Après l’organisation réussie de l’élection présidentielle, les regards des Maliens sont désormais braqués sur le partage du ‘’gâteau’’, pardon je veux dire le partage du pouvoir. L’organisation d’une élection est une étape importante en démocratie, mais l’exercice du pouvoir n’en est pas moins. L’histoire des démocraties nous enseigne que l’on peut gagner, avec brio, une élection mais échouer dans l’exercice du pouvoir.
Après l’écrasante victoire d’IBK à l’élection présidentielle, tout donne à croire qu’il aura des difficultés, beaucoup de difficultés dans exercice de son pouvoir. Pour plusieurs raisons. Non seulement, les défis qui attendent le nouveau président sont énormes, mais aussi on assiste à un manque criard de cadres au sein de son parti (RPM). Aujourd’hui on peut affirmer sans sourciller que le Rassemblement pour le Mali (RPM) ne dispose pas assez de cadres ministrables. C’est un parti politique qui a été terriblement affaibli pendant le régime d’ATT par la transhumance politique. Mais cette situation a changé surtout après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle qui donnaient IBK largement vainqueur sur ses concurrents avec 39, 79% des voix.
Puisque dans la démocratie malienne, nul ne souhaite aller dans l’opposition, on assiste donc aujourd’hui à une ruée vers le RPM. Toute chose qui nous amène tout droit vers le scénario ATT : démocratie sans opposition ou ‘’consensus politique’’. Aujourd’hui nul besoin de démontrer que le concept de ‘’consensus politique’’ comporte bien de risques. N’est-ce pas ce ‘’consensus politique’’ qui a induit ATT dans l’erreur ? Ce consensus politique n’était –il pas perçu comme un complot de la classe politique contre le peuple?
Pour ne pas connaitre la même situation qu’ATT, IBK a intérêt à ne pas embarquer tous les arrivistes dans son navire. La principale leçon à tirer du consensus politique d’ATT est qu’une démocratie sans opposition n’est qu’un pilotage à vue.
L’opposition est une force de pression qui sert aussi de boussole pour le pouvoir. C’est pourquoi, ils sont nombreux, les Maliens à penser que le Mali a besoin d’une opposition plus ou moins forte.
Il est attesté que l’opposition est difficile à vivre dans les démocraties africaines pour des raisons que l’on sait. C’est pourquoi, les hommes politiques qui doivent naturellement animer l’opposition ne se gênent pas à choisir le camp du pouvoir. Le Mali n’échappe pas à cette triste réalité.
La solution à cette situation au Mali passe, selon certains politiques, par l’élaboration d’un statut de chef d’opposition.
Cette question de création du statut de chef d’opposition est débattue, ces dernières années, dans les salons feutrés de Bamako. Mais va-t-elle intéresser le nouveau régime ? La question demeure. Mais de l’avis de certains analystes politiques, c’est une occasion en or à saisir par IBK, pour redorer le blason de la démocratie malienne. Quand on sait qu’une telle initiative donnera plus de vitalité à la démocratie malienne qui sera citée en exemple dans le monde.
Aboubacar Berthé