dans l’air, elle a finalement avorté après qu’une frange plus pacifique des manifestants a opté pour la voix du dialogue. Les réunions se multipliaient d’ailleurs lorsque notre équipe quittait les lieux.
Il nous est par ailleurs revenu que les occupants de la zone concernée ont été avisés de l’opération depuis la mi-juillet – autrement dit au moins deux semaines avant son déclenchement. Beaucoup n’ont pas caché que la démarche a été faite de façon officielle, mais personne n’admet qu’elle intervienne au moment où les fortes pluies s’abattent sur la capitale. Un détail qui revient d’ailleurs en leitmotiv dans la vague de condamnations des occupants qui rejettent en bloc les motifs évoqués par l’autorité de tutelle : construction hors-normes, détention de faux titres fonciers avancés par le ministre Bathily depuis deux mois lors d’une conférence de presse.
Plus de 60 maisons villas et immeubles, d’une valeur estimative de 10 milliards CFA environ, sont partis en ruines, par la faute peut-être d’occupants restés sourds devant les multiples avertissements et sommations interpellatives du département des domaines.
Approchés par nos soins, de nombreux propriétaires d’ouvrage démolis se prévalent pourtant de permis d’occuper délivrés par l’autorité municipale. Or, le responsable des affaires foncières dans l’équipe gouvernementale clame haut et fort que les mairies ne devaient nullement procéder à la distribution des parcelles relevant du patrimoine immobilier de l’Etat précisément celles de l’ACI. Il faut signaler en effet que la terre au Mali appartient à l’Etat et qu’en l’espèce c’est la société d’économie mixte ACI qui détient mandat du gouvernement pour la commercialisation de la zone dont les servitudes ont fait l’objet d’un empiètement irrégulier à travers des attributions municipales.
En attendant de voir l’ACI disposer prochainement des parcelles libérées par la démolition, l’opération a été interrompue par un coup de fil en provenance vraisemblablement de plus hautes autorités. De sources concordantes, l’ordre est venu de Koulouba après que certains résidents influents sont entrés dans la danse.
source : Le Témoin