Décidément, c’est un signe indien que le sort a jeté sur cet homme à la silhouette longiligne de 1,92 m, conservant encore, malgré ses 70 ans, son physique d’athlète. Lui, il s’agit de Bah Daw, qui avait prévenu ses amis qu’il ne démissionnerait pas cette fois-ci. Hélas !Nous avons été très surpris par sa naïveté car, il s’est fait avoir comme un amateur. Du coup, il n’a pas pu ternir sa promesse. Il a été contraint à la démission.
Bah Daw n’a certainement rien appris auprès du Général Moussa Traoré dont il fut l’aide de camp. Nous nous rappelons l’épisode du 28 février 1978, avec l’arrestation rocambolesque de Kissima Doucara et Tiékoro Bagayogo. Les contradictions entre les officiers se règlent par la force. C’est connu et c’est comme ça. Assimi et acolytes ont arraché le pouvoir à IBK par la force ; d’où ils tirent leur légitimité. C’est quand la Cedeao a refusé que la transition soit dirigée par le chef de la junte, mais plutôt par un civil ou un militaire à la retraite que leur choix s’est porté sur lui colonel-major à la retraite, dont la carrière est jalonnée de démissions. Ils se sont arrangés pour créer un poste de vice-président chargé d’assumer l’intérim de la Présidence en cas de vacance.
Plusieurs observateurs avertis ont été surpris de ce passage inscrit dans la charte de la Transition, car comment on peut penser que le poste de président peut être vacant en 18 mois. Les chefs d’Etat de la Cedeao qui sont plus au fait du pouvoir ont tout de suite vu le piège et ont demandé de rayer ce passage de la charte car, disent-ils, ils ne veulent pas se réveiller, un beau matin, pour apprendre que le chef de la junte est devenu président. Car, la Cedeao a verrouillé son protocole pour que tout putschiste ne profite pas de son forfait afin de décourager les coups d’Etat militaires. On a vu le cas du Capitaine Amadou Haya Sanogo. La mutinerie qu’il a voulu récupérer pour transformer en coup d’Etat avec la mise en abri d’ATT, a été déjouée par la Cedeao en obtenant la démission pure et simple d’ATT qui l’accepta. On va confier le pouvoir à son dauphin constitutionnel qui est le président de l’Assemblée nationale.
Le cas Sanogo, une leçon
Le quarteron de colonels vont tirer les leçons du cas du Capitaine Sanogo, en faisant siennes des revendications du M5-RFP qui est la dissolution de l’Assemblée nationale dont les élections sont contestées, obtenir dans la foulée la démission du président IBK et de son gouvernement. Ils vont aller jusqu’à maintenir la constitution pour déguiser leur coup d’Etat, en vacance de pouvoir dont ils comptent assurer la transition.
La Cedeao les a bloqués dans leur dessein de confisquer le pouvoir, en décrétant l’embargo commercial, financier et bancaire du Mali. Après moult négociations, la junte cède la présidence à un civil qui est un militaire à la retraite. En effet, en destituant Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane, Assimi Goïta vient de mettre fin à la contradiction en renversant les institutions civiles approuvées par la Cedeao, car dit-il, il a été tenu à l’écart de la désignation du PM et de la formation du gouvernement. Cela ne figure pourtant pas dans ses prérogatives.
Il assure présentement la charge de Président de la transition qu’on a voulu lui refuser. Il le fait 3 heures avant l’arrivée du Médiateur qui a traîné les pieds en le mettant devant le fait accompli. On ne sait pas si c’est lui qui a signé la nomination du désormais ex-Président Bah N’Daw, mais il vient de renverser les institutions approuvées par la Cedeao. Cela veut dire qu’il en fera de même du délai de la transition. On recommence à zéro. Le Mali est le désespoir de la communauté internationale. « Je demande à la France de se retirer pour le laisser affronter seul Iyad et Koufa, vous verrez qu’il va fuir. Nos officiers sont des poltrons face aux djihadistes. Ils ne sont braves que devant les civils désarmés », indique un analyste politique. Avant de poursuivre : « Sinon, il était retiré à Sofara avec ses forces spéciales, sans avoir mené aucun exploit sauf à prendre du thé ».
A l’en croire, les Peuls du centre et du Macina se sont faits massacrer sans qu’ils se portent à leur secours. Maintenant, qu’il a profité d’une fenêtre d’opportunité créée par les mouvements de contestations du M5-RFP, contre un Président IBK restant sourd aux revendications de son peuple en se fiant au soutien de la France, il viendra le cueillir dans sa résidence avec une facilité déconcertante, comme ce fut le cas, aujourd’hui avec le naïf Bah N’Daw, qui vient d’être congédié vers son champ.
Nous souhaitons qu’il profite des fonds spéciaux récoltés pendant les 9 mois comme indemnité de licenciement, en guise de consolation. Car s’en est finis les voyages en jet présidentiel. Il ne va pas rentrer dans l’histoire du Mali. Va t’il bénéficier des avantages d’ancien président comme Dioncounda Traoré qui en a exigé le droit en guise de compensation de sa bastonnade ?
Il faut que la Cedeao et l’ONU retirent leurs troupes du Mali pour que notre armée s’occupe de sa survie afin de se détourner du pouvoir d’Etat. Les Maliens sont très déçus par le comportement de la classe politique qui est restée indifférente à ces règlements de compte entre les institutions de la transition. Ils boudent à cause du non déblocage de leur financement public, dont ils rendent le PM Ouane responsable. Ils se réjouissent même de son départ. Au Mali, les gens réagissent selon leurs intérêts corporatistes.
Abdoulaye Bah
Source: Le Démocrate