La réponse de ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a été, on ne peut plus, sévère à l’égard des élus communaux lorsque ces derniers ont formulé, dans leurs recommandations sanctionnant les travaux de leur rencontre avec celui-ci, le report pur et simple des élections communales, régionales et du District de Bamako prévues pour le 25 octobre prochain.« Vous êtes des acteurs intéressés par cette compétition électorale. Les compétiteurs ne peuvent définir les règles », a répliqué le ministre.
Depuis quelques jours, les langues ne cessent de réclamer le report des élections générales prévues pour octobre prochain. Après les partis politiques, suivis de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, ce sont les élus communaux qui sont revenus à la charge en demandant purement et simplement à leur ministre de tutelle, Abdoulaye Maïga, un nième report de ces élections, eu égard aux conditions non réunies, singulièrement la recrudescence de l’insécurité dans les régions du Nord du pays. La réponse du ministre Maïga n’a pas tarder, elle a réduit nos élus locaux à un silence radio dans cette salle de 1000 places du CICB. Extrait :
« J’ai entendu une de vos recommandations qui n’est raisonnable. La rencontre n’est pas un cadre pour demander cela. Dans le cadre de concertation avec les présidents des partis politiques, avec la société civile et avec les partenaires techniques et financiers, une demande pareille pour des raisons que vous avez évoquées n’a été formulée. Il faut rester dans le cadre. Vous, vous êtes des élus, dont le mandat est arrivé à terme. Plusieurs fois prorogée et le délai limite reporté, il ne sied pas là que ce soit votre propos de demander votre maintien dans la violation express des lois de la République. Dans le silence funeste de report successif des élections, se dressent le lit de complaisances, le terreau de l’illégitimité, le cercle des volontés farouches de vos efforts troubles, dédiés à assassiner tous les espoirs nourrissant l’aurore d’un changement en profondeur. Il y a des lieux pour en décider, pas là. L’accord de paix était le seul prétexte de la légitimité des reports antérieurs. Mais, pour le reste, des exemples sont là : au Sénégal il y a la Casamance, en Espagne il y a Les Pays Basques, en France il y a la Corse, etc. Tous ces pays ont tenu des élections dans ces conditions. Il ne parait pas du tout normal que je taise sur cet aspect, il s’agit de l’autorité souveraine de l’Etat, qui suppose le sens de l’Etat, toujours lié à la notion du pouvoir souverain, à l’organisation de la République, à la question du territoire et à celle de population. Vous êtes des acteurs intéressés par cette compétition électorale. Les compétiteurs ne peuvent définir les règles, laissez-le aux autres et dans un cadre précis. Cherchons plutôt à votre niveau que nous fassions en sorte que vous représentiez des collectivités assises territoriales réelles. C’est ce qui va aider le Mali a recouvré l’intégrité territoriale totale. »
Cyrille ADOHOUN
Source: Le Pouce