Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Délivrance du passeport : FIN DE CRISE

Les responsables en charge de la question l’assurent, mais demandent aux usagers des respecter les règles édictées pour l’obtention du précieux document de voyage

direction générale police nationale malienne dgpn crise passeport carte identite

L’acquisition d’un passeport est devenue, depuis quelques mois, un véritable casse-tête pour nos compatriotes qui en ont besoin. Le problème est devenu si grave que les spéculations sont multipliées autour des raisons de la pénurie. Ainsi, d’aucuns assurent que le passeport se négocie autour de 200.000 Fcfa. D’autres jurent qu’il faut taper à la bonne porte pour pouvoir obtenir le précieux document de voyage dans les délais souhaités.
L’écho de cette situation relayée par la presse a amené le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Sada Samaké, à se rendre au service de l’émigration pour comprendre les raisons de la « pénurie ». Au terme de cette visite, instruction a été donnée aux responsables de la structure chargée de délivrer les documents de voyage de trouver, dans les meilleurs délais, une solution définitive au problème.
Deux semaines après cette consigne, comment se présente la situation ? Notre équipe de reportage est allée hier au service de l’émigration. Il était précisément 11h40 quand nous avons franchi la ruelle qui sépare la direction générale de la police nationale et le siège de la BHM. Il y a deux jours, un internaute avait posté sur les réseaux sociaux la photo d’une feuille de papier portant le n° 307 qui indiquait qu’il était la 307è personne sur la liste d’attente alors qu’il était midi. Hier, rien de tel. Seuls quelques policiers en service faisaient des va-et-vient et partageaient la rue avec les vendeuses habituelles de victuailles.
C’est donc dans un service d’émigration pratiquement désert que nous avons pénétré. Un adjudant-chef de police, installé sous un arbre, discutait avec un homme en tenue civile. Interrogé sur le sort de la file d’attente, le policier a répondu : «  Il n’y a pas eu beaucoup de demandeurs de passeport aujourd’hui ». Mais il ne pourra pas donner le nombre exact de postulants du jour. On le saura plus tard de la bouche du chef de la « division document de voyage ». Le couloir qui conduit à son bureau est vide. Or, les semaines auparavant, il est impossible d’y accéder sans se frotter à des agents ou à des visiteur en quête de passeport.
Dans le grand bureau de traitement des passeports qui jouxte celui du responsable des lieux, les agents sont à leur poste, devant un ordinateur en train de travailler dans le calme. Le commissaire divisionnaire Moussoudou Arby nous explique que « seulement » 224 personnes se sont présentées aujourd’hui pour les passeports contre 366 et 403 respectivement les deux jours précédents.
Et d’ajouter : « Il n’y pas de pénurie de passeports comme on veut le faire croire. Toute personne désireuse d’avoir un passeport et qui remplit les conditions de délivrance n’a qu’à venir et à se conformer aux dispositions de l’arrêté interministériel n° 02-001302/MSPC-MEF-MAEME-MJ du 7 juin 2007. »
L’arrêté en question stipule en son article 1er que « tout citoyen malien peut solliciter la délivrance du passeport national dès qu’il justifie de son identité, de sa nationalité, et, le cas échéant, de sa capacité. L’administration est tenue de faire suite à cette demande». L’officier de police, principal signataire des passeports, s’inscrit ainsi en faux contre « les fausses informations que certains véhiculent dans des buts inavoués. ». Et précise que 250 à 500 passeports sont délivrés chaque jour depuis quelques temps. Toutefois, il reconnait que dans un passé récent, il y a eu des difficultés pour obtenir le document. La raison ?
Le chef de la division « documents de voyage » impute ces difficultés à deux principaux facteurs. Le premier est effectivement des « ruptures répétées de stock » pendant des années. Ces ruptures ont eu un impact négatif sur la délivrance normale du passeport, admet-il avant de s’empresser d’ajouter que cette situation n’est plus qu’un mauvais souvenir et que chacun peut à avoir le document dans les délais requis qui étaient de trois à quatre semaines avant d’être ramenés à une à deux semaines. Mais pour cela, le demandeur doit respecter l’ordre d’inscription sur la liste des demandeurs. Sur cette liste, la priorité est donnée aux personnes âgées, aux malades et aux femmes.
Le deuxième facteur cité par Moussoudou Arby est la présence de nombreux intermédiaires qui ont ancré dans l’esprit des postulants au passeport que le document est en manque et que pour l’obtenir il faut débourser le double, voire le quadruple du prix officiel qui est de 50.000 Fcfa. « Il y a aussi parmi nous, regrette le commissaire divisionnaire, des policiers qui ont intérêt à faire croire aux Maliens qu’il y a une pénurie de passeports. Ce sont les mêmes policiers qui vont à la rencontre de nos concitoyens pour les arnaquer en leur demandant de verser, en plus du prix du passeport, le double ou le triple en échange de leur document de voyage le jour voulu. Nous allons les démasquer et nous demandons aux Maliens de nous aider en les dénonçant ».
Pour illustrer ses propos, le commissaire Arby raconte l’origine du fameux post sur les réseaux sociaux la semaine dernière. « L’auteur de ce post est la fille d’une policière qui travaille ici à l’émigration. Lorsque la mère a vu le message, elle l’a appelée pour lui demander les raisons d’une telle malveillance. La jeune fille a reconnu qu’elle a agi ainsi à la demande de son petit copain », assure notre interlocuteur.
Moussoudou Arby est formel : la crise de passeport est terminée. Les Maliens doivent aider les autorités en charge d’établir le document à mieux le sécuriser en respectant le principe de présence physique, en évitant les intermédiaires. Le pays gagnera en préservant son image longtemps ternie par des personnes d’autres nationalités qui venaient se faire établir des passeports maliens avec la complicité d’agents véreux.

G. A. DICKO

source : L Essor
Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance